République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 28 octobre 2004 à 17h
55e législature - 3e année - 12e session - 75e séance
PL 9318-A
Premier débat
Mme Nelly Guichard (PDC), rapporteuse. Cela fait maintenant une dizaine d'années qu'Ikea cherche à s'implanter à Genève. Une première implantation à Plan-les-Ouates a été refusée par le Conseil d'Etat qui voulait préserver la zone industrielle à cet endroit. Au vu du développement de ces dernières années, on peut estimer que ce refus était pertinent. Une étude de faisabilité a été entreprise par Ikea en 2001 pour le lieu-dit La Renfile. La commune de Vernier et le département étaient prêts à entrer en matière. Le DAEL a posé comme condition que le bâtiment comporte aussi des locaux d'activités artisanales, industrielles ou de technologie, condition indispensable à ses yeux pour envisager une modification de zone.
En ce qui concerne Ikea, le magasin prévu est plus petit que celui d'Aubonne: il occupe une surface de vente, dépôt et restaurant de 17'000 mètres carrés, laissant 6'600 mètres carrés pour des activités diverses. Le site offrira 200 emplois environ et aura un parking de 934 places.
Le Conseil d'Etat a posé quelques conditions précises qu'il est intéressant de relever : établissement d'un plan de mobilité d'entreprise pour les employés; mise en valeur et exploitation de la halte RER; parking payant dès la première heure avec affectation d'une partie du prix à des mesures d'encouragement pour les transports publics; éventuellement exploitation d'une partie du parking en Park and Ridesi cela s'avère judicieux du point de vue de la localisation des accès; développement des systèmes de livraison à domicile et promotion des transports publics auprès de la clientèle. Il y a encore des conditions d'aménagement de détail : financement par Ikea de l'amélioration de pistes cyclables et chemins piétonniers; financement de la reconstruction d'un dépôt pour le CSP sur un terrain mis à disposition par l'Etat.
La commune a insisté pour que des chômeurs de Vernier soient prioritairement engagés, condition qui a été acceptée par Ikea. De son côté, le conseil municipal, lors de sa séance du 18 mai dernier, s'est prononcé favorablement sur l'accord d'un droit de superficie à Ikea. La principale pierre d'achoppement restant la circulation, il a conditionné son accord à l'obtention d'une deuxième sortie sur la route de Pré-Bois dès le début de la construction.
Le Conseil d'Etat, de son côté, a préféré mettre le plan localisé de quartier en procédure d'opposition sans cette deuxième sortie, préférant régler tout ce qui pouvait l'être dans une première étape, évitant ainsi qu'Ikea ne pense que le projet ne verrait jamais le jour.
En parallèle, la question a été reprise par la direction de l'aménagement, l'OTC et les intéressés, pour trouver dans une seconde phase une solution à cette demande de deuxième sortie.
Reste aussi qu'en matière de circulation, il ne faut pas perdre de vue que, si Ikea s'implante en France voisine - ce que d'aucun souhaitent - les nuisances seront à peu de choses près les mêmes, sans que nous n'ayons de prise sur le sujet, et surtout, sans les retombées économiques. Or 200 emplois, dont des emplois à haute valeur ajoutée, sont bienvenus pour la commune de Vernier.
Je rappelle aussi que 30 à 40% des clients d'Ikea à Aubonne viennent de Genève. Une diminution de tels déplacements ne peut pas nous laisser insensibles sur le plan de la protection de l'environnement.
Il y a aussi le souci du règlement du problème du CSP, dont nous avons auditionné le directeur et le président et dont nous louons le travail remarquable. Il nous paraît primordial qu'il garde une implantation dans cette région du canton et à proximité d'un arrêt de transports publics bien desservi, ce dernier élément étant très important.
Nous souhaitons que le Conseil d'Etat joue un rôle actif pour trouver une solution avec la multinationale qui est d'accord de prendre en charge le déménagement. Il faut impérativement qu'un lieu soit trouvé afin que le CSP puisse continuer d'avoir sa brocante qui lui assure - je le rappelle - un revenu indispensable à sa survie, à son action dont l'utilité et la qualité sont largement reconnues, et qui permet de lutter contre le gaspillage en récupérant des objets que des gens aux revenus souvent modestes peuvent acquérir.
En ce qui concerne la parcelle pour laquelle vous êtes invités à voter une modification de limite de zone, chacun s'accorde à reconnaître qu'elle est idéalement située, à proximité de l'autoroute, limitant ainsi grandement les nuisances que peut générer un grand commerce.
Je vous invite donc à soutenir ce projet de loi et à le voter ce soir.
M. Rémy Pagani (AdG). On devrait intituler ce dossier «Pauvres zones industrielles, pauvres petites entreprises et petits commerces» !
Nous avons assisté ces dernières années à une «OPA», si j'ose dire, sur les zones industrielles par toute une série de grands commerces et de transnationales. Je le rappelle, il y a le groupe Jelmoli pour le centre commercial de La Praille, dont la parcelle était en zone industrielle, et le groupe Worldcomm qui se situe aussi dans la zone industrielle de La Praille alors qu'il n'a rien à y faire. Ce sont toutes des entreprises qui ont largement et même plus que les moyens de payer le terrain au prix du marché. Il y a d'autres prises de possession de ces zones industrielles par des grands groupes, notamment Media Markt. Une de plus donc...
