République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 2 avril 2004 à 17h
55e législature - 3e année - 7e session - 34e séance
M 1554
Débat
Le président. Je souhaiterais donner la parole à l'un des auteurs... Soit à M. le député Büchi.
M. Thomas Büchi (R). Comme la précédente, voilà une motion qui est depuis longtemps à l'ordre du jour de notre Conseil, évidemment surchargé de façon endémique...
Je propose de nouveau à cette assemblée de renvoyer cette motion en commission. Comme pour la motion précédente, le problème des financements de ces projets est connu, mais, malgré tout, Chancy, comme d'autres villages d'ailleurs dans le canton, s'inscrit parmi ceux qu'il faut absolument prendre en considération pour que les problèmes de circulation et de sécurité soient réglés.
Je vous prie donc de bien vouloir renvoyer cette motion à la commission des travaux pour étude.
Le président. Nous sommes donc saisis d'une demande de renvoi en commission; un intervenant par groupe peut s'exprimer.
Mme Morgane Gauthier (Ve). Pour la commune de Chancy, commune la plus à l'Ouest de Genève et de la Suisse, ainsi que pour toutes les communes les plus à l'Est, la circulation est un problème majeur.
Au point 78 de notre ordre du jour, nous avons une réponse du Conseil d'Etat sur diverses pétitions concernant le même objet. Et j'aurais bien aimé que les auteurs de cette motion lisent les conclusions de ce rapport du Conseil d'Etat, parce qu'elles sont toutes intéressantes compte tenu de la motion que nous traitons. Il est proposé de limiter le nombre de passages quotidiens des camions - qui sont une nuisance excessivement grave pour les habitants du village de Chancy - ainsi que la taille des camions, ou, encore, en ce qui concerne les transports individuels, d'envisager une mise en service du RER Bellegarde-Genève ou une prolongation de la ligne TPG.
Pour nous, il est évident que la construction d'une route d'évitement n'est pas la meilleure solution, elle ne ferait que déplacer les problèmes et ne réduirait pas le bruit ou la pollution liés au trafic routier. De plus, une utilisation respectueuse de notre petit territoire est indispensable. Le grignotage incessant de notre sol fertile nous inquiète et risque d'être sans fin.
En outre, s'agissant de la première invite, les motionnaires parlent du rapport divers 429 qui donnait une priorité à la réalisation de routes d'évitement et d'importance cantonale. Les mêmes motionnaires ont accepté le rapport divers 429, qui reléguait l'évitement de Chancy à un autre plan et renvoyait ce projet-ci aux calendes grecques.
Pour ce qui est de la deuxième invite, il serait intéressant que les motionnaires nous expliquent de quel projet ils parlent, car rien ne figure à ce sujet dans l'exposé des motifs.
Finalement, concernant l'inquiétant trafic de poids lourds lié à l'exploitation de gravières, nous demandons au Conseil d'Etat de tout mettre en oeuvre pour dissuader les automobilistes de traverser Chancy pour accéder au canton et pour les inciter - pourquoi pas ? - à utiliser une autre voie plus appropriée, qui soit surtout moins dangereuse pour les habitantes et habitants de cette commune.
Bien que les considérants de cette motion soient pertinents, les solutions préconisées le sont beaucoup moins. Finalement, l'argument financier n'est pas négligeable: une route pareille coûterait au bas mot quelque 30 millions ! Je ne crois pas que cela soit un investissement nécessaire pour le moment... Ce n'est pas une priorité cantonale ! D'autres solutions peuvent être mises en oeuvre au préalable. Nous proposons carrément de rejeter cette motion. (Applaudissements.)
M. Sami Kanaan (S). En complément à l'excellente intervention de ma préopinante - dont nous partageons complètement les propos - j'aimerais rappeler que la commission des transports a eu l'occasion de traiter cette problématique plusieurs fois. A chaque reprise, elle a tout à fait admis le problème qui se pose à Chancy en termes de sécurité et de confort. Nous sommes conscients du fait que la route ne peut pas être élargie dans le village, mais c'est une chimère de croire qu'une route d'évitement règlerait le problème: elle ne ferait qu'attirer plus de trafic vers le centre.
De plus, je suis frappé de voir que des collègues comme Pierre Kunz ou Pierre Weiss, si soucieux des finances publiques, signent ce genre de textes... Apparemment, leur souci des finances publiques est à géométrie variable !
Nous avons toutes les réponses qu'il faut pour régler ce problème... (Brouhaha.)Et je suis d'accord sur un point avec les motionnaires: il faut accélérer les travaux par rapport aux transports publics dans la région, et il faut insister auprès de nos partenaires français pour trouver des solutions dignes de ce nom.
Le groupe socialiste refusera le renvoi en commission ainsi que la motion.
M. Pierre Weiss (L). Il n'y a pas de division possible en matière de sécurité ! Un mort à Chancy est aussi important, à mon avis, qu'un mort à la rue des Deux-Ponts ! Et lorsqu'il y aura à Chancy des morts en raison d'accidents de la circulation, à cause des camions qui doivent traverser ce village, eh bien, les députés de ce Grand Conseil, qui s'opposent aujourd'hui au traitement prioritaire de cette motion pour résoudre le problème du trafic dans cette localité - et dans d'autres, du reste, comme Meyrin ou Collonge-Bellerive - porteront le poids de ces morts sur leur conscience ! Car, comme je viens de le dire, en matière de sécurité on ne peut pas être divisé !
