République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 19 septembre 2002 à 17h
55e législature - 1re année - 11e session - 57e séance
IU 1291
M. Christian Brunier (S). On le sait, les banques suisses annoncent de nombreux licenciements et on sait aussi qu'à Genève le secteur bancaire représente environ 10% des emplois. En conséquence, la situation de l'emploi est fort inquiétante pour notre canton et demande donc de la part des autorités une attention toute particulière et un sens de l'anticipation relativement peu coutumier en matière politique. Les estimations des pertes d'emploi varient: certains en annoncent 500 à Genève, certains 1000, d'autres 1500. Qu'en est-il ?
Mes questions sont les suivantes:
A combien le département évalue-t-il les pertes d'emploi dans ce secteur ?
Quel est l'état des négociations entre le département de l'économie, voire le Conseil d'Etat, et le secteur bancaire pour essayer de traiter cette mauvaise affaire le mieux possible ?
Quel est le plan d'action de l'office cantonal de l'emploi pour répondre à cette problématique ?
Et, finalement, une question qui concerne le département des finances: peut-on estimer la perte fiscale que représentent ces licenciements relativement massifs ?
M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. Le problème que vous évoquez, Monsieur le député, me préoccupe autant que vous. En effet, la crise dans le secteur bancaire est forte en ce moment et je suis persuadé qu'il y aura encore des licenciements. Ils sont annoncés. Il y a aussi, dans d'autres secteurs, des réductions d'horaire de travail qui ne sont pas un bon signe.
D'une manière générale, alors que le nombre des emplois a augmenté à Genève depuis trois ou quatre ans d'une manière très forte, beaucoup plus forte que dans le reste de la Suisse, nous sommes aujourd'hui dans une impasse.
Je peux estimer à environ un millier déjà les employés du secteur bancaire, tous confondus, qui sont au chômage. Il s'y ajoute aussi des gens qui travaillent avec le secteur bancaire, à savoir des consultants, des petites entreprises d'informatique, etc. Et, là aussi, il y a un millier de chômeurs en plus.
Quelle stratégie adopter ? C'est là une grande question qu'on doit se poser. Aujourd'hui, il est difficile de prévoir des formations qui débouchent sur des emplois, puisque tout le secteur de l'emploi souffre à Genève. Au point de vue stratégique, j'ai demandé au Conseil stratégique du développement économique, que vous avez vous-même mis sur pied l'an dernier, en présence de Genève Place financière, de tenir une prochaine séance avec eux et d'essayer de dégager des pistes pour l'avenir. Comment peut-on recycler ce personnel ? Nous nous y attachons.
Deuxième aspect: comment réussir à maîtriser ce chômage ?
De 1998 à juillet 2001, le nombre de chômeurs est passé de 16 000 à 8000. Depuis le 11 septembre 2001, nous avons enregistré une augmentation du nombre de chômeurs d'environ 3500. Et, là, je ne tiens pas compte des licenciements qui sont en train d'avoir lieu à travers les annonces, notamment, de la fusion Darier et Hentsch et Lombard Odier, de la banque UBP avec la Discount Bank. Cela va encore augmenter.
Je suis aujourd'hui dans une situation où je ne peux plus travailler, car je manque d'effectifs. Lorsque le chômage diminuait, ces effectifs dans le fond, on les avait gardés en réserve. Je ne les ai plus aujourd'hui. Je viendrai devant la commission des finances avec un plan stratégique au niveau de l'emploi, parce que je ne peux pas accepter que des collaborateurs aient, comme l'avait signalé d'ailleurs M. Beer lors de sa dernière intervention sur les comptes, entre 150 et 160 dossiers à traiter. On en est là aujourd'hui avec la nouvelle croissance du chômage.
En commission des finances, j'essaierai de vous dire ce qu'il me faut pour traiter ce chômage, mais j'avoue que c'est très difficile parce qu'on ne sait pas très bien où orienter les gens aujourd'hui, dans quel secteur, quelle formation leur faire suivre, puisque tous les secteurs sont un peu en déperdition...
Enfin, à combien se monte la perte fiscale due à ces licenciements ? Il est trop tôt pour le dire, mais il faut savoir qu'avant cette crise le secteur bancaire à Genève rapportait à peu près 26% à 28% des recettes fiscales du canton de Genève.
Cette interpellation urgente est close.