République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 11 mars 2004 à 17h
55e législature - 3e année - 6e session - 26e séance
Hommage à Mme Aimée Stauffer-Stitelmann
Déclarations du Conseil d'Etat
Hommage à Mme Aimée Stauffer-Stittelmann, citoyenne genevoise, qui vient d'être réhabilitée par l'Assemblée fédérale.
Le président. Avant que vous ne preniez la parole, Monsieur le président, je prie Mme Aimée Stauffer-Stittelmann de bien vouloir entrer dans la salle. (L'assemblée se lève spontanément à l'entrée de Mme Stauffer-Stittelmann.)
Bonsoir Madame, je vous salue et je donne la parole à M. Robert Cramer, président du Conseil d'Etat.
M. Robert Cramer, président du Conseil d'Etat. Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames et Messieurs les députés, par loi fédérale du 20 juin 2003, entrée en vigueur le 1er janvier 2004, l'Assemblée fédérale a décidé l'annulation des jugements pénaux prononcés contre des personnes qui, à l'époque du nazisme, ont aidé les victimes des persécutions à fuir ou qui ont hébergé des fugitifs sans les annoncer aux autorités, ainsi que la réhabilitation de ces personnes.
Comme l'indique la loi, ces jugements sont ressentis aujourd'hui comme une violation grave de la justice.
Mme Aimée Stittelmann, citoyenne de Genève, a fait entrer en Suisse, entre 1942 et 1945, près d'une vingtaine d'enfants juifs, qui fuyaient les persécutions nazies et dont la plupart étaient orphelins. Par le train, à pied par Annemasse, en rampant sous les barbelés à Jussy, ou encore en passant par les montagnes valaisannes, elle a fait passer ces enfants déportés hors de France.
Arrêtée en 1945 et ayant subi dix-huit jours de détention provisoire, Mme Stittelmann a été déclarée coupable d'aide à la fuite au sens large et condamnée pour infraction aux arrêtés du Conseil fédéral des 13 décembre 1940 et 25 septembre 1942 relatifs à la fermeture partielle de la frontière, à une peine disciplinaire de quinze jours d'arrêts de rigueur par le Tribunal territorial I, le 11 juillet 1945.
Par décision du 2 mars 2004, la commission de réhabilitation de l'Assemblée fédérale, présidée par Mme la conseillère aux Etats Françoise Saudan, a constaté l'annulation de ce jugement et la réhabilitation de plein droit de Mme Stittelmann. Elle est ainsi la première personne à bénéficier de la nouvelle loi sur l'annulation des jugements prononcés contre celles et ceux qui ont aidé les victimes du nazisme.
Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat tient aujourd'hui à rendre solennellement à Mme Aimée Stittelmann l'hommage qui lui est dû pour son action courageuse, effectuée au péril de sa vie... alors qu'elle était à peine adolescente, et qui a permis à des enfants en grand danger d'être sauvés de la déportation et de la mort.
Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. (Chaleureux applaudissements. Mme Stauffer-Stittelmann quitte la salle.)