Aujourd'hui, on nous propose qu'un groupe multimilliardaire profite des conditions-cadres que ce parlement a fixées pour permettre aux petits industriels de pouvoir subsister dans notre région; une fois de plus, nous prenons acte de cette volonté du gouvernement. Personne n'a trouvé d'autre solution que d'entamer encore un peu plus la zone industrielle. Demain, comme de bien entendu, on viendra nous dire qu'il n'y a pas assez de place dans les zones industrielles... J'entends déjà «vrombir» M. Gautier qui nous dira demain: «Il faut proposer de nouvelles zones industrielles». Où ça ? Dans la zone agricole ! (L'orateur est interpellé.)Tout à fait ! Ce processus est inéluctable ! Simplement, on ne prend en compte et on ne résout aucun problème, on les déplace seulement chez le voisin. On espère gagner du temps de cette façon, sans se dire que, réellement, on doit trouver des solutions équitables pour permettre à chacun de pouvoir subsister dans notre région.
Cela étant, nous avons travaillé longuement sur ce dossier. Il y a effectivement toute une série d'avantages, comme l'a dit Mme Guichard, notamment le fait qu'on réduit les distances. Mais il y a aussi des inconvénients: on va surcharger l'autoroute de contournement. On aura dès lors des risques certains d'engorgement, d'autant plus qu'il y a déjà engorgement le soir sur cette autoroute. Et demain, avec Ikea à proximité... Les engorgements sont programmés, c'est évident.
L'Alliance de gauche s'est abstenue en commission, parce que notre «religion» n'était pas encore faite. Nous espérons que ce débat clarifiera des choses. Un des points qui nous paraissaient essentiels, c'est que le Centre social protestant - qui a une activité très importante pour son fonctionnement, justement à La Renfile - puisse être reclassé, retrouver des murs qui lui permettent de poursuivre son activité importante pour la population de ce canton. Monsieur Moutinot ne nous a pas donné les garanties suffisantes en commission, et nous espérons l'entendre se prononcer ce soir pour que nous puissions aller de l'avant sur ce dossier.
M. René Desbaillets (L). Oui à un développement durable de qualité ! Non à la mondialisation aveugle !
Je me suis clairement profilé sur ces choix de société avant d'être élu. Aujourd'hui, je persiste et je signe, en disant non à l'implantation d'Ikea à La Renfile.
En ma qualité d'élu du Mandement, vous comprendrez, Mesdames et Messieurs les députés, que j'aie à coeur la sauvegarde de la qualité de vie des habitants de cette région; que j'aie à coeur la sauvegarde de la qualité de vie de mes voisins de Vernier; que je me soucie de la qualité de déplacement des 7'000 travailleurs du CERN et des zones industrielles de Zimeysa, du Bois-de-Bay; que je sois inquiet du maintien des bonnes conditions économiques pour les quelque 500 entreprises qui occupent ces zones et qui transitent par Vernier au lieu-dit La Renfile.
C'est pourquoi je m'oppose au projet de loi 9318. Ce projet de loi n'est, dans les faits, qu'un oui déguisé à l'implantation d'Ikea. Je vous demande, Mesdames et Messieurs les députés, de renvoyer ce projet de loi en commission : successivement à la commission de l'environnement; à la commission des transports et à la commission de l'économie. (Commentaires.)
En effet, l'implantation d'Ikea à La Renfile est plus qu'un simple problème d'aménagement du territoire. Je n'ai d'ailleurs aucun reproche à faire à la commission de l'aménagement qui a effectué son travail, c'est-à-dire permettre une meilleure valorisation de cette parcelle. Toutefois, à la lecture de l'excellent rapport de notre collègue Mme Nelly Guichard, je m'aperçois que les nombreux problèmes engendrés par la venue d'Ikea - problèmes d'environnement, d'économie et de transports - reviennent presque à chaque page, mais ne sont pas pris en compte et, en tous les cas, pas résolus.
Ces problèmes, quels sont-ils ? Parlons d'environnement ! Si la venue d'Ikea à Genève va effectivement éviter quelques déplacements jusqu'à Aubonne, je crains fort que le temps perdu dans les futurs bouchons de La Renfile soit supérieur au temps passé par les clients d'Ikea sur l'autoroute.
Autre aberration écologique: devoir transporter des meubles sur des milliers de kilomètres, alors qu'ils ne contiennent pas un centimètre cube de bois indigène, et cela alors que nos forêts se meurent faute d'une exploitation suffisante !
