République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 27 février 2003 à 20h45
55e législature - 2e année - 5e session - 22e séance
M 1473
Débat
Le président. Cette fois-ci, je ne ferai pas l'affront de ne pas donner la parole à l'un des auteurs du projet de motion. Je cède donc la parole à M. le député Gabriel Barrillier.
M. Gabriel Barrillier (R). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, en déposant cette seconde motion concernant l'école depuis le début de la législature, le groupe radical poursuit une politique logique et cohérente visant à restaurer la confiance chez tous les acteurs de l'enseignement en provoquant un débat démocratique sur les buts et le fonctionnement de l'institution scolaire, institution dont je vous rappelle que le Grand Conseil et finalement le peuple sont responsables! Les radicaux souhaitent également se faire les porte-parole des vives préoccupations qu'exprime presque quotidiennement - je dis bien quotidiennement - une partie importante du corps enseignant sur divers aspects de leur mission. Ces préoccupations ont trait aussi bien au rôle des parents qu'à l'attitude des élèves, à l'enchaînement des réformes ou, encore, au manque de considération et de soutien tant des autorités que de la société à leur égard.
Plusieurs visites dans des établissements scolaires, dont une journée entière passée dans un cycle d'orientation de la rive gauche comptant six cent cinquante élèves de cinquante-deux nationalités, m'ont convaincu de la justesse de notre action de restauration du rôle et de la position de l'institution et de ses serviteurs.
Pour qui prend la peine, comme je l'ai fait, d'aller sur le terrain - dans les classes et surtout dans les salles des maîtres et des maîtresses - il est un terme qui revient de plus en plus souvent : celui d'«autorité». Non pas celle du régent craint par une classe de potaches, les bras croisés sur les pupitres - comme certains parmi nous, qui sommes des anciens, avons peut-être connue - mais une autorité reconnue par l'élève, par les parents et par les pouvoirs publics. L'autorité du maître est fonction de plusieurs facteurs: la personnalité et la qualité de l'enseignant! Ensuite, la qualité et la crédibilité des programmes scolaires, le soutien des autorités scolaires, le comportement des parents et des élèves et, bien sûr, l'aspect et l'ordre qui règnent dans les écoles.
Pour illustrer les propositions contenues dans cette motion, je citerai à titre d'exemples le débat qui s'engage sur le tutoiement à l'école et la demande - et ses conséquences! - de la Fédération suisse des associations d'enseignants de ne pas accepter la dépénalisation du cannabis et d'interdire les joints et autres pétards à l'école.
Une voix. Oh !
M. Gabriel Barrillier. J'ai lu cela dans le journal.
Enfin, chers collègues, le rétablissement du respect de l'élève à l'égard du maître d'école ne peut se concevoir que dans des établissements propres et bien entretenus. Les murs sinistres - allez au CEPTA voir comment cela se passe ! - et taggés de certaines écoles ne constituent pas un encouragement. Pour avoir lu le texte de la conférence de presse du Conseil d'Etat, je reconnais cependant qu'une première tentative est faite pour supprimer les tags dans deux collèges.
Pour toutes les raisons que je viens d'énoncer, le groupe radical vous prie de renvoyer cette motion à la commission de l'enseignement et de l'éducation. (Applaudissements.)
M. Jacques Baud (UDC). Comment a-t-on pu en arriver là ? C'est une question que je me pose bien souvent. A notre époque, l'école était une institution que l'on respectait, tout en la craignant quelque peu, car nous savions qu'il s'agissait d'un cap à franchir pour nous guider dans la vie.
Une voix. Bravo !
M. Jacques Baud. Or, que se passe-t-il aujourd'hui ? On mélange enseignement et éducation, et l'on veut nous faire croire que le système éducatif de notre jeunesse est devenu rétrograde et inadapté à de nouveaux publics. Nous passons ainsi de réforme en réforme, ce qui a provoqué une déstabilisation au niveau du corps enseignant, des parents et des élèves. La motion exprime bien le malaise auquel se heurte le système éducatif: plus de discipline, rébellion contre toute forme d'autorité, irrespect, actes violents tels que dégradation du matériel et des bâtiments, vols, injures ou encore agressions physiques! N'oublions pas que les jeux vidéos, le laxisme parental, l'impact de la télé et la disparition de valeurs ont gravement nui au climat scolaire.
On a voulu bannir le mot «autorité»! Les enfants sont ainsi devenus des rois sans repères. On demande aux élèves de se gouverner seuls, mais il est clair que les jeunes d'aujourd'hui sont moins résistants aux tensions et à l'échec. Les enseignants sont confrontés à des problèmes relationnels de plus en plus compliqués, tout en étant déstabilisés par des réformes pédagogiques. L'enseignant qui rencontre des problèmes avec ses élèves est, comme par hasard, un «prof' qui manque d'autorité», "qui n'est pas un bon pédagogue", «qui n'intéresse pas ses élèves»; le «prof'» est donc responsable de son propre échec. Ce n'est pas admissible de penser cela, enfin !
