République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 novembre 2004 à 20h45
55e législature - 4e année - 1re session - 2e séance
M 1532
Débat
M. Antonio Hodgers (Ve). Cette motion faisait suite à un article de presse dans lequel le directeur de l'OTC déclarait que le nombre de places de parc attribué aux terrasses durant la belle saison allait effectivement être réduit.
Nous avions rédigé cette motion pour influencer la décision de l'Etat qui devait s'appliquer dès l'été 2003. Alors, on a loupé l'été 2003, on a loupé l'été 2004... Peut-être que cette motion servira au moins à ce que M. Cramer nous réponde sur ce qu'il a fait à ce niveau pendant ces étés.
Nous sommes bien conscients du problème que pose le manque de places bleues, les places à macarons, et c'est un système que nous soutenons. Nous avons voulu lier ce problème à celui des terrasses de bistrot que les Genevoises et les Genevois, comme les touristes, fréquentent pour bénéficier des moments agréables qu'offrent le printemps et l'été dans notre ville.
Cette motion demande tout simplement, Monsieur Cramer, d'avoir une approche négociée. Dans ses déclarations, le directeur de l'OTC n'accordait qu'une place de parc par bistrot, voire deux, mais il ne proposait aucune modulation selon les quartiers et selon les réels besoins en places bleues.
Nous vous demandons donc, premièrement, de favoriser les terrasses de bistrots et, deuxièmement, de favoriser les places bleues à macaron. Dès lors, le nombre des places blanches à parcmètre devra être réduit au bénéfice des deux autres activités mentionnées.
M. Guy Mettan (PDC). Je suis heureux de parler en tant qu'élu de la Ville et de soutenir une motion signée par un ex-collègue du groupe PDC, qui vient de la campagne, car on voit qu'il est possible de trouver des bonnes solutions entre la ville et la campagne. Tout comme M. Hodgers, le PDC vous engage à accueillir cette motion favorablement. Nous trouvons qu'il est possible de faire cesser la guerre urbaine qui règne en ce moment entre les automobilistes et les autres usagers, dont les propriétaires de terrasses de restaurants. Nous sommes pour une ville conviviale et nous pensons qu'il est tout à fait possible de faire cohabiter ces deux réalités, si l'on veut bien faire preuve de bonne volonté dans ce sens.
Il existe effectivement des solutions. M. Hodgers a parlé des places blanches avec parcmètre, mais il y en a d'autres, comme le parking souterrain, insuffisamment développé en ville de Genève. Je rappelle qu'il y avait eu l'initiative, aux Eaux-Vives, à la place Jargonnant - Pré-l'Evêque, de réaliser un parking souterrain en échange d'une meilleure gestion de la surface. Nous serions d'accord avec une modération du trafic en ville - pourquoi pas des zones 30 km/h - mais en échange de parkings souterrains.
Cette motion va quelque peu dans ce sens, car elle demande de considérer d'un oeil favorable l'extension des terrasses - afin d'augmenter la convivialité de notre ville - tout en cherchant des solutions négociées; comme peuvent l'être, par exemple, les parkings souterrains.
M. Christian Brunier (S). Je vais être bref, car tout a été dit. On a été relativement étonné, voici maintenant près de deux ans, de voir que le département privilégiait les places de parc plutôt que la convivialité. On se disait qu'en proposant cette motion on trouverait une oreille attentive de la part du patron du département - nous pouvons d'ailleurs être fiers d'avoir un président du Conseil d'Etat qui aime les relations avec les gens et la convivialité.
Cette motion n'a malheureusement pas pu porter ses fruits en 2004; nous avons été peu avantagés par la météo - l'été fut relativement pourri - il n'y a donc pas eu de guerre entre les voitures et les terrasses. Donc, on espère qu'en 2005 on retrouvera le beau temps et la convivialité, ainsi qu'une oreille attentive du département, pour permettre aux gens de se rencontrer sur une terrasse de bistrot - c'est important à Genève - au détriment peut-être de quelques places de parc. Je pense que privilégier l'être humain par rapport à la voiture est un mode de développement qu'il faut suivre. Nous faisons donc confiance au patron du département pour qu'il trouve les bons arrangements permettant au peuple genevois de vivre dans une plus grande convivialité durant l'été.
M. Alain Meylan (L). Le groupe libéral soutiendra un renvoi en commission, notamment à la commission de l'économie, si l'on peut approuver ce choix, car cette motion peut effectivement provoquer certains débats.
En ce qui concerne les débats possibles en commission, j'espère que, si nous nous arrêtons sur le nombre de places effectivement offertes à la vie sociale et économique dans différents quartiers de la ville, en prenant en compte les désirs et la volonté d'animer ces quartiers, nous parlerons aussi des places de parc qui disparaissent au profit d'aménagements peut-être pas toujours judicieux... A la commission de l'économie, nous pourrons faire le point sur le nombre de ces places de parc qui disparaissent plus ou moins subrepticement dans les quartiers, et nous serons peut-être surpris.
Il faut discuter de cela sereinement. Le groupe libéral soutient donc le renvoi de cette motion à la commission de l'économie.
