République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 8994
Projet de loi du Conseil d'Etat modifiant les limites de zones sur le territoire de la commune du Grand-Saconnex (création d'une zone de développement 4A affectée à des activités administratives ou hôtelières) route François-Peyrot (anciennement route de la Vorge)

Préconsultation

Le président. J'ai l'impression que les points 21 et 22 de notre ordre du jour nous retiendront assez longuement avant de pouvoir traiter du PL 8667-A-1 concernant Chêne-Bougeries et figurant au point 23... Pour l'instant, nous en sommes au point 20, projet de loi 8994 du Conseil d'Etat. Je donne la parole à M. le député Pagani. Nous sommes en préconsultation, chaque groupe a donc droit à cinq minutes de prise de parole.

M. Rémy Pagani (AdG). Tout à fait, Monsieur le président. J'ai bien noté que c'étaient cinq minutes et pas sept. Notre groupe a été stupéfait de voir ce projet de loi déposé par le Conseil d'Etat. Pour celles et ceux qui ne sauraient pas où le débat a lieu, on se situe en face de l'aérogare de l'aéroport. Il s'agit d'une surface arborisée, boisée même. Juste à côté de cette surface qu'on nous propose de déclasser existe déjà une construction en voie d'achèvement: un hôtel. Or, lorsque le Grand Conseil avait voté le déclassement de cette zone, il était évident que cela se faisait au profit de nouveaux logements. La première interrogation et exclamation de notre groupe concerne donc la construction d'un hôtel sur cette parcelle, alors qu'elle aurait dû être réservée à des activités publiques. En outre - et on ne pouvait pas faire plus fort ! - les logements qui devaient être construits ne l'ont pas été, alors que cela avait justifié un débat dans notre Grand Conseil.

Vous me permettrez donc, en pleine crise du logement, de me poser quelques questions sur la bonne volonté du département. Il a tout de même autorisé la construction d'un hôtel sans tenir compte de la condition préalable au déclassement de la parcelle, soit la construction de logements. Et maintenant qu'on a installé cet hôtel, certains promoteurs disent qu'il faudrait en construire un deuxième pour prolonger le premier! Ce qui nous étonne encore plus, c'est que ne soit même pas mentionné le fait que cette parcelle est boisée. Il s'agit du Bois-du-Lan ! En l'occurrence, dans l'exposé des motifs du Conseil d'Etat, il n'est même pas dit qu'on devrait raser une grande partie de la forêt du Bois-du-Lan. Et ça, ça nous met particulièrement sur les pattes de derrière !

Il y a aussi un problème juridique qui se pose. Comment le département a-t-il pu autoriser la construction de l'actuel hôtel, sans respecter la distance obligatoire de 30 mètres entre toute construction et la lisière d'une forêt ? Et comment le département va-t-il autoriser la construction d'un nouvel hôtel ? A moins qu'on ne rase tout le Bois-du-Lan - mais, parti comme il est parti, on peut très bien imaginer cela du département - on va avoir de la peine à respecter cette limite des 30 mètres entre une construction et la forêt.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le conseiller d'Etat, nous estimons parfaitement saugrenu de proposer aujourd'hui de construire un hôtel sur cette forêt, d'autant plus que l'objectif principal du département aujourd'hui - et c'est dans tous les journaux ! - c'est le logement! Personne n'a déposé un projet de construction de logements derrière l'hôtel, alors que cela me paraît être une des choses essentielles à faire aujourd'hui, plutôt que de favoriser une fois de plus des intérêts privés. Au-delà des intérêts privés, la réduction de la forêt est une attaque inadmissible contre les espaces verts de notre canton.

M. Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je ne vais pas reprendre tous les détails et les arguments de M. Pagani, sur lesquels vous reviendrez forcément en commission. Mais, Monsieur Pagani, vous êtes quand même le premier à suggérer qu'on installe du logement en bordure d'autoroute!

Le président. Merci. La parole n'est plus demandée.

Ce projet est renvoyé à la commission de l'aménagement.