Rechercher systématiquement les causes du comportement irrespectueux d'un élève dans son passé, dans son environnement et dans sa psychologie fait que l'on n'ose plus le punir! L'élève qui a une mauvaise attitude étant forcément un élève «traumatisé», il ne faut donc pas le brusquer... Tout cela est dû au fait qu'une grande part de la société accepte l'impolitesse des enfants et des ados. (Brouhaha.)
Le rôle de l'enseignant n'est pas de mater ou de faire les élèves se tenir tranquilles, mais bien de favoriser la construction des savoirs. C'est ensemble qu'ils doivent oeuvrer à une tâche commune, chacun dans son rôle. Le corps professoral ne peut, à lui seul, faire face aux carences de parents irresponsables. L'école n'est pas un lieu où l'on dépose un enfant pour se débarrasser de son propre rôle qui, lui, est éducatif; l'école est un lieu où l'on transmet le savoir et où l'on enseigne comment l'acquérir. L'école n'est pas responsable face à la démotivation et aux violences des élèves. Elle me semble être devenue la victime impuissante des difficultés socio-économiques et familiales que vit notre système.
Mes collègues et moi-même restons convaincus que trop de réformes, ainsi qu'une évolution constante dans la manière d'enseigner, ne serviront à rien tant que le sens de la responsabilité et la conformité aux règles et aux valeurs ne seront pas réinstaurés dans la société et parmi les familles. Malgré un certain manque d'engagement dans cette motion, notre groupe la soutiendra. Respect ! (Quelques applaudissements.)
Mme Ariane Wisard-Blum (Ve). Le Grand Conseil vient de renvoyer à Mme Brunschwig Graf un rapport très complet sur la motion 1192 concernant l'état des relations enseignants-élèves, motion traitée par la commission de l'enseignement et de l'éducation pendant neuf séances. Tout aussi récemment, cette même commission a été saisie de la motion des radicaux demandant l'instauration d'un moratoire sur les réformes, dont le rapport figure à l'ordre du jour. Ainsi, depuis plus d'une année, les inquiétudes relevées dans la nouvelle motion qui nous est proposée aujourd'hui ont en grande partie été abordées. Le seul point qui n'a pas encore été discuté en commission est celui de l'état des bâtiments scolaires.
Sans vouloir nier certains problèmes soulevés par ce nouveau texte, comme par exemple les incivilités commises par une minorité, nous sommes à nouveau choqués par la vision très caricaturale et réductrice qui est donnée des différents partenaires de l'école; nous sommes heurtés par les propos de cette motion. Sur le fond, le texte proposé par le parti radical a un curieux goût de réchauffé: on croit assister à un film déjà vu. Après la motion «Le moratoire sur les expériences pédagogiques», voici «Les radicaux II - Le retour» dans la motion «L'autorité à l'école» avec, dans les rôles principaux, des vilains parents démissionnaires qui ne remplissent plus leur responsabilité d'éducateurs, des jeunes violents, indisciplinés, difficiles et mal éduqués, des enseignants fatigués, une hiérarchie inefficace, un climat de changement permanent appelé «réforme», cause de tous les maux, le tout dans un décor constitué de bâtiments scolaires délabrés.
Voilà donc les responsables du malaise de l'école selon les motionnaires, dont l'analyse manque, ma foi, un peu de recul! Et pourtant, souvenez-vous: il y a à peine dix ans, en pleine crise économique et de gouvernement monocolore, les radicaux tapaient allègrement, tout comme leurs alliés de l'Entente, sur ces enseignants qu'ils estimaient trop payés et trop impliqués dans les grèves de la fonction publique. Et je ne parle même pas de la durée des vacances des enseignants, sujet de grande moquerie pour certains!
Le budget attribué à l'école a été revu à la baisse, péjorant la qualité de travail et laissant l'école sans les moyens suffisants pour répondre aux difficultés qu'elle rencontrait déjà à l'époque. Les attaques dont cette profession a été victime ont laissé de profondes cicatrices. Elles ont encouragé une partie de la population à ne plus soutenir les enseignants, décrits alors comme les enfants gâtés de la fonction publique. Face à ce dénigrement, faut-il s'étonner aujourd'hui du peu d'engouement des jeunes pour cette profession, d'où la difficulté rencontrée par le DIP pour engager des remplaçants ou des nouveaux enseignants qu'il faut parfois recruter jusqu'à l'étranger ? Maintenant, ironie de l'histoire, les mêmes personnes qui dénigraient seraient les farouches défenseurs des enseignants et d'une école genevoise reformatée à leur vision de la société ! Et quelles solutions nous propose-t-on dans cette motion ?
