République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 septembre 2003 à 20h45
55e législature - 2e année - 11e session - 67e séance
IU 1476
M. Michel Halpérin (L). Je suis presque gêné de venir avec ma petite interpellation après ce débat de poids lourds - je parle naturellement des moyens de transport, non de ceux qui les utilisent ou qui les évoquent. Mon débat, en comparaison, représentera plutôt un entrechat, mais ce sera d'autant plus bref. Ce qui constituera ma manière à moi de rappeler le traitement que je réserve d'habitude à ce mode d'expression qu'est l'interpellation urgente.
Mon interpellation urgente s'adresse à M. le Président du département de l'instruction publique, suite à la lecture des journaux, hier. Cette lecture a suscité inquiétude, et même consternation, en découvrant la probabilité de la disparition des ballets du Grand Théâtre. Je sais bien que c'est un problème qui relève de la compétence exclusive de la Ville ou de la Fondation du Grand Théâtre. Il n'empêche que le désengagement unilatéral de la Ville pose un problème, dans la mesure où il touche à une institution qui est un des phares par lesquels la République s'éclaire et s'honore, en Suisse et à l'étranger.
Dès lors qu'il ne s'agit pas de transférer à l'Etat des charges qui sont celles de la Ville, je me demande simplement, Monsieur le conseiller d'Etat, si votre département ou le Conseil d'Etat, dans son ensemble, envisagent d'intervenir auprès de la Ville, pour la rappeler à ses devoirs, au moins aussi longtemps que la conférence, qui s'est mise en route pour essayer de procéder à une nouvelle répartition des compétences culturelles entre les communes et le canton, n'aura pas abouti.
Dans l'intervalle, il faut que la Ville fasse ce pour quoi elle est faite, ou alors qu'on envisage une sérieuse reconsidération - qui n'est d'ailleurs pas du tout exclue, à mon sens - mais enfin le Grand Conseil en avait décidé autrement autrefois.
Jusque là il me semble que la Ville doit faire son travail et que le Conseil d'Etat pourrait l'y aider.
M. Charles Beer, conseiller d'Etat. Je vous remercie de votre interpellation qui traite d'un sujet particulièrement important. Elle relève de la culture dans notre canton, plus particulièrement de l'art lyrique au sens large du terme. Il relève du Grand Théâtre, de son aspect le plus vulnérable: le ballet.
Dans ce choix, il faut déplorer un certain nombre de déterminations au sein même du Grand Théâtre. Mais il ne faut pas s'arrêter à cela, et on doit s'interroger sur le sens de la disparition éventuelle du ballet de notre canton. Ce d'autant plus que, dans le cadre de la conférence culturelle que vous évoquiez, un des sujets prioritaires est de construire et de réaliser, en collaboration avec la ville de Lancy, la Ville et le canton de Genève, la maison de la danse. La danse et l'opéra, en tant que tels, sont des arts pas assez vivants dans notre canton. Nous sommes plutôt, à ce jour, conscients des efforts qui doivent être faits, en complément de ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
Il va de soi que l'annonce d'une possible disparition, en tant que telle, est fort fâcheuse pour cette politique de priorité. Vous relevez la question de la compétence qui incombe à la Ville de Genève et à une fondation à caractère municipal, qui ne nous permet pas d'intervenir directement.
Au-delà de cela, il paraît difficile pour le canton d'intervenir de façon péremptoire, face à la Ville de Genève. Nous n'en avons ni le statut ni les moyens. En revanche, comme vous l'avez évoqué, je crois qu'il s'agit de mettre d'emblée en avant l'esprit de la conférence culturelle et de chercher par là à trouver des solutions pour sauver le ballet.
A ce jour, je peux vous dire que nous venons d'envoyer une lettre à nos partenaires de la Ville de Genève et de l'Association des communes genevoises, pour une réunion urgente où nous traiterons à nouveau de ce sujet, de manière que nous puissions trouver une solution qui soit à la hauteur des sommes que nous engageons en matière culturelle à Genève et à la hauteur de notre prétention politique en la matière.
Nous devons faire preuve d'imagination. Il existe un certain nombre de ressources, qui devraient permettre, si l'ensemble des acteurs est responsable, de trouver une solution qui nous permette de sauver à la fois le ballet et la crédibilité, dans notre souhait d'accorder une nouvelle priorité à la danse.
Cette interpellation urgente est close.