République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 septembre 2003 à 17h
55e législature - 2e année - 11e session - 66e séance
IU 1466
M. Gilbert Catelain (UDC). Ma deuxième interpellation concerne le nombre de chômeurs, qui atteint des sommets - ce qui n'est pas le cas du budget 2004 qui, lui, atteint les abysses ! Le chômage est l'une des inquiétudes prioritaires des Genevois, et la lutte contre le chômage est certainement l'une des priorités du gouvernement. Les données fournies par l'Office fédéral de la statistique font apparaître que le taux de chômage dans ce canton a fortement progressé depuis l'introduction des accords bilatéraux, avec une hausse d'environ 30% des chômeurs inscrits. Le nombre de chômeurs inscrits à fin juin - à savoir 14 235 unités - est l'un des pires résultats de ces quinze dernières années; le sommet fut atteint en mai 1997 avec 16 592 personnes.
Au cours de cette période, le nombre de travailleurs au bénéfice d'un permis G s'est accru de plus de 3500 unités, avec les effets pervers que l'on sait sur les recettes fiscales, puisque le département de Mme Brunschwig Graf a dû injecter 21,9 millions de francs en plus de la rétrocession aux communes frontalières en 2002, et qu'au budget 2004 il est prévu 31 millions supplémentaires, soit 45 millions de plus par rapport aux comptes 2001.
Cette situation est plutôt étonnante, car ces vingt-quatre derniers mois, alors que le nombre de chômeurs a progressé de 5905 unités, Genève a créé 8750 emplois ! Cette situation tranche fondamentalement avec celle que nous avons connue pendant la crise entre 1994 et 1998, où le taux de chômage n'était pas aggravé par l'attribution massive de nouveaux permis G.
Ces mauvais résultats sont également à mettre en lumière avec le rapport de la commission externe d'évaluation des politiques publiques sur la politique cantonale de lutte contre le chômage de longue durée, qui remet en cause un certain nombre d'instruments mis en place à partir de 1997. ( Chahut. Le président agite la cloche.)
Le président. Excusez-moi, Monsieur l'orateur. Monsieur le député Portier, voulez-vous bien quitter la tribune ? Le règlement vous interdit formellement d'être à la tribune, vous devriez le savoir. (Huées.)Quand même ! Je suis désolé, Monsieur Catelain, veuillez continuer et vous apprêter à conclure.
M. Gilbert Catelain. Merci, Monsieur le président. De plus, cette même commission nous apprend que 55% des chômeurs en fin de droits, respectivement 71% des bénéficiaires d'allocations à l'emploi, sont des personnes qualifiées. A la lecture cruelle des chiffres qui nous sont présentés, nous pouvons légitimement nous demander si les ressources, toujours plus importantes, engagées par l'Etat dans la lutte contre le chômage le sont à bon escient. En effet, si l'impact a été jugé négativement par cette commission, l'outcome n'a quant à lui jamais fait l'objet d'une analyse.
Mes questions sont donc les suivantes: comment le Conseil d'Etat explique-t-il cette hausse massive de permis G délivrés depuis l'introduction des accords bilatéraux ? Quelles mesures le Conseil d'Etat a-t-il mises en oeuvre pour développer l'employabilité des chômeurs genevois ? Comment le Conseil d'Etat explique-t-il qu'un si grand nombre de personnes qualifiées ne parviennent pas à se reconvertir et à intégrer le marché du travail ? Enfin, le Conseil d'Etat envisage-t-il de s'inspirer des chefs de gouvernements sociaux-démocrates Tony Blair et Gerhard Schröder, qui ont tous deux décidé de prendre des mesures fortes visant à remettre les personnes au travail.