Première mesure radicale: modifier l'article de loi sur l'instruction publique dans le but de rappeler et de redéfinir clairement les responsabilités de la famille en matière éducative et de suivi scolaire. La belle affaire que d'inscrire dans la loi ce que signifie être de bons parents ! Les signataires se sont bien gardés de reformuler eux-mêmes cet article; ils préfèrent laisser cette tâche périlleuse à d'autres. La plupart des parents assument courageusement ce difficile et magnifique rôle. Et, pour la minorité qui n'arrive pas à faire face à cette responsabilité, il ne suffit pas de quelques lignes dans la loi et de sanctions en cas de violation pour que les problèmes s'effacent comme par enchantement. La plupart du temps, ces familles vivent des situations sociales, économiques et affectives dramatiques. Ce sont souvent des femmes seules, sans aucun soutien familial, travaillant beaucoup et dont les horaires de travail ne leur permettent pas d'être suffisamment présentes auprès de leurs enfants. Trouvons donc ensemble des mesures de soutien plutôt que de rétorsion !
Deuxième mesure radicale: accroître les responsabilités des enseignants s'agissant tant des méthodes d'enseignement que de la discipline et des relations avec les parents d'élèves. Je ne vois pas qui va soutenir une telle dérive... Alors que le but de l'école est d'offrir un enseignement identique à tous les élèves - en tenant compte toutefois de l'individualité et de l'aptitude de chacun - vous nous proposez de donner carte blanche aux enseignants pour ce qui est de la pédagogie et de la discipline ! Il ne restera plus qu'à fixer des objectifs tout en ignorant les moyens utilisés pour les atteindre. Non merci !
Les Verts ne peuvent adhérer ni aux considérants, ni à la première partie des invites de cette motion. Mais je laisserai Mme Mahrer intervenir sur la partie concernant l'état des bâtiments scolaires. (Applaudissements.)
Le président. Le bureau vous propose de clore la liste des intervenants. Se sont inscrits Mme Janine Hagmann, Mme Anne Mahrer, M. Souhail Mouhanna, M. Patrick Schmied, M. Rémy Pagani, M. Jacques Follonier, M. François Thion et M. Thierry Apothéloz. Le Conseil d'Etat aura bien évidemment la parole pour conclure s'il le souhaite. La parole est à Mme la députée Janine Hagmann.
Mme Janine Hagmann (L). Voilà à nouveau une belle motion qui nous propose un vaste sujet de modèle de société dépendante d'une école idéale! En lisant les considérants quelque peu catastrophistes de cette motion, je me disais qu'il était tout de même plus facile de tenir une classe sans élèves qu'une classe occupée par vingt-cinq têtes blondes...
Cette parenthèse refermée, la commission de l'enseignement et de l'éducation se réjouit certainement de retravailler, avec un intérêt évident, ce sujet sur lequel elle s'est déjà penchée pendant plusieurs mois. Je dois préciser que cet intérêt est en grande partie dû aux intervenants de qualité que nous avons entendus et au fait que les radicaux, qui avaient présenté une motion assez proche de celle-ci, ont beaucoup travaillé leur motion telle qu'elle figure à notre ordre du jour et que nous avons pu accepter.
Je pense néanmoins qu'il sera extrêmement intéressant de relever ce que chaque commissaire imagine lorsqu'on lui parle de responsabilité familiale en matière éducative et de suivi scolaire... (Exclamations.)Tout est-il toujours dû à la faute de l'école ? Et quelles mesures prenons-nous dans cette enceinte pour améliorer le respect ? Je vous donnerai deux exemples.
Premièrement, grâce à l'imagination d'un exécutif communal, maire de la Champagne, une grande campagne a été lancée dont le titre est : «Le respect, ça change la vie». Cette campagne rencontre un vif succès. Le Conseil d'Etat in corpore, mon collègue de Berne, moi-même, ainsi que de nombreuses autres personnes y avons adhéré. Ne serait-il pas concevable d'affirmer que le respect change la vie, la politique, mais également l'école ? Une telle idée me semble intéressante.
Deuxièmement, je constate que nous avons vécu ce soir un événement assez intéressant: les garçons de plusieurs classes, venues à la tribune pour assister à nos débats, ont gardé leur casquette vissée sur leur tête. Ce comportement constitue à mes yeux un manque évident de respect. Or, ni les membres du bureau ni le président n'ont eu le courage de demander à ces jeunes d'enlever leur casquette. Et le port de la casquette était naturellement la faute de l'école... Il me semble que nous ne suivons pas toujours le bon chemin !
Cette motion comporte deux parties. La partie concernant les tags n'ayant, selon moi, aucun lien avec la première partie de la motion, il me semble qu'elle pourrait être immédiatement supprimée, cela d'autant plus qu'un projet de loi, déjà travaillé à la commission des travaux, va être repris et qu'une subvention sera versée pour combattre les tags. Une campagne antitags a par ailleurs débuté avec beaucoup d'effet dans deux cycles - le cycle des Coudriers et celui de la Gradelle.
En outre, je ne peux m'empêcher de relever dans l'exposé des motifs les propos suivants: les motionnaires constatent que les enseignants sont trop souvent amenés à faire davantage d'éducation que d'enseignement et qu'ils sont surchargés de tâches administratives car ils se voient imposer des réformes dont ils ne comprennent trop souvent ni la justification ni l'intérêt. Je vous rappelle que toutes les réformes de l'enseignement primaire ont été basées sur la volonté des titulaires de classes et que toutes les écoles qui se sont lancées en projets d'écoles l'ont fait de manière libre. Il ne s'agit donc pas d'une imposition !