Pour notre économie, la construction d'Ikea ne donnera pas plus de travail au secteur de la construction que celle d'autres bâtiments, à buts artisanaux par exemple. «Ikea, ce sont 200 emplois nouveaux», nous dit-on. Soit ! Mais quels emplois, Mesdames et Messieurs ?! Des magasiniers et des vendeurs en grande majorité. Est-ce ce type d'emplois que l'on recherche pour nos jeunes ? Combien de chômeurs du tertiaire sont-ils prêts à aller faire les manutentionnaires chez Ikea pour 3'500 F par mois ? (Brouhaha.)Posons-nous la question, Mesdames et Messieurs les députés ! Cette promesse de 200 emplois ne doit pas nous aveugler, même à une année des élections ! Car la masse salariale nette des genevois, c'est-à-dire la masse salariale que les ménages genevois ont effectivement à disposition pour consommer, n'augmente pas. Ce qui veut dire que la dizaine de millions de francs de chiffre d'affaires que réalisera Ikea correspondra à des dizaines de millions de francs de chiffre d'affaires que ne réaliseront plus des petites entreprises genevoises telles que les magasins de meubles, ateliers de décoration, commerces de luminaire, de vaisselle, d'électroménager, de revêtement de sol, etc. C'est donc une perte grave d'emplois artisanaux de qualité pour notre canton, ainsi qu'une disparition de notre savoir-faire que l'on risque bien de regretter dans peu de temps.
En réalité, Ikea, c'est la délocalisation déguisée d'emplois intéressants. C'est de la mondialisation aveugle et c'est contraire à tout développement durable qualitatif pour Genève et notre région !
Quant aux problèmes de transports et de circulation, il faut tout d'abord arrêter de nous faire croire qu'il y aura beaucoup de clients d'Ikea qui repartiront chez eux, en bus ou en train, avec un lit, une armoire ou un parasol sous le bras ! Non, Mesdames et Messieurs les députés, la sortie des véhicules privés d'Ikea - qu'il y ait une sortie ou deux d'ailleurs - nécessitera l'interruption du trafic de la route de Vernier environ 26 fois par heure, c'est-à-dire que l'on va interrompre toutes les deux minutes le flux du trafic d'un axe, aujourd'hui déjà saturé à 97% selon l'OTC. Je n'ai donc pas besoin de vous faire un dessin pour vous démontrer que nous allons vers le blocage total d'un axe routier prioritaire pour l'économie genevoise.
Pour celles et ceux - et ils me semblent nombreux - qui connaissent mal l'importance de cet axe routier pour l'économie de notre canton, il faut savoir que la route de Vernier, au niveau de La Renfile, est la voie d'accès principale à l'autoroute, à la ville et à l'aéroport pour les nombreuses entreprises des zones industrielles de Meyrin-Satigny, de Mouille-Galland et du Bois-de-Bay. De plus, l'activité des entreprises de ces zones industrielles nécessite de nombreux transports lourds, tout au long de la journée, et ces transporteurs ont bien souvent des horaires à tenir. Quelques exemples: il y a d'abord des entreprises de transport proprement dites, comme Planzer, Sauvin-Schmidt, Interdean, etc. Il y a de grosses entreprises de génie civil, telles que Losinger, Perret, Maulini, Rampini, Colas, etc. Il y a la gare frigorifique, Del Maître, le Petit Crémier et d'autres, dont les produits frais doivent être livrés rapidement. Il y a les entreprises de matériaux de construction, telles que Promatériau, Jérôme, Bourquin, Holcim, etc., qui doivent alimenter les chantiers de tout notre canton. Il y a aussi de grandes entreprises de haute technologie comme le CERN, Firmenich, Givaudan, ABB, Hewlett-Packard, Dupont de Nemours, dont le personnel hautement qualifié a autre chose à faire que de perdre son temps dans les futurs bouchons. Enfin, quasiment toutes les entreprises de récupération ou de recyclage de notre canton, que ce soit le papier, le bois, les métaux, le verre, le béton, les voitures et les pneus, se trouvent dans ces zones industrielles.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député, s'il vous plaît !
M. René Desbaillets. Toute prolongation du temps de parcours de leurs camions entraînera inévitablement une augmentation des taxes de récupération ou de recyclage des ménages genevois.
Le président. Veuillez conclure, Monsieur le député !
M. René Desbaillets. Trente secondes, s'il vous plaît ! Il y en a d'autres qui abusent plus que moi.
Le président. S'il vous plaît, Monsieur le député...
M. René Desbaillets. Mesdames et Messieurs les députés, Genève s'engage pour Agenda 21; Genève essaie d'économiser son énergie; Genève doit se développer qualitativement... C'est le credo de la gauche, des Verts, comme de la droite. Alors, enlevons les oeillères qui ne nous font voir que le bon marché à court terme !
Le président. Veuillez conclure, Monsieur le député ! Je vais devoir couper votre micro.
M. René Desbaillets. Pensons à la qualité de l'emploi des générations futures, réfléchissons à l'avenir d'une zone stratégique importante de notre canton !
Je vous propose donc de renvoyer ce projet de loi en commission et, pour être plus rationnel, de créer une commission ad hoc - comme le permet l'article 179, alinéa 1, de notre règlement - qui traiterait de ce projet.
Ah ! J'oubliais une question importante. Pour assurer...
Le président. Je vous ai demandé trois fois de conclure, Monsieur le député. Maintenant, ça suffit, je coupe votre micro !