Mme Loly Bolay (S). Beaucoup de choses ont été dites. On a parlé de convivialité, on a parlé du fait qu'il y a pénurie de places en zone bleue dans certains quartiers, mais j'aimerais défendre ici les restaurateurs: quand ces mesures ont été prises, certains restaurants et cafés n'ont pas obtenu le droit d'installer une terrasse devant leur établissement. Il faut penser que l'investissement pour une terrasse représente beaucoup d'argent pour un petit restaurateur et qu'il n'investit pas seulement pour une année ou deux. Il faut savoir également que les autorisations sont précaires, puisque les demandes d'autorisation se renouvellent chaque année et sans garantie de les obtenir l'année suivante. Des personnes ont ainsi perdu leur terrasse, et cela implique des conséquences sur l'emploi: certains restaurateurs ont dû licencier, car ne plus avoir de terrasse les privait d'un certain chiffre d'affaires. Bien entendu, il est très difficile de concilier macarons et terrasses conviviales, même si elles représentent une plus-value pour Genève, mais on a entendu que le président du département est très réceptif à ce qu'on a exprimé.
Je vous demande donc d'approuver cette motion.
M. André Reymond (UDC). Ce problème de places de parc, le soir - en pensant surtout à l'été - est un problème pour les commerçants. Je songe spécialement aux Eaux-Vives et aux Pâquis, où il y a de la convivialité et des terrasses à disposition des touristes et des habitants de Genève.
Je me permets de souligner aussi, bien que ce ne soit pas un problème directement lié au Grand Conseil mais plutôt à la Ville - c'est dommage que le représentant de la Ville ne soit plus là pour écouter - le problème que posent ces rues fermées sous couvert de convivialité pour que les personnes puissent se réunir. Il serait beaucoup plus judicieux que ces routes fermées temporairement l'été puissent accueillir les automobilistes désirant parquer leur véhicule pour venir fréquenter ces terrasses de restaurants. Comme ma collègue socialiste l'a souligné, il ne faut pas oublier ces petits commerçants qui ont de la peine, qui investissent dans des terrasses, et qui non seulement doivent payer une taxe professionnelle mais encore une taxe touristique.
Afin de gagner du temps, puisque cette proposition de motion date de près d'une année et demie, je demande, au nom de l'UDC, qu'elle soit renvoyée directement au Conseil d'Etat, pour que l'on puisse enfin étudier le problème et que l'on cesse de mettre en opposition les automobilistes et les clients des restaurants.
M. Robert Cramer, président du Conseil d'Etat. Cette motion date du 18 mars 2003. Elle a été déposée après l'été 2002, c'est-à-dire à la suite d'une situation particulière et dans la prévision de la saison 2003. Que s'est-il passé dans l'intervalle? Les pratiques de l'administration ont été modifiées, et elles l'ont été d'entente avec les commerçants, notamment les restaurateurs.
Il en résulte que l'été 2003, qui est l'un des plus bels étés que Genève ait jamais connus, et où les terrasses ont été fréquentées de façon intense, n'a posé absolument aucun problème. L'été 2004 n'a posé aucun problème non plus. Je vous demande donc de ne pas jeter de l'huile sur le feu et d'admettre que si, à un moment donné, la situation a pu se révéler insatisfaisante, aujourd'hui les choses ont été réglées d'entente avec chacun et d'une façon satisfaisante. Il faut donc renoncer à cette motion.
Si, malgré tout, il devait vous apparaître que cette motion mérite d'être étudiée, alors, s'il vous plaît, renvoyez-la en commission ! Je ne peux pas demander à l'administration de travailler sur la base de ce que j'ai entendu dans les débats ! Les uns viennent me dire qu'il faut supprimer des places de parking pour qu'il y ait des terrasses - car la convivialité, pour eux, c'est que les gens se disputent dans la rue pour avoir une place de parking... (Exclamations.)Et les autres me disent que le problème est facile à régler, qu'il suffit de créer en nombre des parkings souterrains pour la saison d'été et qu'on pourra ainsi parquer les voitures sous les routes et avoir de la place en surface pour les terrasses... Ce débat n'est pas très sérieux !
Et si le Grand Conseil entend donner au Conseil d'Etat et à l'administration un message soutenant la suppression de places de parking durant l'été au profit de terrasses, qu'il le dise clairement ! Mais cela exige dès lors que vous examiniez la question à la commission de l'économie, que vous fassiez la pesée des intérêts entre les restaurateurs et tous les autres commerçants qui ont besoin qu'un certain nombre d'automobilistes trouvent des places de stationnement à proximité de leur commerce, et que vous en arriviez à une conclusion.
Le Conseil d'Etat a fait ce travail, il a réussi à pacifier la situation pour l'année 2003 et pour l'année 2004. Je ne suis pas enclin à traiter cette question à la légère et à vous dire que vous pouvez nous renvoyer la motion et qu'«on verra bien ce qu'on va faire», parce qu'en réalité vous rouvrez les hostilités, vous donnez le message aux cafetiers que leur cause mérite d'être défendue et, dans le même temps, vous créez toutes sortes de difficultés pour les automobilistes comme pour les habitants et les commerçants de quartier. Donc, si le Grand Conseil entend aller de l'avant sur cet objet parce qu'il trouve que le Conseil d'Etat n'a pas fait son travail en 2003 et en 2004, qu'il prenne ses responsabilités, qu'il renvoie cette motion en commission et qu'il nous dise précisément ce qu'il entend que nous fassions. Et si vous n'entendez pas le faire, vous devez refuser cette motion en admettant simplement que cette affaire est traitée.
Mise aux voix, cette proposition de motion est renvoyée à la commission de l'économie par 27 oui contre 20 non et 6 abstentions.