Nous aurons beaucoup de plaisir à retravailler le contenu de cette motion en commission, mais nous ne pouvons pas attribuer tous les maux qui y sont décrits à l'école d'aujourd'hui. (Applaudissements.)
Mme Anne Mahrer (Ve). Depuis le temps que je travaille au cycle d'orientation, et du fait que j'y ai apparemment survécu, j'ai presque l'impression d'être une rescapée !
Je ne reviendrai pas sur les considérations pédago-éducatives de la motion, mais sur les nettoyages, l'entretien et la maintenance des bâtiments scolaires. Sans tomber dans un «propre en ordre compulsif» et tout en poursuivant une éducation au respect du bien public, les équipes de nettoyage devraient être renforcées; les concierges devraient quant à eux être présents pendant les horaires scolaires et rattachés au DIP. Les bâtiments des années 70, cycles d'orientation notamment, ont besoin d'être rénovés, les classes et les couloirs repeints et des mesures prises concernant les économies d'énergie. Certains bâtiments sont des passoires !
Quant au langage des murs, ces calligraphies codifiées appelées «tags», elles s'expriment surtout sur les murs extérieurs des lieux publics et en-dehors des heures scolaires. Les mesures à prendre pour lutter contre leur prolifération sont largement exposées dans le rapport cité hier dans le point de presse du Conseil d'Etat. Seront-elles efficaces ? Peut-être ! A condition que l'on ne dise pas aux «ados» - mentionnés comme tels cités dans ledit rapport - que les tags sont bêtes et méchants et qu'ils peuvent être interprétés comme les symptômes d'une société malade. Les ados apprécieront et taggeront leur réponse sur les murs fraîchement nettoyés...
Je propose de renvoyer cette motion à la commission des travaux.
M. Souhail Mouhanna (AdG). Mesdames et Messieurs les députés, je trouve que le groupe radical se réveille peut-être un peu trop tard...
M. Pierre Kunz. Six mois, hein !
M. Souhail Mouhanna. Oui, oui... Cher Pierre, tu vas être servi, attends un tout petit peu ! (Rires.)
Je voudrais rappeler que les élèves passent environ 20% de leur temps dans les écoles et les 80% restants à l'extérieur de l'école. Les problèmes de la société ne s'arrêtent par conséquent pas aux portes de l'école, et les jeunes les vivent au quotidien, comme nous tous.
Je me souviens d'un débat qui a eu lieu, il y a un peu plus de dix ans, au sujet d'un projet du Conseil d'Etat. Ce projet, présenté par un ancien conseiller d'Etat de l'instruction publique et intitulé «Préserver l'essentiel», proposait une réduction de 10 à 12% des ressources de l'école publique - la réduction proposée était, en réalité, beaucoup plus importante, car le conseiller d'Etat ne savait pas s'il s'agissait de francs courants ou de francs constants. A cette époque s'était constitué un mouvement d'opposition de la part des enseignants, des élèves et des parents face à cette politique de restriction budgétaire en raison des dégâts que cette dernière provoquerait immanquablement au niveau de l'instruction publique. Je me souviens d'ailleurs d'une conférence de presse durant ces manifestations, à l'occasion de laquelle une journaliste bien connue en son temps, chroniqueuse au Journal de Genèvepuis journaliste à la Tribune de Genève, m'avait demandé les raisons d'une telle mobilisation en me faisant remarquer que l'école publique disposait de moyens considérables. Je lui ai expliqué que c'était précisément ces importants moyens qui permettaient à notre école publique d'éviter le sort réservé, entre autres, aux établissements de certaines banlieues françaises; ces manifestations visaient par conséquent, lui ai-je expliqué, à préserver l'école publique et la qualité de l'enseignement, à éviter une dégradation de cette école, et pour éviter que l'école ait davantage besoin de policiers que d'enseignants. Le lendemain, voici ce qu'a retenu la journaliste : «Décidément, M. Mouhanna, toujours aussi pessimiste, prévoit des policiers à la place des enseignants». Voilà ce qui avait été dit à l'époque! Aujourd'hui, en prenant connaissance de la motion du groupe radical, j'ai l'impression que même la caricature de cette journaliste est en train de se réaliser !
Et ce que je reproche au groupe radical, c'est qu'il ne s'interroge pas sur les cause de la situation actuelle dans les écoles. Il se trouve que je suis enseignant depuis une quarantaine d'années, dont environ trente-cinq à Genève; or je n'ai pas l'impression que l'image des élèves, des parents et des enseignants, qui est reflétée à travers cette motion soit correcte.