M. André Reymond (UDC). Un projet d'évitement existe pour la localité de Chancy. Diverses commissions ont dû se prononcer pour des questions de circulation et de sécurité dans ce village, qui est, c'est vrai, très éloigné du centre du canton... Mais il faut tout de même rappeler que, suite à certaines constructions dans la région, la circulation a énormément augmenté, notamment la circulation transfrontalière, sans parler, bien entendu, des trop nombreux camions qui traversent le village. Sauf erreur de ma part, les habitants de Chancy subissent près de cinq mille passages de camions et de voitures par jour !
M. Cramer nous a dit que l'évitement de Chancy n'était pas une priorité pour le Conseil d'Etat, que d'autres villages devaient également être pris en considération, que la situation financière ne nous le permet pas... Et que la seule possibilité d'éviter Chancy était de passer par la gauche, mais qu'il y avait une moraine qu'il ne fallait pas toucher...
A mon avis, pour la sécurité des enfants qui se rendent à l'école - comme cela a été mentionné tout à l'heure - et suite au décès d'un enfant, il vaut la peine, pour cette seule raison, de revoir la question de cet évitement à Chancy.
Par conséquent, le groupe UDC vous demande de renvoyer cette proposition de motion à la commission des travaux.
M. Jean-Claude Egger (PDC). Je suis aussi auteur de cette proposition de motion... Autant vous dire que le parti démocrate-chrétien soutiendra son renvoi en commission !
J'aimerais toutefois intervenir à propos d'une ou de deux remarques de Mme Gauthier qui dit, entre autres, que ce projet n'est pas une priorité cantonale...
Les trois derniers paragraphes des considérants peuvent s'appliquer à tous les villages, de Chancy jusqu'à Perly ! Les maires de ces communes sont en train de se réunir pour trouver une solution. J'interpelle donc formellement le Conseil d'Etat afin qu'il se réunisse avec les autorités françaises pour trouver une solution. En effet, il est insupportable pour les habitants de petits villages comme Soral de supporter le passage de plus de quatre mille véhicules par matin, soit sept à huit mille véhicules par jour ! Or tous les maires de cette région - je pense que c'est pareil pour la rive droite, la rive gauche ou le canton de Vaud - sont soucieux de cette situation. Et il serait vraiment temps d'entreprendre quelque chose !
Si le Conseil d'Etat s'est déjà engagé dans cette voie, il faut au moins accélérer ce processus. Les maires suisses des communes situées à la frontière apporteront leur soutien et aimeraient participer aux discussions.
M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Il ne vous aura certainement pas échappé que les motionnaires sont de Chancy, Soral et Laconnex... Il est donc fort légitime qu'ils défendent les intérêts de leur région !
En revanche, je n'ai pas trouvé que cette motion ait été signée par quiconque de Vésenaz, de Meyrin ou du Grand-Saconnex... Or vous savez que quatre évitements de localité ont été analysés, qui ont été classés dans un ordre d'urgence et d'importance dès lors qu'il est de toute évidence impossible de les financer tous à la fois ! A cela s'ajoute qu'il y en a peut-être un certain nombre en préparation.
Par le biais de cette motion, Messieurs les motionnaires, vous tentez de renverser cet ordre et de faire passer Chancy avant Meyrin, le Grand-Saconnex et Vésenaz... (Exclamations.)Ou alors, vous envisagez, au contraire, d'augmenter le volume des investissements à un niveau qui n'est pas acceptable !
Aucun des deux cas de figure n'est acceptable, et le Conseil d'Etat vous prie de rejeter cette motion. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets tout d'abord la proposition de renvoyer cette motion à la commission des travaux, au moyen du vote électronique. Le vote est lancé.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1554 à la commission des travaux est rejeté par 38 non contre 36 oui et 4 abstentions.
Le président. La parole est à Mme la députée Morgane Gauthier... Qui renonce ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets maintenant l'adoption de cette motion et son renvoi au Conseil d'Etat, toujours au moyen du vote électronique. Le vote est lancé.
Mise aux voix, la proposition de motion 1554 est rejetée par 40 oui contre 38 non.
Le président. Pour votre... (Exclamations.)Attendez ! Calmez-vous, s'il vous plaît ! Je me suis fait exactement la même réflexion... J'ai demandé il y a une demi-heure pourquoi un premier résultat apparaît sur le tableau, puis un deuxième tout de suite après. J'ai donc fait procéder à une vérification du système informatique. Cela a été effectué, et il m'a été confirmé que le deuxième résultat qui apparaît est bien le bon.
Par conséquent, je vous répète que cette motion est refusée par 40 non contre 38 oui. (Applaudissements.)
Mesdames et Messieurs les députés, comme nous en sommes convenus tout à l'heure, le point 34, motion 1559, sera traité le 22 avril. Nous passons donc au point 35 de notre ordre du jour.