République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 19 septembre 2003 à 17h10
55e législature - 2e année - 11e session - 69e séance
IU 1453
M. Charles Beer, conseiller d'Etat. Madame la députée, vous m'interpellez sur un sujet à propos duquel je l'ai déjà été en direct - si j'ose dire - par M. Castella, lors de notre sortie du Grand Conseil, à savoir la distribution de pommes dans les écoles du canton, de manière à promouvoir une santé saine, particulièrement pour la dentition de notre jeune génération. Vous évoquez l'enthousiasme - sauf erreur de ma part - du département de l'action sociale et de la santé, du département de l'intérieur, de l'agriculture, de l'environnement et de l'énergie, tout en soulignant le manque d'intérêt du département de l'instruction publique... En fonction de ces éléments, j'aimerais vous apporter les réponses suivantes.
Première chose, j'ai été avisé officiellement de cette mesure, très exactement le 28 avril 2003. J'ai donné suite à cette information le 6 mai 2003, soit quelques jours après. J'ai souhaité que M. Castella, les promoteurs de cette action, et les fonctionnaires du département de l'instruction publique se rencontrent directement, ce qui s'est fait dans de bonnes conditions. Cela dit, j'aimerais évoquer les points abordés lors de cette rencontre.
Le coût d'une telle distribution, selon les promoteurs, s'élèverait à 100 000 F. Qui doit prendre en charge ce coût ? C'est une question importante. En effet, nous sommes en République, et on ne peut pas décréter, d'un coup d'un seul, par le fait du prince, l'octroi de 100 000 F pour réaliser une opération de ce type.
Autre élément important: qui coordonne la distribution des pommes par les communes ? C'est également un élément qui mérite notre attention.
Je précise, à propos du coût, que ni le département de l'action sociale et de la santé, ni le département de l'intérieur, de l'agriculture, de l'environnement et de l'énergie, pourtant enthousiastes, n'ont à ce jour véritablement proposé de crédit pour financer cette action. Il y a donc également un problème d'argent et un problème de coordination.
Le dernier élément important que vous évoquez - c'est un sujet sérieux - porte sur les caries. La consommation de pommes aide-t-elle à lutter contre les caries et faut-il la promouvoir ?
Vous avez raison, Madame la députée, manger une pomme aide à lutter contre les caries. Mais, même si cela a fait l'objet d'une publicité pour une campagne présidentielle, comme vous l'avez rappelé, on ne peut pas prétendre pour autant que la consommation de pommes prévient les caries. Certes, les pommes sont moins cariogènes que beaucoup d'aliments sucrés, mais elles le sont davantage, par exemple, que les bananes. Nous ne pouvons donc pas sérieusement dire qu'une telle distribution de pommes s'inscrit véritablement dans la lutte contre les caries.
En revanche elle a deux mérites. Le premier est de mettre en évidence l'intérêt de la consommation des pommes pour la santé publique - il faut, en effet, insister avant tout sur l'importance d'une alimentation saine. Le deuxième est de promouvoir la consommation des produits du terroir plutôt que celle de certains aliments entrés dans la consommation courante, même s'ils ne viennent pas tous d'outre-Atlantique, Madame la députée !
J'aimerais encore aborder un point par rapport à la collaboration et la mise en place d'un groupe de travail. Il a été rappelé qu'une telle opération avait déjà été réalisée en 1980 et avait essuyé un relatif échec. En effet, la plupart des fruits avaient été retrouvés dans les poubelles ou jonchant le sol... C'est dire qu'une telle opération ne peut être menée à la légère et sans encadrement. Le département de l'instruction publique souhaite sérieusement que cette opération voie le jour; il entend simplement qu'elle le soit dans de bonnes conditions pour ne pas renouveler cet échec.
Cela dit, faut-il dramatiser pour autant, comme le fait M. Castella, et dire - en jargon de rugby - que «la cabane est en train de s'effondrer sur le chien» ? Non, Madame la députée ! Nous entendons aller de l'avant, pour arriver à mettre sur pied cette distribution de pommes.
Cette interpellation urgente est close.