Je voudrais relever également que le groupe radical a mentionné, dans son premier considérant, qu'«une part importante des enseignants primaires et secondaires souffre d'épuisement émotionnel et d'un manque de soutien de la part des autorités» ! Eh bien, je vous félicite de vous en rendre compte! En effet, combien de fois avons-nous entendu et lu dans la presse, durant les années nonante, la description des privilèges immoraux dont disposaient les enseignants ! Avec tant de privilèges... on attend les candidats! Or vous reconnaissez aujourd'hui que la situation est difficile. Mais le groupe radical tient un double discours puisque, tout en demandant un certain nombre de dépenses - ce que je soutiens, car il est nécessaire d'effectuer un certain nombre de travaux pour assurer le bon état des locaux - il ne cesse de déposer des projet de lois et des motions visant à réduire les ressources de l'Etat!
Je souhaite à cet égard vous communiquer quelques chiffres tirés d'une brochure, bien connue par Mme la cheffe du département de l'instruction publique puisqu'il s'agit de celle de l'«Enseignement à Genève». En premier lieu, les dépenses du DIP rapportées au revenu cantonal sont passées de 8,5 à 6,9% entre 1992 et 2000, soit une diminution de 20%. En deuxième lieu, les dépenses du DIP rapportées aux dépenses de l'Etat sont passées de 31 à 26% entre 1992 et 2001, alors même que le canton de Genève a accru sa population de plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Ces chiffres ne tiennent, en outre, pas compte de l'inflation. Si l'on divise ce montant par habitant et qu'on le calcule en francs constants, les ressources dont dispose l'instruction publique genevoise ont diminué de près de 25% !
Je tiens également à relever qu'il est difficile d'exiger des jeunes qu'ils soient respectueux et qu'ils acceptent l'autorité lorsqu'ils voient leurs parents éjectés - comme des kleenex - des entreprises, alors que des casseurs d'entreprises partent en emportant avec eux des dizaines de millions! 170 millions pour un certain directeur d'ABB et des dizaines de millions pour certaines entreprises! Quand on voit le mépris qu'on a des travailleurs - et des enseignants, au niveau de certaines hiérarchies! Je ne dis pas au niveau de l'ensemble du DIP, mais de certaines hiérarchies. Eh bien, quand on voit le mépris que certains affichent à l'encontre des travailleurs en général, à l'encontre des gens victimes de cette société ou de l'argent roi... Et l'on voudrait que les gens soient respectueux et acceptent l'autorité de ceux qui devraient montrer l'exemple et, justement, le montrent pas! Et là, je ne saisis pas de quelle manière la motion radicale fait le lien entre la situation dans les écoles et la situation sur le plan économique et social au niveau de notre société.
Cela étant dit, je me réjouis d'entendre le groupe radical dans le cadre d'un travail de commission pour voir jusqu'où va sa sincérité. Je le rejoins sur de nombreux éléments, mais j'attends de lui une plus grande cohérence quand il s'agira de discuter des ressources devant être affectées à l'instruction publique.
M. Patrick Schmied (PDC). Nous sommes dans l'ensemble favorables à cette motion,car elle s'inscrit dans le mouvement général de rétablissement du respect dû à l'école et aux enseignants en tant que représentants de l'Etat, mais surtout en tant que personnes.
En ce qui concerne la partie de la motion traitant des bâtiments, je trouve quelque peu courte la proposition de Mme Mahrer de résoudre le problème avec davantage de peinture et de concierges. Nous vous proposerons donc d'envoyer cette motion à la commission de l'enseignement et de l'éducation.
Je souhaite cependant émettre une critique aux auteurs de la motion... (Protestations.)Nous retrouvons dans les considérants l'épouvantail des réformes, cette hydre informe qui, dans l'exposé des motifs, devient même la cause principale de tous les problèmes d'incivilité à l'école. Mais il me semble un peu trop facile de mettre tous les problèmes sur le dos de cet épouvantail! Il est par ailleurs très étrange que cette accusation émane des personnes mêmes qui prônent le retour de la responsabilité individuelle des enfants, des parents et des enseignants. On sait que les quelques tentatives du DIP pour faire acte d'autorité ont presque toujours été combattues par les enseignants et les syndicats. S'il faut donc chercher des coupables à la situation détestable que nous vivons actuellement - et cela est à la mode de chercher des coupables, car il en faut toujours - luttons tous ensemble, mais ne nous réfugions pas derrière cette grande excuse nommée réforme !
Je voudrais également faire remarquer que la motion qui nous occupe ce soir n'a pas pris la peine d'attendre le résultat de sa grande soeur, à savoir la motion qui réclamait un moratoire sur ces réformes. Les travaux de notre commission ont montré la grande difficulté qu'il y avait tant pour les motionnaires que pour le département à formuler ce que le terme de "réforme" recouvrait. Ces travaux se sont conclus en demandant au DIP de mieux expliquer et d'évaluer ces réformes.
Renforçons donc l'autorité de l'école, renforçons le soutien aux enseignants, mais ne nous trompons pas de cible en concentrant le tir sur les réformes et attaquons-nous aux vrais problèmes sur le terrain, même si cette démarche est plus longue et plus difficile que de s'acharner sur des moulins à vent !