Nous sommes saisis d'une demande de renvoi en commission. Un seul député par groupe peut s'exprimer. La parole est donc à M. René Koechlin pour le Parti libéral. (Vif brouhaha.)Mesdames et Messieurs, je pense que vos protestations sont liées au fait que j'accorde la parole à un membre du groupe libéral alors que c'est un membre de ce groupe qui a demandé le renvoi. (Brouhaha.)
Je procède ainsi systématiquement, c'est une décision qui a été prise par le Bureau. Elle a été suivie toute l'année, et les représentants de la gauche en ont largement bénéficié. Si nous faisons un décompte statistique, ils en ont plus largement profité que les députés des bancs d'en face. Par conséquent, je donne la parole à M. René Koechlin.
M. René Koechlin (L). Je tiens en préambule à dire - ce que n'a pas fait mon préopinant René Desbaillets - que ce dernier s'exprimait à titre personnel et que son opinion ne reflète pas du tout la position du groupe libéral, pas plus que celle du bureau directeur de notre parti. Tant le groupe parlementaire que le bureau directeur soutiennent ce projet.
Je tenais à le dire avant de vous demander, Mesdames et Messieurs les députés, de refuser la proposition de renvoi en commission et de poursuivre nos travaux afin de voter ce projet de loi, dans la joie et la bonne humeur. Je reprendrai la parole lorsque nous aurons refusé le renvoi en commission.
M. Pierre-Louis Portier (PDC). J'avais demandé la parole initialement pour exprimer avant tout la satisfaction du groupe démocrate-chrétien de voir ce projet de loi de déclassement arriver dans sa phase finale. Nous avons été, en effet, à l'origine de divers actes parlementaires allant dans ce sens. Je reprendrai peut-être la parole plus tard pour développer d'autres points.
En ce qui concerne la question immédiatement posée, il est clair que les démocrates-chrétiens refusent catégoriquement le renvoi en commission.
Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Le groupe socialiste a voté ce projet de loi sans grand enthousiasme. Ikea est une multinationale qui vend des meubles que l'on retrouve deux ou trois ans plus tard sur le trottoir. La commune - aussi bien le Conseil municipal que le Conseil administratif - a fait part de son souci quant au problème lié à la gestion de la circulation... (Vif brouhaha. Exclamations.)Attendez, je n'en ai pas pour longtemps !
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, si vous ne laissez pas parler Mme Schenk-Gottret, cela va prolonger nos débats. Pour l'instant, je considère qu'elle étaye, qu'elle motive la position qu'elle va nous faire connaître sur le renvoi en commission.
Mme Françoise Schenk-Gottret. Je corrige donc et je dis simplement que, vu l'engagement formel du DAEL de reloger les personnes qui doivent l'être et puisque l'ajournement du troisième débat est programmé, nous disons que nous sommes, pour le moment, contre le renvoi en commission.
Mme Anne Mahrer (Ve). Monsieur Desbaillets, bien sûr que le groupe des Verts partage vos préoccupations. Cela dit, le renvoi en commission ne changera rien - tous ces problèmes ont été évoqués. Nous refuserons donc le renvoi en commission.
M. Robert Iselin (UDC). Etant donné ce qui a déjà été dit, le groupe UDC ne prendra pas trop de votre temps. Nous nous opposons au renvoi en commission. J'aurai des remarques à faire pendant la discussion future sur la loi, si c'est nécessaire.
M. Christian Grobet (AdG). Nous avons constaté, quant à nous, qu'un certain nombre de problèmes ne sont toujours pas réglés. Indépendamment de tous les problèmes que M. Desbaillets a soulevés de manière, à mon avis tout à fait pertinente, il y a surtout des questions très concrètes: le relogement du Centre social protestant qui, à mon avis, n'a pas à être assumé par l'Etat de Genève. Ce serait quand même un comble ! J'y reviendrai tout à l'heure lors du débat sur le fond.
Il y a également les pseudo-promesses d'Ikea concernant l'engagement de personnel à Genève. Contrairement à ce qu'a dit la rapporteuse de majorité et comme l'a souligné M. Desbaillets, ce personnel ne sera pas, à mon avis, d'une haute valeur ajoutée. Ce personnel devrait précisément être trouvé dans le canton de Genève. Je suis pourtant persuadé que les belles promesses d'Ikea s'envoleront comme les feuilles d'automne si ces questions ne sont pas réglées de manière précise.
C'est la raison pour laquelle je pense que le projet de loi devrait effectivement être renvoyé en commission pour qu'au moins certaines questions, comme celles que je viens d'évoquer, soient réglées de manière décente.
M. Hugues Hiltpold (R). Le groupe radical s'opposera au renvoi en commission de l'environnement, comme un certain nombre d'autres groupes dans cette enceinte. Nous estimons en effet qu'il s'agit d'une mesure d'aménagement qui a été discutée et débattue en commission de l'aménagement, commission qui - je rassure M. Desbaillets à ce propos - est tout à fait sensible à la question du développement durable et a traité ce projet également sous cet angle-là.
