République et canton de Genève

Grand Conseil

IUE00040
(Réponse du Conseil d'Etat)Interpellation urgente écrite de M. Rémy Pagani : Stade et centre commercial de la Praille : non-respect des exigences de sécurité pour la protection du public (Réponse du Conseil d'Etat)

M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. L'interpellation de M. Pagani me donne l'occasion de rappeler que les risques présentés par la gare de la Praille sont jugés inacceptables par la CIRMA depuis 1993 déjà. Vous vous souvenez que c'est à peu près à cette époque qu'un certain nombre de pétitions des habitants, de Lancy notamment, avaient été envoyées à ce Grand Conseil.

Lorsque je suis entré en fonctions, il y a cinq ans, j'ai demandé, devant l'inaction des CFF à vouloir résoudre ce problème, que le canton, lui-même, aille de l'avant. Cela s'est concrétisé par une étude du Bureau Ecoscan sur les risques générés par la gare de la Praille. C'est donc le canton qui s'est ici substitué à la Confédération pour faire ce travail, et cela a débouché sur ce rapport Taylor que vous citez dans votre interpellation.

Au vu de cette étude, le Conseil d'Etat, par une lettre du 15 septembre 1999 adressée à M. Leuenberger, a exprimé ses craintes face au danger présenté par la gare de triage de la Praille et a sollicité des CFF une analyse de risque au sens de l'ordonnance sur la protection contre les accidents majeurs, l'OPAM.

Cette demande du canton de Genève a été à l'origine de la création du groupe de travail «Sécurité des gares de triage» présidé par l'OFT, l'Office fédéral des transports, qui réunissait outre les collaborateurs de l'OFT ceux de l'Office fédéral de l'environnement, des CFF, du laboratoire cantonal bernois et de l'Association suisse d'inspection technique, ainsi que deux délégués du canton de Genève. Le but était d'arriver à un rapport succinct OPAM spécifique aux gares de triage.

Après quatorze séances de travail étalées sur deux ans, le groupe a atteint l'objectif fixé et a rédigé un certain nombre de documents, dont je vous épargne la liste, simplement pour vous dire que, dans le dernier rapport, les auteurs, le Bureau Emch + Berger, ont décrit les installations et l'environnement, déterminé les risques et, enfin, proposé des mesures concrètes pour mettre en oeuvre les mesures de sécurité voulues.

L'Office fédéral des transports, après une demande formelle qui a été faite par le canton de Genève par la voix du président de la CIRMA et de l'ingénieur cantonal, a validé ce rapport le 23 octobre 2002.

C'est dire, pour répondre à votre première question, que cette étude de risques est aujourd'hui achevée.

Deuxième objet de la question: le concept global de sécurité. Ce concept a fait l'objet d'un mandat que le canton de Genève a confié à une entreprise qui s'appelle Securetude et qui est chargée d'établir le concept global de sécurité du site de la Praille.

Ce concept global a conduit à l'examen des utilisations possibles du stade, de la sécurité des installations et des utilisateurs. Un ensemble de mesures a été évalué, d'où il suit toute une série de mesures que, dans la limite des trois minutes qui me sont imparties, je ne vais pas pouvoir vous décrire toutes, mais elles sont à votre disposition.

Elles portent aussi bien sur les questions liées aux grandes manifestations, sur celles liées à la zone commerciale, à la protection aussi du public, outre les risques qui peuvent être dû au danger autour de la gare de triage, les mesures de protection inhérentes aux grandes manifestations, les mesures de sécurité, etc.

J'en viens maintenant au centre commercial et de loisirs de la Praille. La construction de ce centre, vous l'avez rappelé, a été subordonnée au préavis de la CIRMA et à une liste exhaustive des mesures à prendre, qui visent à permettre son exploitation en toute sécurité.

L'ouverture, le 13 novembre, subordonnée à la mise en application de toutes ces mesures, a été autorisée par une décision de la CIRMA qui a considéré que l'ensemble des exigences posées en ce qui concerne le centre commercial étaient remplies en quasi-totalité. On parle de 95%, et celles qui, pour quelques jours encore, ne sont pas remplies, ont fait l'objet de mesures organisationnelles, notamment la mise en place d'agents spécialisés, de personnes qui suppléent aux deux ou trois dispositifs techniques qui n'étaient pas encore en place, tels des poignées de porte ou des boutons pressoirs ou des objets de ce genre. Tout cela sera réglé prochainement.

En l'état actuel, toutes les mesures préconisées par le rapport Taylor et confirmées par Emch + Berger, ainsi que toutes celles nécessaires à l'exploitation du complexe en toute sécurité et en accord avec les exigences de la CIRMA sont en cours de mise en oeuvre par le biais du Bureau spécialisé.

Pour le centre commercial et de loisirs, elles doivent l'être, le 16 novembre, c'est-à-dire demain, pour l'intérieur du centre, et le 15 février, pour le rideau d'eau.

L'édification d'un mur entre la gare et le complexe pour éviter la dispersion de gaz lourds au niveau du sol avait été effectivement envisagée, à l'époque, comme vous le rappelez dans votre interpellation.

Cette mesure a fait l'objet d'un examen. Il s'avère que la mise en place d'un rideau d'eau tout au long de l'interface, gare de la Praille / complexe centre commercial, permet de manière équivalente, de se prémunir contre les atteintes d'une fuite de gaz toxique plus lourd que l'air. Cette mesure de mise en place d'un rideau d'eau satisfait pleinement aux critères de l'OPAM pour l'ensemble du site et donc a été validée par la CIRMA.

De plus, la décision prise par la CIRMA a été de préconiser l'installation de canons à eau destinés à éviter un BLEVE. Il s'agit de ces grandes boules de feu qui peuvent se former en cas d'accident avec des matériaux qui sont hautement inflammables.

Cette mesure de lutte à la source du risque est la plus efficace et profite, non seulement, au complexe mais aussi protège tout le voisinage. Donc, on sort d'une logique de protection de ce complexe pour rentrer dans une logique de sécurisation du site, ce que notre gouvernement demande depuis 1993.

Les canons à eau, malgré tous les efforts consentis à ce jour, ne seront pas opérationnels à l'ouverture du stade. Pour pallier ce manque, des mesures de compensation seront prises par les CFF sur ordre de l'office fédéral des transports qui est l'autorité compétente, afin qu'une situation de BLEVE ne puisse pas ce produire.

J'ajoute qu'encore une fois, comme nous l'avons fait pour le centre commercial, nous allons consulter la CIRMA au moment de l'ouverture du stade et que, bien sûr, le préavis de sécurité qui nous sera rendu à cette occasion sera rigoureusement suivi.

Le président. Je rappelle que pour le Conseil d'Etat comme pour les députés, en principe, il y a trois minutes pour la réponse.

Cette interpellation urgente écrite est close.