M. Jacques Follonier (R). Les nombreux discours entendus ce soir montrent à quel point le sujet de l'enseignement touche tant les députés que la population.
Il est vrai que les mesures instaurées par cette motion ont déjà obtenu une réponse partielle puisque, comme l'a souligné le député Gabriel Barrillier, une bonne partie des décisions de rénovation des cycles et des bâtiments scolaires va sans doute prendre le bon chemin, ce qui permettra de remettre de l'ordre dans lesdits bâtiments.
En revanche, je ne suis pas d'accord avec les propos de Mme la députée Wisard au sujet de la première invite qui, à mon sens, conserve toute sa pertinence, et beaucoup plus peut-être que ce qu'on pourrait soupçonner. Il est vrai que la motion 1192 traitait des rapports entre les enseignants et les élèves, mais, ici, la première invite touche plus particulièrement les rapports entre les enseignants et les parents. Et c'est peut-être là que la commission de l'enseignement aura un rôle important à jouer.
En effet, comme vous le savez certainement, diverses enquêtes, menées principalement par le SRED, ont fait apparaître une grande difficulté entre les prestations fournies par les enseignants et les attentes des parents; le décalage entre ces deux groupes est tel que nous nous trouvons maintenant confrontés à un dilemme relativement grave qui pourrait remettre en cause une partie importante des réformes. Le fait que la majeure partie du travail des enseignants relève de l'éducation et du social alors que les parents souhaitent ardemment que leurs enfants acquièrent une formation de base, une transcription et une donnée claire des connaissances causent un décalage qui doit être corrigé. Il ne s'agit pas de mes propos, mais de ceux du SRED. Et le SRED, vous le connaissez comme moi, est tout à fait honnête et, d'ailleurs, dépendant département de l'instruction publique. Nous aurons dès lors en commission un travail important à effectuer sur ce sujet. C'est principalement pour cette raison que je vous demande de renvoyer cette motion à la commission de l'enseignement et de l'éducation.
M. François Thion (S). Je dois avouer que je ne reconnais pas mon école dans la description de l'école genevoise brossée par les radicaux. J'ai l'impression que l'on parle d'une école d'une banlieue française...
Une voix. Et encore !
M. François Thion. Et encore, c'est vrai ! En tous les cas, je ne reconnais pas l'école genevoise. Avez-vous des statistiques concernant le nombre croissant d'élèves «violents» ? En vingt-cinq ans d'enseignement, j'en ai toujours vu. S'il est vrai que les médias abordent davantage cette question et qu'il existe une plus forte inquiétude par rapport à cela, je n'ai en toute honnêteté pas constaté une forte croissance de la violence dans les écoles que je fréquente - et je ne m'y rends pas durant une seule journée. Je conviens, en revanche, de l'augmentation de tags sur les murs des bâtiments scolaires. (Brouhaha.) (Le président agite la cloche.)La vision de l'école décrite dans cette motion ne me semble pas être objective. (Protestations.)
Cette motion demande par ailleurs un renforcement de l'autorité, comme si les enseignants n'en exerçaient aucune autorité. Or, un certain nombre de députés qui se sont rendus dans mes classes savent que les enseignants en ont encore! Mais il est sans doute nécessaire de passer un peu plus d'une journée dans une école pour s'en rendre compte.
Une voix. Oui, exactement !
M. François Thion. Il faut en revanche agir pour remédier aux problèmes - et il en existe - des élèves désorientés, «paumés». Je ne crois pas que le renforcement de l'autorité - de doyens et de directeurs - permettra de faire quelque chose. Il s'agit plutôt de renforcer le rôle des conseillers sociaux ou des conseillers d'orientation, et ceci non seulement dans l'enseignement secondaire supérieur, mais aussi dans l'enseignement primaire. Il faut également également... (Brouhaha.)Excusez-moi, mais, dans ma classe, les élèves m'écoutent ! (Rires et applaudissements.)La discipline est partout... Si vous voulez donner des leçons sur la discipline, commencez par m'écouter ! (Protestations.) (Le président agite la cloche.)
J'en viens maintenant aux parents. Il y a un certain nombre de parents qui, parce qu'ils sont stressés par leur travail ou parce qu'ils se retrouvent au chômage, éprouvent beaucoup de difficultés à faire face à l'éducation de leurs enfants et à suivre la scolarité de ces derniers. Une des solutions consisterait à créer des lieux de dialogue permettant aux parents de discuter avec des assistants sociaux, avec des enseignants, entre eux également, pour voir comment faire face à l'éducation, ce qui n'est pas toujours à un certain âge.
Quant aux enseignants, je tiens à rappeler que nous nous trouvons actuellement dans une période de renouvellement. Beaucoup de jeunes enseignants qui débutent maintenant se sentent dans une certaine insécurité, car ils ont entendu de nombreuses mises en garde. Il convient de leur offrir une formation. Il faudrait que les anciens...
Une voix. Les très anciens !