Je vous propose donc de ne pas entrer en matière sur le renvoi en commission.
Le président. Je donne la parole à M. le conseiller d'Etat Laurent Moutinot, puis nous voterons.
M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous demande de ne pas renvoyer ce projet de loi en commission. Les arguments de M. Desbaillets sont des arguments de fond. Il tient une position que je respecte, même si elle me surprend un peu compte tenu de positions antérieures. Ces arguments n'ont cependant aucune raison d'entraîner le renvoi du projet en commission pour des examens complémentaires.
En ce qui concerne les questions particulières non encore réglées, que soulignait M. Grobet, il en existe, mais elles sont à régler au niveau du plan localisé de quartier. Nous nous appliquons à les résoudre. Aujourd'hui, ce dont nous avons besoin, c'est d'un vote de déclassement, c'est-à-dire un signal clair que vous souhaitez l'implantation d'Ikea sur les parcelles de La Renfile. C'est la raison pour laquelle je vous demande de ne pas renvoyer ce projet de loi en commission, ce serait purement dilatoire.
Le président. M. Desbaillets nous a soumis une demande de renvoi en commission à tiroirs: il a en effet cité trois commissions. Pour simplifier les choses, Mesdames et Messieurs les députés, je vous propose de faire un vote de principe sur le renvoi. S'il est accepté, nous procéderons alors à un autre vote pour savoir dans quelle commission le projet sera renvoyé - M. Desbaillets acquiesce, il en sera donc fait ainsi. Monsieur le député, en ce qui concerne votre demande de nomination d'une commission ad hoc, je la mettrai aux voix en même temps que la prise en considération du projet de loi.
Nous votons maintenant sur le principe du renvoi en commission de ce projet de loi.
Mis aux voix, le renvoi en commission est rejeté par 63 non contre 7 oui et 5 abstentions.
M. Alain Etienne (S). J'aimerais revenir sur le rapport de Mme Guichard, puisque je m'étais exprimé en commission sur certains points de ce dossier et que ces éléments ne figurent pas dans le rapport.
En ce qui concerne le traitement de ce dossier, le maire de Vernier, M. Zufferey, est d'ailleurs intervenu lors de son audition en commission pour dire qu'il y avait eu une surenchère médiatique importante, que c'était regrettable, et que cela pèserait lourd sur l'avenir de ce dossier, notamment lors du vote au Conseil municipal et également peut-être lors du vote d'aujourd'hui.
Il y a eu plusieurs articles dans les journaux: la Fédération du commerce genevois s'est notamment exprimée; il y a eu l'interpellation urgente de M. Portier; il y a eu différents articles de presse, notamment de M. Comtesse, d'Avenir Suisse; il y a eu encore la motion du parti démocrate-chrétien... C'était beaucoup pour un dossier sur lequel tout le monde s'accordait afin qu'il soit traité rapidement.
J'aimerais également parler des oppositions. M. Desbaillets parle d'une opposition, celle des communes de Satigny et des environs. J'aimerais tout de même relever que, si Ikea ne se fait pas à Vernier, Ikea se fera peut-être en zone frontalière. Alors, les voitures passeront de toute façon par Vernier et circuleront dans les communes autour de Satigny; ce n'est donc pas bon non plus pour les communes de Satigny et environs.
Il y a également les oppositions d'entreprises situées soit sur le site, soit sur la grande route qui traverse Vernier. Ces entreprises sont mentionnées dans le rapport. Il faut déplorer ces oppositions, puisque d'un côté le monde économique nous dit qu'il faut déclasser Ikea sans faire de remarques et que, d'un autre côté, on se rend compte que les oppositions proviennent de grandes entreprises de la place... Il y a quand même une certaine incohérence sur ce point ! En outre, le PLQ à l'étude va améliorer considérablement la situation dans le secteur, Les mêmes entreprises qui font opposition aujourd'hui verront la situation s'améliorer, c'est pourquoi je ne comprends pas ces oppositions.
Quant à l'opposition des sociétés pétrolières, on peut dire également que le projet Ikea a pris en compte les remarques de ces dernières. Là non plus, on ne comprend pas cette opposition.
Il semble enfin qu'il y ait déjà des oppositions qui se forment dans le cadre du plan localisé de quartier - nous ne les verrons donc pas au parlement. Je ne comprends pas non plus la position du président du parti libéral qui, en son temps, a publié une grande diatribe dans les journaux pour dire qu'il fallait qu'Ikea vienne à Vernier. On verra certainement par la suite... (L'orateur est interpellé.)Je parle de M. Jornod, président du parti libéral, qui défend les entreprises situées près d'Ikea et qui ne veulent pas voir Ikea s'installer.
