République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 16 mai 2003 à 17h
55e législature - 2e année - 8e session - 48e séance
IU 1400
Mme Micheline Spoerri, conseillère d'Etat. En réponse à votre interpellation, Monsieur Brunier, j'aimerais en préambule vous faire remarquer que beaucoup de choses ont été faites et beaucoup de propos tenus. Compte tenu des multiples canaux d'information mis en place, je m'étonne que vous soyez si peu informé - notamment par le biais de votre députation et du site Internet de l'Etat. Si vous me permettez l'expression, un certain nombre de circonstances me semblent maintenant clairement définies. Vous êtes le dernier informé, ce dont je suis parfaitement étonnée.
Cela dit, je veux bien vous rappeler quelques principes qui ont présidé aux décisions du Conseil d'Etat genevois et de la délégation intercantonale de la sécurité, dont les membres sont chargés du maintien de l'ordre sur leurs territoires respectifs des cantons de Vaud, Genève et Valais à l'occasion du G8. Je vous rappelle que le 1er juin prochain arriveront à l'aéroport de Cointrin toutes les délégations du sommet d'Evian. Ces dernières sont extrêmement nombreuses, puisqu'elles regroupent les acteurs du G8, les pays du NEPAD ainsi qu'un certain nombre de pays émergents. Cela représente au niveau de la sécurité, du timing et de la sécurité aéronautique en général un travail absolument fabuleux, et l'aéroport et les autorités genevoises n'ont pas droit à l'erreur. Il s'agit d'une donnée initiale que personne n'ignorait. A ce titre, les renforts demandés par la délégation intercantonale aux autorités fédérales ne datent pas d'aujourd'hui. Cette demande de renforts a été explicitement confirmée dans une lettre adressée le 16 avril dernier au Conseil fédéral. En ce qui concerne la coïncidence avec la manifestation du 1er juin qui démarrera, comme vous le savez, au centre de Genève, vous comprenez bien qu'il est nécessaire que les policiers confédérés puissent assurer le maintien de l'ordre pour l'ensemble de la population genevoise, quelle que soit la rive. Voilà quelle est la stratégie suivie par le gouvernement et la délégation intercantonale.
J'aborde maintenant votre première question, qui concerne le nombre de manifestants. Il devient quelque peu dérisoire de faire des batailles de chiffres; chacun y va de son estimation. Ce n'est pas moi qui ai procédé aux estimations que je vous ai communiquées lors de la dernière session de ce parlement, car je ne possède pas ce don... Je me suis basée, comme d'autres, sur des convergences statistiques issues des services de renseignements suisse et français. A partir d'un moment... Monsieur le député, je vous remercie de m'écouter, sinon je peux me rasseoir ! Je vous ferai remarquer que, si certaines réponses à vos questions seront données, d'autres sont déjà publiquement connues de tout le monde sauf de vous - ce dont je suis parfaitement navrée. Je reprends ma réponse à votre première question: les scénarios quant au nombre de manifestants ne viennent donc pas de Mme Spoerri; c'est le gouvernement qui met en place une stratégie d'ensemble en matière de sécurité vis-à-vis de l'arrivée de délégations et de la population genevoise. Nous devons impérativement faire face à tous les scénarios, qu'il y ait 100 000, un peu moins ou un peu plus de manifestants. Il n'est donc pas question de changer tout à coup le nombre de policiers allemands appelés en renfort - soit sept cent cinquante - puisque ces policiers font partie d'une stratégie d'ensemble.
Je réponds maintenant à votre deuxième question, qui porte sur la doctrine d'engagement de la police. Celle-ci a été validée par le Conseil d'Etat et diffusée lors du point de presse hebdomadaire que je tiens désormais tous les mercredis. Elle vous a donc été rendue accessible. Vous êtes par ailleurs en lien constant avec le site Internet de l'Etat. Il faut toutefois comprendre qu'à partir d'un certain moment, l'information directe à la population genevoise constitue une priorité absolue. Bien que vous en soyez les relais et les garants, notre rôle consiste à assurer que l'information directe soit transmise à la population.
En réponse à votre troisième question, je vous indique que l'engagement de la police sera sous le contrôle d'une autorité politique dans le cadre d'un dispositif intercantonal.
Quant à votre quatrième question, je vous fais remarquer qu'il n'existe pas de «zone à risque». Je suppose que vous faisiez référence à des «zones sécurisées». Ces dernières sont, pour des raisons de protection, accrues et ciblées. Il s'agit entre autres de l'aéroport, d'un certain nombre de sites diplomatiques dont nous assurons la protection ainsi que de lieux classés «zones sécurisées» pour des motifs d'ordre vital. Il faut notamment garantir l'accès aux infrastructures hospitalières ainsi que tout transport sanitaire ou utile afin que la population genevoise et toutes les personnes présentes à Genève le 1er juin puissent vivre dans les meilleures conditions.
En ce qui concerne la hiérarchie de la police, elle est extrêmement clairement définie. Je ne vois pas pourquoi vous soutenez le contraire.
Quant à votre sixième question, qui porte sur les personnes engagées dans l'organisation d'événements, je vous annonce que M. Peter Arbenz a été nommé négociateur en chef des autorités; il est chargé de négocier avec les altermondialistes. Le Conseil d'Etat s'est par ailleurs entouré de la collaboration de M. Bernard Ziegler en sa qualité de conseiller juridique dans le cadre des événements liés au sommet d'Evian.
Concernant votre septième question, relative à la commission des visiteurs officiels, je pensais que vous étiez au courant du fait que les travaux sont organisés. La commission a organisé ses travaux selon ses compétences habituelles et une prochaine rencontre est prévue avec moi le 22 mai.
Votre dernière question portait sur l'information aux communes. Vous avez notamment déclaré que les représentants des communes devaient téléphoner directement à certains députés pour obtenir des informations. Je ne comprends pas votre question, puisque tous les canaux d'information des cellules de travail sont en place depuis le 16 avril. La commune de la Ville de Genève a par exemple été associée depuis le début à l'ensemble des travaux de la délégation intercantonale et y siège en permanence. Je ne peux donc que vous assurer que nous travaillons ensemble depuis le début. La Ville de Genève produit en outre ses propres informations. (L'oratrice est interpellée.)Vous apprenez tout cela ?! J'en suis aussi ravie... Enfin, tous les habitants le savent, Monsieur le député ! Je poursuis: les communes de Thônex, Chêne-Bourg et Chêne-Bougeries ont constitué une cellule opérationnelle en lien avec la protection civile et la police de façon à identifier, par quartier et par rue, un certain nombre de zones et d'entreprises à risques. Quant aux centres sportifs du Bout-du-Monde et de Vessy, je pense que vous êtes informé des infrastructures qui ont été mises en place et je ne souhaite pas rappeler ici. C'est tout ce que je peux vous dire à ce jour.
Voilà ce que je peux répondre, Monsieur le député, à l'ensemble de vos questions. Comme nous avons tous eu l'occasion de nous exprimer solennellement le 10 mai, je souhaite que notre contribution à la réussite de cet événement soit maintenant la plus positive et la plus constructive possible. «Genève, terre d'accueil»: j'aimerais que cela ne soit pas un vain mot et que les débats de ce parlement se tiennent dans une certaine dignité. Je vous en serai extrêmement reconnaissante.
Cette interpellation urgente est close.
Le président. Je vous rappelle que les réponses aux interpellations urgentes sont normalement limitées à trois minutes.