M. François Thion. Les très anciens, j'ai entendu ! (Rires.)...puissent leur donner un coup de main. Un laps de temps est donc nécessaire dans notre travail pour pouvoir prendre en charge ces nouveaux enseignants et leur apprendre le métier, notamment de dialoguer avec les jeunes, ce qui n'est, je le redis, pas toujours facile.
J'en viens au dernier volet de la motion qui a attiré mon attention: la cigarette, la drogue, l'alcool, etc. Les écoles font actuellement tout ce qui est en leur pouvoir pour lutter contre ces substances. Les moyens manquent essentiellement... Ce n'est pas de la répression, c'est de la prévention qu'il faut exercer! Il existe toutefois des lacunes, non pas en termes de répression mais en termes de prévention. Je vois des gamins qui fument maintenant des «clopes» à dix ans en sortant de l'école ! Il est donc indispensable de mener des actions préventives dès l'école enfantine et primaire, et pas trop tard!
Très honnêtement, je ne sais pas ce qu'il convient de faire avec cette motion. Je suggère de la jeter et d'en refaire une qui soit meilleure ! (Applaudissements.)
M. Thierry Apothéloz (S). Je tiens tout d'abord à remercier mon collègue François Thion pour son témoignage de terrain qui vous a apporté des éléments tout à fait essentiels sur le fond de ce débat. Mes préopinants ayant également pu le faire, je m'attaquerai donc plutôt à la forme de la motion qui vous est soumise ce soir.
J'aimerais tout d'abord remercier le groupe radical pour la régularité de ses motions sur l'enseignement. (Brouhaha.)En effet, tous les quatre, cinq, six mois, ils nous pondent une motion sur l'enseignement avec tout ou rien - malheureusement souvent avec rien... (Vives protestations.) (Le président agite la cloche.)
Quel but cherche-t-on à atteindre avec une telle motion, que je dois malheureusement qualifier de fourre-tout ? De fourre-tout, en effet, car on y aborde pêle-mêle la démission parentale, les réformes, la hiérarchie, le nettoyage des bâtiments ou encore la consommation d'alcool et de drogue. Comment, alors que certains membres de l'Entente se plaignent en commission de l'enseignement d'empiéter sur les sujets, pouvoir traiter cette motion de façon efficiente sans y passer un nombre de séances incroyable pour un résultat plutôt maigre? Ce résultat sera d'autant plus maigre que, comme l'a signalé Mme Wisard, nous venons de rendre un rapport signé par M. Follonier sur le moratoire d'une motion radicale. Je tiens à préciser que le travail en commission, tout comme ledit rapport, a été de bonne qualité. C'est pourquoi je trouverais déplacé de renvoyer ce soir une nouvelle motion en commission de l'enseignement. Je ne partage, pour ma part, pas le plaisir de Mme Hagmann de retraiter les mêmes sujets, et avec les mêmes personnes, et qui nous rediront les mêmes choses, cela encore une fois pour un résultat plutôt maigre!
Je regrette également que le groupe radical n'ait pas le courage de ses convictions sur l'enseignement. En effet, il demande dans sa première invite au Conseil d'Etat de modifier l'article 5 de la LIP. Alors, Mesdames et Messieurs les députés radicaux, osez déposer un projet de loi de modification de l'article 5, et nous verrons à ce moment-là quelle position vous prendrez pour arriver à cela !
Je trouve un peu facile que le groupe radical, une fois de plus, nous soumette des choses qui n'ont pas beaucoup de sens et servent de fourre-tout.
Je terminerai en assurant que nous sommes pleinement conscients des difficultés rencontrées par certains élèves, certains enseignants et certains directeurs dans la gestion des bâtiments et des élèves. Nous ne fermons absolument pas les yeux vis-à-vis de la situation scolaire, au contraire ! Le travail en commission sur la dernière motion radicale le prouve bien. Je ne suis toutefois pas d'accord avec les motionnaires et vous demanderai, par conséquent, de ne pas entrer en matière sur cette motion qui n'amènera aucun élément constructif.
Je crois saisir à l'instant que des collègues radicaux entendent déposer un projet de loi sur l'article 5 de la LIP, ce dont je me réjouis. Cette intention renforce mon idée de ne pas accepter d'entrer en matière, d'autant moins que, concernant l'une des invites, je vous rappelle que le Conseil d'Etat prévoit un crédit extraordinaire d'investissement de plus de cinq millions avec des projets-pilotes...
Une voix. Ca fait trois ans que ça roupille !
M. Thierry Apothéloz. ... Dans deux cycles d'orientation, avec un certain nombre de mesures tant au niveau de la prévention qu'au niveau de la répression. Je vous demande donc instamment de ne pas entrer en matière sur cette motion.
Le président. La liste des orateurs ayant été close il y a déjà fort longtemps, je ne donnerai pas la parole à M. le député Follonier mais la cède à Mme la conseillère d'Etat Brunschwig Graf.
Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. Mon intervention sera brève car mon collègue Moutinot semble avoir une chance de voir traiter quelques points en attente depuis un certain temps ! (Brouhaha.)