J'aimerais aussi souligner - et j'aurais voulu que cela transparaisse dans le rapport, mais ce n'est pas le cas - le travail considérable effectué par l'administration du département de l'aménagement. Respecter les procédures n'est pas un travail très facile, cela demande du temps, il y a des études d'impact et tout un travail considérable à faire. Je tiens ici à reconnaître tout ce travail qui a été réalisé, ce d'autant plus qu'il ne l'est pas forcément par le DEEE qui, lui, s'occupe bien sûr de la promotion économique. Il faut faire de la promotion économique, personne n'en doute, on peut passer du temps à faire venir les entreprises dans notre canton, mais il faut quand même respecter le temps nécessaire pour rendre possible l'implantation des entreprises dans le canton. Et je trouve que cette concurrence entre le département de l'aménagement et le département de M. Lamprecht n'est pas acceptable: le Conseil d'Etat doit travailler de concert. Les déclarations que M. Lamprecht a pu faire - reprenant celle d'Avenir Suisse - dans la presse ou à la radio lorsque la motion du PDC est sortie ne sont pas acceptables ! Je trouve que M. Lamprecht devrait travailler beaucoup plus en concertation avec le département de l'aménagement, respecter le discours de Saint-Pierre sur le développement durable. Voilà ce que je tenais à dire concernant ce dossier !
Le président. Le Bureau vous propose de clore la liste - longue - des intervenants. Sont inscrits: Mmes et MM. les députés Jacques Baud, André Reymond, Alain Charbonnier, Pierre-Louis Portier, Mark Muller, Françoise Schenk-Gottret, Anne Mahrer, René Koechlin, René Desbaillets, Robert Iselin, Christian Grobet. Ensuite nous donnerons, comme il se doit, la parole à Mme la rappporteure Nelly Guichard et à M. le conseiller d'Etat Laurent Moutinot.
M. Jacques Baud (UDC). La «recourite» est devenue une véritable plaie à Genève. C'est extrêmement grave. Je pense qu'un jour, il va bien falloir qu'on trouve une parade législative, car cela commence à prendre des proportions ahurissantes. Je ne dirai pas: «Y en a marre», mais pas loin... Et je trouve que l'entreprise Ikea a été plus que patiente.
Maintenant, tout le monde a pu s'exprimer en commission. Tout le monde a pu s'exprimer, dire oui, dire non, etc. ! Et je ne vois pas pourquoi maintenant, tout à coup, certains courent sus à Ikea. J'entends des propos qui frisent la haine... Cela devient un peu débile quelque part !
Quant au Centre social protestant, il est évident que le département a fait montre d'une certaine compréhension et a laissé entendre qu'il n'est pas indifférent à cette situation. Alors, construisons cet Ikea ! Allons-y ! Arrêtons avec ces «recourites» continuelles. Avançons ! Il est plus que temps !
Nous voterons donc oui à ce projet de loi. Et j'espère que beaucoup nous suivront. Parce que là, vraiment, j'ai quelque peu honte de la situation à Genève pour les entreprises qui veulent venir s'installer chez nous: cela devient complètement aberrant.
Présidence de Mme Marie-Françoise de Tassigny, première vice-présidente
M. André Reymond (UDC). Ikea, on en parle beaucoup. Je suis un peu surpris qu'un collègue, artisan, que je respecte beaucoup - M. Desbaillets, un artisan qui doit lutter contre beaucoup de concurrence, qui ne peut plus livrer son vin dans les stations-service... Eh bien, je trouve qu'il est très dommage qu'Ikea, justement, offre à certains petits commerçants de s'associer à leur construction.
Du point de vue de l'environnement, il faut dire que Genève est un canton-ville, où il y aura de plus en plus de circulation - mais l'idéal n'existe malheureusement pas - et je pense qu'il faut aussi tenir compte, non seulement de Genève, mais de toute une région, de la France voisine, dont les habitants se déplacent à Aubonne et qui, par ces déplacements routiers, polluent notre atmosphère.
Je me permettrai de souligner que des représentants d'Ikea sont venus jusqu'à Berne chercher des appuis auprès des conseillers nationaux et dire combien il était important pour eux d'être implantés à Genève... N'oublions pas que si jamais nous refusons l'implantation d'Ikea à Genève, cette entreprise abandonnera simplement tout autre projet et ira s'installer en France voisine.
Par ailleurs, qui pourrait critiquer l'aide que l'Etat apportera au Centre social protestant ? Je crois que nous sommes tous d'accord dans cette enceinte pour souligner le rôle important que joue le Centre social protestant dans ses diverses démarches auprès de la population défavorisée de Genève ! Même s'il s'agit d'un organisme d'origine religieuse, je pense que le Conseil d'Etat et tous ici feront le maximum pour que cet organisme puisse trouver un autre emplacement et continuer ainsi son oeuvre sociale à Genève.
Si certains collègues de gauche prétendent qu'ils mettent leurs meubles sur le trottoir après trois ans, eh bien, moi je peux vous dire, chers collègues, que j'ai des meubles Ikea qui durent depuis 20 ans ! (Exclamations. L'orateur est interpellé.)
Je vous propose donc, Mesdames et Messieurs les députés, de suivre la majorité de ce parlement, et pour le développement de Genève ! Ne l'oublions pas, Ikea donnera peut-être un emploi aux personnes peu favorisées qui malheureusement sont à Genève... Je pense que l'extrême gauche ne peut pas s'opposer à cette offre de travail, elle qui veut toujours faire venir à Genève des personnes sous-qualifiées. Ikea est un exemple: une grande entreprise peut donner des emplois à une catégorie de personnes qui en ont besoin, à Genève.
