République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 décembre 2003 à 17h
55e législature - 3e année - 3e session - 10e séance
RD 514
M. Hugues Hiltpold (R). Mesdames et Messieurs les députés, l'honneur m'échoit de faire l'éloge et de rendre hommage à notre collègue et ami John Dupraz, surnommé parfois par ses pairs «le Taliban de Soral»... (Rires.)
Je voudrais rappeler que John est né en 1945, quelques jours après la signature de la charte donnant naissance aux Nations Unies. Après avoir fréquenté les écoles de Laconnex et de Soral, il rejoint l'Institut catholique de Florimond... (Exclamations.)...où, à l'entendre, il aurait été un élève médiocre... (Rires.)...mais aurait appris le sens du devoir...
Il poursuit alors ses études et commence le Technicum agricole suisse à 23 ans, en Suisse allemande, où il revendique déjà, en devenant président de l'Association des étudiants, des améliorations à entreprendre, comme la durée des études passer de quatre à six semestres.
Sa seconde passion - la politique, bien entendu - débute dès ses études terminées, alors qu'il prêche la bonne parole au Cercle cantonal du faubourg et aux Jeunesses radicales.
John est ensuite élu à 25 ans et devient conseiller municipal ainsi qu'adjoint au maire de Soral, commune où il siégera de 1971 à 1991, soit plus de vingt ans.
John est ensuite élu, à 28 ans, au Grand Conseil - où siègent déjà par ailleurs MM. Spielmann et Grobet - et il est très actif dans un certain nombre de domaines, plus particulièrement dans ceux concernant l'aménagement du territoire et l'agriculture.
Entre 1973 et 1989, John a présidé la commission ad hoc révisant la loi sur l'administration des communes ainsi que la loi sur l'énergie. Il interrompra son activité parlementaire entre 1989 et 1993, suite à l'introduction de la limitation à trois mandats consécutifs que les radicaux ont adoptée.
Il siège à nouveau parmi nous depuis 1993 et a occupé un poste dans toutes les commissions, à l'exception de la commission de l'enseignement et de la commission des finances. Il a présidé notamment la commission des droits politiques et du règlement du Grand Conseil et la commission de l'environnement et de l'agriculture.
Il a été élu, comme vous le savez, en 1995 au Conseil national où il siège encore à ce jour.
Parallèlement à sa carrière politique, John a présidé la Chambre genevoise d'agriculture dès 1978, la Fédération suisse des producteurs de céréales, de 1987 à ce jour, et il occupe depuis peu la vice-présidence de l'Union suisse des paysans.
Enfin, John aura l'insigne honneur, dès janvier prochain, de représenter la Suisse au Conseil de l'Europe à Strasbourg, ce dont nous le félicitons tous vivement. (Longs applaudissements.)
Une voix. Ce n'est pas fini !
M. Hugues Hiltpold. C'est avec une certaine émotion que le groupe radical prend acte de la volonté de John de ne plus siéger dans cette enceinte - qu'il affectionne pourtant particulièrement, à en juger par ses invectives souvent tonitruantes...
On ne peut que regretter la perte que représente son départ pour la qualité des débats, car - vous en conviendrez - si ses joutes oratoires sont parfois tapageuses, elles sont toujours pleines d'un bon sens paysan, que beaucoup devraient avoir dans cette enceinte... (Rires.)Et avoir une petite pensée émue pour les autres «vieux crocodiles» de ce parlement qui, ce soir, doivent se sentir un peu orphelins... (Rires.)C'est un grand monsieur qui nous quitte et c'est une page qui se tourne pour ce parlement... (Rires.)Tant John, personnage haut en couleurs, aura marqué de son empreinte la vie politique genevoise !
Je voudrais rendre hommage publiquement à John, au nom du groupe parlementaire radical, mais aussi au nom des citoyens qui ont apprécié son activité politique, et je voudrais également saluer ce radical humaniste. Je lui présente tous nos voeux pour la suite de sa carrière politique, qui semble encore bien loin de se terminer ! Et je me dis qu'on risque bien de croiser John lors d'une prochaine élection... L'adieu de ce soir ne serait-il qu'un au revoir ?
Je voudrais terminer mon intervention sur une citation d'André Siegfried, analyste politique français de l'entre-deux-guerres, qui disait: «En politique, seuls savent s'arrêter ceux qui ne seraient pas partis», et souhaiter la bienvenue à notre nouveau collègue, Michel Ducret, que certains connaissent, par ailleurs, déjà. (Vifs applaudissements.)
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons reçu une lettre de notre collègue, M. John Dupraz, nous informant qu'il démissionnait de son mandat de député, avec effet à l'issue de notre séance de ce soir. Je prie Mme la secrétaire du Bureau de bien vouloir lire ce courrier.
(Vifs applaudissements à la fin de la lecture du courrier 1730.)
Le président. Merci, Madame la secrétaire du Bureau. Il est pris acte de cette démission.
Il est vrai, Monsieur Dupraz que vous avez un parcours de député hors du commun...
Vous avez été élu - cela a été rappelé tout à l'heure - pour la première fois en 1973... Rendez-vous compte: je n'avais que deux ans... (Rires.)... quand vous avez été élu pour la première fois au Grand Conseil ! Je comprends mieux maintenant pourquoi, de temps en temps, vous m'appelez «gamin» lors de nos débats... Bref ! Vous avez été réélu en 1977, en 1981, en 1985, soit lors de quatre législatures ! Puis, encore, en 1993, en 1997 et en 2001. Vous nous quittez aujourd'hui au cours de votre septième législature. Il nous semble donc qu'il y a lieu de vous féliciter de votre fidélité hors du commun envers notre parlement !
Vous avez été président de la commission des droits politiques et du règlement du Grand Conseil, de 1997 à 1998, et de celle de l'environnement et de l'agriculture, de 2002 à novembre 2003.
Nous vous remercions de votre activité et de votre présence parmi nous, certes une présence quelque peu - vous l'avez rappelé, Monsieur le député Hiltpold - «chahuteuse», mais néanmoins fort sympathique, et nous ne saurions vous en faire grief.
Vous avez été élu au Conseil national dès 1995, et nous vous félicitons de votre réélection. Il convient également de signaler que vous avez été conseiller municipal et adjoint de la commune de Soral de 1971 à 1991.
C'est ainsi une légende vivante qui nous quitte aujourd'hui. C'est une perte pour notre parlement. Nous formulons nos souhaits les meilleurs pour la suite de vos activités et nous vous remettons le traditionnel stylo-souvenir. (Exclamations. Le président remet le stylo-souvenir à M. John Dupraz.)