République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 27 juin 2002 à 17h
55e législature - 1re année - 10e session - 47e séance
IU 1284
M. Sami Kanaan (S). Ma deuxième interpellation s'adresse à M. Cramer, en charge du respect des normes de protection de l'air, respectivement des systèmes d'alerte. Nous avons cru comprendre récemment, sur la base d'un article paru dans un quotidien de la place, que le système d'alarme en matière de dépassement des valeurs limites, par exemple en matière d'ozone, n'était pas aussi opérationnel qu'il devrait l'être. C'est à confirmer.
Mes questions sont les suivantes:
Oui ou non, y a-t-il un problème dans le système de mesure et donc d'alarme en cas de dépassement des valeurs limites ?
A ma connaissance, il semble que les valeurs limites ont été largement dépassées en matière d'ozone, en particulier durant la semaine du 17 au 24 juin, vu la canicule. Dans ce cas, aurait-il fallu prendre des mesures ?
Je vous rappelle qu'il s'agit d'un enjeu de santé publique majeur et que, s'il s'avérait que le service d'alerte ne fonctionnait pas, ce serait à peu près aussi inquiétant que si l'on apprenait aujourd'hui que le 117 ou le 118 ne fonctionne pas. Il s'agit d'un enjeu de santé publique en particulier pour les personnes qui ont des difficultés respiratoires.
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Comme mon collègue Pierre-François Unger l'a indiqué tout à l'heure, nous n'avons que trois minutes pour répondre. S'agissant de l'ozone, c'est peu de temps parce que c'est une question complexe.
J'irai donc à l'essentiel de vos questions - mais nous pourrons peut-être prolonger cet échange en dehors de cette salle et hors micro - pour vous dire, premièrement, qu'à Genève nous avons très probablement le système d'installations le plus dense au monde pour mesurer la qualité de l'air. En tout cas, il faut beaucoup chercher pour en trouver un meilleur. En effet, sur un si petit territoire, nous avons neuf installations fixes, en plus des installations mobiles et des petits capteurs que nous installons pour mesurer certains polluants. Donc, oui, nous avons un bon système à Genève.
Deuxièmement, nous avons un système d'alerte beaucoup plus sophistiqué qu'ailleurs en Suisse. Il y a quatre ans, au moment où dans l'Union européenne on avait installé les systèmes pour mesurer l'ozone, l'été avait été très chaud - je m'en souviens, car c'étaient mes premières vacances de conseiller d'Etat - et sur mon lieu de vacances je recevais des rapports de service presque quotidiennement. De façon à ce que le public reçoive des informations homogènes, nous avons instauré à Genève un système d'alerte très comparable à celui qui existe dans l'Union européenne, avec un premier seuil à 120 microgrammes, où je suis prévenu s'il est atteint. Un deuxième seuil à 180 microgrammes où, s'il est atteint, nous informons la population. La France, elle, connaît un troisième seuil à 350 microgrammes, qui du reste n'a jamais été atteint et qui est un seuil où l'on commence à imposer un certain nombre de restrictions en matière de circulation.
La difficulté que nous avons découverte, c'est que les mesures prises dans tout le système suisse sont fondées sur la prévision: on a un système de captage et on prévient la population en lui annonçant ce qui se passera le lendemain. Or, la semaine dernière, il s'est trouvé que les prévisions étaient erronées, en tout cas sur un point de captage. Alors qu'on nous annonçait que, sur le territoire du canton de Genève et en Suisse romande, nous serions toujours en dessous d'un seuil de 180, nous nous sommes trouvés en réalité, sur un point de captage, bien au-delà de 200. Cela montre que la prévision ne marche pas aussi bien qu'elle devrait, d'autant que cette prévision se fait à Payerne et qu'en fait on l'adapte pour Genève. A cet égard, vous devez savoir que, depuis plusieurs mois, nous avons lancé un mandat pour essayer de faire une prévision à Genève, profitant de ce réseau dense que nous avons. Nous sommes en train d'en développer le dispositif et je suis déjà en mesure de vous indiquer que, d'ici la fin de l'année ou au début de l'année prochaine, nous aurons la capacité de faire des prévisions à Genève, adaptées à Genève, avec nos appareils genevois. C'est donc une bonne nouvelle.
Il reste un dernier point à éclaircir. Doit-on continuer à se fonder sur des prévisions ou ne devrait-on pas plutôt se fonder sur les valeurs réelles mesurées ? On voit bien que se fonder sur les valeurs réelles mesurées complique un peu les choses pour donner l'alerte. A mon sens, nous devrions faire les deux. C'est-à-dire que, lorsque nous nous rendons compte que la réalité ne correspond pas exactement aux prévisions, nous devrions en tenir compte. Nous réfléchissons en ce sens.
En conclusion, nous allons nous efforcer d'améliorer encore notre système d'alerte. Cela devrait pouvoir se faire ces prochains mois. A ce sujet, nous avions déjà pris des contacts avec la presse pour modifier le système d'alerte dès cet automne. Il est clair que les derniers pics d'ozone imprévus que nous avons connus cette dernière semaine nous incitent à aller de l'avant encore plus rapidement.
Un dernier mot très important: à aucun moment, la santé de la population n'a été sérieusement mise en péril ces derniers jours. On parle d'un pic de 200, ce qui est beaucoup. Cependant, il y a une dizaine d'années, les pics étaient à 500; donc, globalement, nous sommes quand même dans une situation dont je ne dirai pas qu'elle est bonne, mais qui n'est pas alarmante.
Cette interpellation urgente est close.