Le présidente. La parole est à M. Pierre-Louis Portier.
M. Alain Charbonnier. Encore !
M. Pierre-Louis Portier (PDC). Oui, «encore», Monsieur Charbonnier !
Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je vous ai déjà dit que les démocrates-chrétiens se félicitent du projet de loi qui nous est soumis ce soir. Ils y voient évidemment tout ce que nous avons déjà eu maintes fois l'occasion de commenter, mais j'aimerais quand même remettre en avant les 200 emplois que cela va amener dans le canton. Ce n'est quand même pas rien, surtout quand on sort d'un débat comme celui que nous avons eu lors de notre dernière session sur le chômage ! Alors, c'est quand même quelque chose qui mérite d'être souligné !
Nous y voyons aussi des facilités pour les Genevois. Cela m'amène à parler de l'intervention de M. Etienne qui nous reproche, à nous démocrates-chrétiens, d'avoir provoqué une agitation médiatique. Monsieur Etienne, c'est justement parce que ce sont des facilités qui touchent le quotidien, ou presque, des Genevois que les médias se sont intéressés à nos débats ! Dieu merci, les médias s'intéressent à la plupart de nos débats ! Ils s'intéressent à ceux que vous provoquez. C'est nous qui, peut-être par chance, avons provoqué celui-là, en tous cas nous ne le regrettons pas: au contraire, nous nous en félicitons.
J'aimerais aussi, puisque j'ai la parole, souligner le souci que nous partageons avec la plupart d'entre vous, celui du relogement du Centre social protestant. Le mérite de cet organisme est si évident qu'il n'y a pas lieu de l'expliquer ni d'y revenir. Je profite tout de même d'en appeler à M. Moutinot pour qu'il travaille au relogement de ces gens. Je sais qu'il s'y est engagé; c'est un homme de parole, je ne doute pas que nous y arriverons et qu'il y arrivera.
J'aimerais aussi revenir sur l'intervention de M. Desbaillets. Non pas sur tout ce qu'il a dit - on voit d'ailleurs que le temps a été maussade dans notre canton cette semaine: il a eu le temps de travailler sur son intervention, il n'est pas allé dans ses vignes... Quand vous dites, Monsieur Desbaillets, notamment, que ce n'est pas grand-chose pour la construction, permettez-moi quand même de m'étonner. Ce sont quand même 90 millions qui vont «tomber», en travail pour les entreprises genevoises - du moins j'espère qu'elles sauront se montrer concurrentielles pour en effectuer la plus grande partie.
Vous dites aussi, Monsieur Desbaillets, que c'est une perte énorme pour les petits commerces... Je crois qu'il faut vous rendre à l'évidence ! Malheureusement, dans ce type d'activité, il me semble qu'une grande partie de la bataille a été perdue par les petits commerces, parce qu'il y a longtemps que les Genevois se pressent dans ces grandes surfaces, et en particulier chez Ikea: ils prennent en nombre l'autoroute pour aller actuellement à Aubonne acquérir beaucoup de leurs articles d'ameublement. Donc, je crois que malheureusement, là, vous menez un combat qui me semble déjà perdu.
Cette tendance inéluctable m'amène à revenir sur l'intervention de M. Pagani. Monsieur Pagani, vous nous avez dit... Il n'est pas là - chaque fois que j'ai des choses intéressantes à lui dire, il n'est pas là. (Remarques.)Mais j'ai déjà eu l'occasion de les lui indiquer dans d'autres assemblées. M. Pagani nous dit que, dans quelque temps, nous demanderons de prévoir de nouvelles zones industrielles... Et je réponds affirmativement: oui, Monsieur Pagani ! Oui, en effet ! Et sans vouloir déjà commencer le débat que nous aurons d'ici aux deux prochains points de l'ordre du jour concernant l'aménagement plus général du canton, je dis qu'il est vrai, Monsieur Pagani, que ce canton doit réfléchir à son avenir ! M. Lamprecht, à juste titre, est venu nous dire - pas dans le cadre du débat sur Ikea mais dans celui qui concerne la mixité en zone industrielle - un souci que nous partageons totalement, celui de l'avenir des zones industrielles, celui de leur emplacement, celui de leurs surfaces, mais également celui de la mixité qui semble indispensable maintenant. On sait très bien, en effet, que dans un canton comme Genève, nous n'aurons plus beaucoup de grandes industries, d'industries lourdes ou polluantes, qui veulent venir d'implanter, mais, au contraire, des commerces comme Ikea, comme Media Markt.
A propos de Media Markt justement, M. Pagani dénonce - c'est d'ailleurs un hasard... - avec la hargne qu'on lui connaît, la mixité dans la zone industrielle de La Praille-Acacias. Or justement, Media Markt vient s'installer dans la zone industrielle de La Praille-Acacias, et cela avec la bénédiction de son collègue Ferrazzino, de la Ville de Genève. Permettez-nous de nous étonner... Il y a quand même des discours qui sont extrêmement contradictoires !
