République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 30 mai 2002 à 17h
55e législature - 1re année - 8e session - 39e séance
PL 8675-A
Premier débat
M. Antoine Droin (S). Lors d'une récente séance de commission, j'ai été rappelé à l'ordre par quelques commissaires au sujet de l'emploi d'une expression : société civile. On m'opposait qu'il n'existe que 2 sociétés : la société judiciaire et la société militaire. Bien que ne partageant pas cet avis, je ne m'étendrai pas sur ces dénominations. Je préfère l'appellation de société militante, de société solidaire ou mieux encore de société citoyenne.
C'est cette société citoyenne qui, par exemple, lors de la Révolution, lors de Mai 68 ou, plus récemment, par des concerts de casseroles a témoigné qu'elle ne voulait plus d'une certaine société politique ou militaire. Ces minorités majoritaires ont eu la force, quelques fois violente mais toujours convaincante, d'affirmer que la société des quidams, la société de Monsieur et Madame tout-le-monde, la société de vous et moi, avait son mot à dire. Un des effets importants de la mondialisation est sans nul doute un nouveau réveil des sociétés militantes. Le risque de voir la machine du monde économique et social s'emballer et de voir se creuser une société à deux vitesse a suscité un élan de réactions à travers le monde qui s'est concrétisé lors de manifestations comme à Gênes, à New-York, à Genève, à Davos et ailleurs.
Des sommets parallèles ont eu lieu à Davos et à Porto Allegre, notamment. Ils ont eu le mérite de démontrer que les sommets des cols blancs pouvaient ne jamais rencontrer la société. Sans rencontre, il n'y a pas d'échange et pas de partage sur la construction d'un mode de vie social, non pas à deux vitesses, mais à une seule vitesse, indétectable au radar des plus puissants.
Arriver enfin à définir les mécanismes de coopération entre la société de tous et les organisations internationales apparaît donc comme l'unique moyen de se mettre d'accord et de favoriser le lancement d'initiatives de partenariat concerté.
Genève est probablement le seul état au monde à augmenter considérablement sa contribution à la solidarité internationale. Elle reste ainsi fidèle à son image humaine et ouverte sur les citoyens du monde et leur devenir. Le Forum de la société civile est donc une initiative extrêmement importante, comme le relève le rapporteur, non pas pour Genève en tant que telle, mais pour l'avenir de la planète.
Mesdames et Messieurs, ne nous arrêtons pas à la futilité des mots, mais votons ce projet de loi pour que, du 14 au 19 juillet prochain, le Forum social puisse se dérouler dans les meilleures conditions. Un signe concret de notre parlement est aussi une juste récompense aux très nombreuses personnes de la société militante qui s'engagent sans compter et qui croient à un avenir meilleur et concerté pour tous.
La loi 8675 est adoptée en trois débats, par article et dans son ensemble.