Vous choisirez vous-même le nombre d'heures que vous consacrerez aux objets suivants, mais j'aimerais tout de même soulever quelques sujets qui me semblent importants. J'ignore, Mesdames et Messieurs les radicaux, ce qui vous permet d'affirmer de façon aussi péremptoire que les enseignants souffrent d'un manque de soutien des autorités. Le fait que certains enseignants éprouvent ce sentiment ne signifie pas que les autorités se désintéressent d'eux. Ces motions à répétition me gênent, non pas par les sujets qu'elles abordent - car je pense qu'ils doivent effectivement être abordés - mais par les considérants, souvent tellement déqualifiants qu'il semble difficile d'ouvrir un véritable débat.
L'école genevoise possède ses qualités, ses défauts et ses difficultés. Il faut cependant se rappeler, et les personnes qui se trouvent sur le terrain vous le confirmeront, que 95% des élèves vont bien. Il faut également rappeler qu'un très grand nombre d'enseignants aiment leur métier, le pratiquent bien et jusqu'au bout; que des directeurs prennent plaisir à leur institution, même dans les difficultés; que des cadres du département s'engagent au quotidien; qu'enfin, à la tête du département, une conseillère d'Etat prend plaisir à son activité sur le terrain et dans l'ensemble de l'institution.
Il faut également rappeler que la situation ne correspond pas toujours et partout au portrait dressé par la motion. Reconnaître les difficultés ne revient pas à présenter les situations difficiles comme étant une généralité. Oui, certaines mesures doivent être prises, mais j'aurais mieux accueilli cette motion si ses auteurs avaient pris la peine de reconnaître les actions qui sont menées par le département! S'ils ont passé tant d'heures en commission, à auditionner, et même à remercier le département pour un certain nombre de travaux, j'aurais souhaité que l'on retrouve parfois ces éléments dans les motions déposées.
Prenons l'exemple de ces fameux tags: le Conseil d'Etat a effectivement, il y a deux ans de cela, déposé un projet de loi. Ce dernier se trouve actuellement en commission, car les députés ont décidé, à un moment donné, de suspendre leurs travaux et d'exiger le dépôt d'un projet pédagogique pour pouvoir poursuivre et voter le crédit - ce projet devait en effet permettre de décider les députés à voter la réfection des bâtiments. L'élaboration de ce projet ne s'est pas avérée totalement inutile, puisqu'elle a permis de réunir autour d'une même table responsables des bâtiments, enseignants et directions. Les uns et les autres ont ainsi pu prendre conscience qu'il ne suffisait pas de nettoyer les murs, mais qu'il convenait également d'en prendre soin. Si vous vous promenez à travers la République, vous constaterez que certains bâtiments sont taggés alors que d'autres ne le sont pas. Les murs de certaines écoles se trouvant dans des milieux parfois très difficiles sont vierges de tags, alors que ceux d'écoles situées dans des endroits très favorisés sont, malheureusement, totalement maculés! Cela reflète un engagement, une attention quotidienne, une motivation ainsi qu'un appui et une reconnaissance pour les actions menées.
C'est pourquoi j'éprouve quelques difficultés à soutenir cette motion. J'ai le sentiment qu'elle souligne les problèmes existants, mais qu'elle ne relève jamais les actions menées pour parer à ces problèmes. Pour ne parler que des enseignants et du département, je vous informe que nous menons de concert avec les enseignants justement - en commençant par les associations professionnelles - une enquête pour leur permettre de s'exprimer sur leur métier, leurs sentiments, leurs souhaits, ainsi que sur les éléments susceptibles d'être améliorés. Parce que menée en silence et en concertation, cette enquête n'a aucune valeur sur le plan politique! C'est pourtant ainsi que l'on avance, et dans le département, et dans l'école genevoise!
Je préfère donc prendre vos préoccupations comme une marque d'intérêt. Je ne saurais toutefois trop vous recommander d'éviter la caricature si nous voulons continuer à parler d'école dans ce Grand Conseil. Les personnes qui travaillent sur le terrain le savent, rien n'est simple! Le traitement des questions scolaires mérite donc un peu d'esprit et de finesse. Vous savez parfois en faire preuve. J'espère que cela en sera davantage le cas à l'avenir concernant l'école. (Applaudissements.)
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons été saisis de deux demandes de renvoi en commission successives: une première en commission de l'enseignement et de l'éducation, une seconde en commission des travaux. Je commence par vous faire voter le renvoi en commission de l'enseignement et de l'éducation, cette demande ayant été présentée par les auteurs de la motion. Procédons par vote électronique pour que les choses soient claires!
Mise aux voix, cette proposition de motion est renvoyée à la commission de l'enseignement et de l'éducation par 42 oui contre 28 non et 3 abstentions.
Le président. Comme il nous reste encore quelques minutes, nous traiterons du point 20 de notre ordre du jour, après quoi nous nous arrêterons. La parole est limitée à cinq minutes par groupe puisqu'il s'agit d'un débat de préconsultation. Je cède la parole à M. le député Mark Muller.