Encore une fois, nous sommes pour notre part très heureux de voter dans quelques instants ce projet de loi permettant l'implantation d'Ikea à Genève.
M. Mark Muller (L). Mesdames et Messieurs les députés, comme vous l'a dit M. Koechlin tout à l'heure, le groupe libéral est favorable à l'implantation d'Ikea à Vernier. Il est donc favorable à ce déclassement, pour toutes les raisons qui ont été évoquées. Je les résumerai brièvement.
Cela répond à une attente des Genevois. C'est un magasin extrêmement populaire, apprécié de la population et des Genevois. Et il faut maintenant rapidement permettre aux Genevois d'aller chez Ikea sans avoir à faire 60 kilomètres d'autoroute.
Il y a ensuite la création de 200 emplois. Je m'étonne en entendant M. Grobet critiquer ces derniers parce que ce ne seraient pas des emplois «à haute valeur ajoutée»... C'est la première fois que j'entends un représentant de l'Alliance de gauche dénigrer des emplois parce que ce ne sont pas des emplois «à haute valeur ajoutée».
Dernier élément: c'est effectivement concourir à la protection de l'environnement que d'offrir cette installation, ce commerce, à proximité.
Je ne veux pourtant pas m'exprimer sur cet objet sans mettre deux bémols. Tout d'abord une critique à l'égard de la façon dont les choses ont été gérées par les autorités. Je rappelle que cela fait quand même cinq ans que l'implantation d'Ikea à Plan-les-Ouates a échoué et que le Conseil d'Etat avait invité Ikea à rechercher d'autres terrains. Il a fallu une motion d'un groupe ami du groupe libéral pour relancer le débat et pour faire en sorte que les choses bougent, que les médias s'intéressent à la problématique.
Mon deuxième bémol serait plutôt une inquiétude qui découle de la façon dont les choses ont été gérées jusqu'à présent. Je suis inquiet parce que le projet de plan de quartier que le département a mis à l'enquête ne répond pas du tout aux conditions que la commune de Vernier a posées pour accepter le projet. Je rappelle que c'est la commune de Vernier qui est largement propriétaire du terrain et que, sans son accord, on ne pourra pas réaliser cette construction. Qu'est-ce que la commune a demandé ? Elle a demandé que l'on prévoie deux sorties, deux voies d'accès à Ikea. Or le projet de plan de quartier ne prévoit qu'un seul accès. Dans ces conditions-là, je ne vois pas pourquoi la commune accepterait de mettre son terrain à disposition. Alors, en commission, M. Moutinot nous a expliqué que, dans un second temps, il proposerait une modification du plan de quartier pour ouvrir cette deuxième voie d'accès. Je trouve que c'est un jeu très dangereux, c'est un jeu qui prête le flanc à de nombreux recours, à deux reprises d'ailleurs puisqu'il y aura un plan de quartier, puis une modification du plan de quartier. Je crains pour ma part que cette façon de procéder ne retarde de quelques années encore l'avènement et la mise à disposition d'Ikea pour les Genevois.
Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Le renvoi en commission ayant été refusé, je reprends, pour le groupe socialiste, les considérations générales sur ce projet. La commune de Vernier a fait part, aussi bien le Conseil municipal que le Conseil administratif, de son souci quant aux problèmes liés à la gestion de la circulation.
En commission, nous avons auditionné le Centre social protestant qui est chassé de son emplacement. Où sont les critères du développement durable en aménagement du territoire dans tout cela ? Pour le moment, nous ne voyons que le critère économique qui passe là comme un bulldozer.
En commission, M. Moutinot a pris l'engagement de reloger le Centre social protestant, l'Agora du pasteur Zurn et les artisans qui occupent légitimement cette zone. Cet engagement formel et le fait que le troisième débat n'aura lieu qu'après ces relogements nous ont permis de voter ces projets de loi en commission.
Présidence de M. Pascal Pétroz, président
Mme Anne Mahrer (Ve). Les Verts sont très partagés au sujet de ce projet. Ils estiment que la commune de Vernier subit déjà de fortes nuisances pour d'autres raisons et que ce projet Ikea apporte une contrainte supplémentaire à cette commune.
Nous espérons que toutes les promesses faites par Ikea en matière de mobilité seront tenues. Il est vrai qu'on constate que 50% des gens ne sortent d'Ikea Aubonne qu'avec très peu de choses et on ose espérer que ces personnes-là prendront les transports publics. Ma crainte est que le parking gigantesque qui sera aménagé - plus de 900 places - n'attire évidemment les automobilistes - qui dit parking dit automobilistes. On aurait pu imaginer par exemple quelque chose avec le parking de Jumbo qui se trouve en face.
Finalement, nous avons accepté en commission - avec toutes les conditions posées tant par la commune de Vernier que par les locataires qui sont à reloger - ce projet de loi et nous vous proposons de faire de même.
Le président. Merci, Madame la députée. Comme il est 19h, je lève la séance. Nous nous retrouvons à 20h30.