République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 septembre 2003 à 17h
55e législature - 2e année - 11e session - 66e séance
IU 1460
M. Christian Brunier (S). Mon interpellation concerne l'ensemble du Conseil d'Etat.
Une nouvelle inégalité se développe aujourd'hui à travers le monde, c'est le non-accès aux nouvelles technologies de la plupart des gens qui peuplent notre planète. Cela provoque une véritable fracture numérique, car ces outils sont aujourd'hui indispensables pour un développement économique, social et culturel.
Cette inégalité a inquiété le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, qui a décidé de convoquer un Sommet mondial de la société d'information à Genève. C'est un grand privilège, car cela ne se produit pas tous les jours, mais nous avons l'impression que Genève n'a pas pris la mesure de l'événement qui va se dérouler dans ses murs. Dans les couloirs des Nations Unies, il n'est pas rare d'entendre des hauts fonctionnaires s'inquiéter de voir que la Suisse, par exemple lors de la cérémonie de lancement, n'a prévu aucun conseiller fédéral alors que cinquante à quatre-vingt chefs d'Etat seront présents. Pour le moment, l'impulsion donnée par le gouvernement genevois semble bien léger... (L'orateur est interpellé.)Légère, tu as raison !
Ce sommet est particulièrement intéressant pour Genève, puisqu'il réunira, bien sûr, les représentants des gouvernements de ce monde, les entreprises impliquées dans les nouvelles technologies aussi, mais, surtout, il impliquera la société civile. C'est un développement nouveau des Nations Unies et un rendez-vous qu'il ne faut pas manquer.
Ma question est donc simple: j'aimerais savoir exactement quel est le programme d'action du gouvernement en la matière, puisque, à ma connaissance, à part 2 millions consacrés à la sécurité et 2 millions donnés à l'organisation, il n'y a pas d'impulsion - en tout cas on ne la ressent pas, et on est impatient de la ressentir - pour ce sommet, qui est un rendez-vous essentiel pour le développement des pays du Sud. Nous espérons que le gouvernement genevois répondra présent à cet événement.
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Le Conseil d'Etat est navré de ne pas vous envoyer systématiquement les ordres du jour de ses séances, les dates auxquelles les délégations se réunissent... Nous allons essayer de pallier cette grave lacune, de façon que vous soyez mieux informés de ce que nous faisons minute par minute !
Plus précisément, vous avez effectivement raison de dire que le Sommet sur la société mondiale de l'information est important. Il n'est pas important: il est unique !
C'est en effet la première fois que Genève accueille un sommet organisé par l'ONU qui est de l'importance du Sommet de Rio ou des grands sommets organisés durant cette dernière décennie.
Il faut tout de même que vous soyez conscients que ce n'est pas le Conseil d'Etat qui organise ce sommet. C'est l'ONU qui l'organise à travers l'organisation spécialisée qui se trouve à Genève: je veux parler de l'UIT.
Dans un cas pareil, la diplomatie onusienne suppose que le pays hôte - qui n'est pas l'Etat de Genève mais la Confédération suisse - à travers sa diplomatie, à travers ses ambassadeurs, joue un rôle actif au moment de l'organisation d'un tel sommet. C'est ainsi qu'une structure a été mise en place au niveau des Nations Unies pour organiser ce sommet et en fixer les objectifs, et, parallèlement, qu'une autre structure a été mise en place au niveau de notre pays pour savoir comment accueillir ce sommet et comment il pourra jouer son rôle dans cette partition.
Il restait Genève. Qu'a fait Genève ? Dans le cadre du Sommet mondial de l'information, Genève s'est engagée comme elle ne l'a jamais fait auparavant pour une assemblée internationale, d'abord parce qu'elle est unique et, ensuite, parce que nous en avions identifié les enjeux. A savoir que, pour la première fois, sont considérés comme des interlocuteurs, dans le cadre de ce sommet, non seulement les Etats, non seulement les organisations internationales, non seulement les organisations non gouvernementales - ce qui déjà relativement nouveau - mais encore la société civile et, également, les partenaires économiques.
Nous avons donc voulu que cette première, qui veut associer étroitement la société civile à l'organisation du sommet, soit une réussite. C'est ainsi que le canton de Genève va être l'entité qui va réellement porter le sommet de la société civile en octroyant une aide financière de 2,5 millions, qui avait déjà été prévue au moment même où l'idée de ce sommet est née, de façon que la société civile puisse pleinement s'exprimer. C'est là notre contribution, et vous voyez à quel point elle est importante.
De surcroît et outre, évidemment, les questions de sécurité qu'il nous appartient de traiter, nous sommes extrêmement proches des organisateurs du sommet. Le Conseil d'Etat a mis en place une délégation constituée de trois de ses membres - Mme Spoerri, M. Lamprecht et moi-même - de façon à suivre la préparation de ce sommet. Semaine après semaine, nous en avons reçu tous les organisateurs. En plus de la contribution dont je viens de vous parler, il y en aura une ou deux autres. Vous savez que Genève se trouve réellement à la pointe en matière de E-Government et que les expériences que nous faisons dans ce domaine, notamment les expériences en matière d'élections par le biais d'internet, sont commentées dans le monde entier. Tout naturellement, nous serons présents dans ce sommet pour présenter nos expériences et pour pouvoir débattre autour de ces nouveaux types de gouvernance que permettent les médias électroniques.
C'est donc dire que, en plus de nos obligations d'organisateurs du sommet de la société civile, de la présence que nous aurons au niveau de l'aéroport, de l'organisation de la sécurité, de l'accueil que nous entendons, bien sûr, réserver aux sociétés privées, qui, à la suite de Telecom seront intéressées à participer à ce sommet, nous entendons pleinement jouer notre rôle de canton d'accueil, et je prétends même que nous le jouerons en l'occurrence comme nous ne l'avons jamais fait dans le passé.
Cette interpellation urgente est close.