République et canton de Genève

Grand Conseil

IU 1214
(Réponse du Conseil d'Etat)Interpellation urgente de Mme Sylvia Leuenberger : Radioactivité : existe-t-il un rapport sur les cas de cancer de la thyroïde durant les 15 dernières années ? (Réponse du Conseil d'Etat)

M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Comme vous le savez, tragiquement, quatre ans après l'accident de Tchernobyl, dans les régions limitrophes, l'incidence du cancer de la thyroïde a augmenté, particulièrement chez l'enfant, alors même que le cancer de la thyroïde est une tumeur très rare chez l'enfant. L'incidence du cancer de la thyroïde a augmenté jusqu'à cent fois dans les régions limitrophes de Tchernobyl.

Une seule étude européenne a été réalisée. Malheureusement, elle n'a jamais porté sur le cancer de la thyroïde, mais sur l'éventuel déclenchement de leucémies et de lymphomes, pour lesquels aucune augmentation n'a pu être mise en évidence.

D'autres études européennes ont été réalisées par la suite, mais tardivement. Je vous rappelle que l'accident de Tchernobyl avait entraîné dans les cinq ans une augmentation des cancers de la thyroïde, localement.

Ces études sont malheureusement soumises à des aléas méthodologiques d'une certaine importance. Le premier tient aux doses d'irradiation reçues en moyenne par les populations d'Europe occidentale, qui ont été faibles au regard de celles de la région de Tchernobyl.

Deuxièmement, la maladie, en l'occurrence le cancer de la thyroïde, en particulier chez l'enfant, représente moins d'un cas par million d'habitants par année, ce qui en fait une détection relativement rare et donc difficile.

Enfin, une augmentation séculaire, pour laquelle aucune explication scientifique plausible n'est à ce jour disponible, existe en matière de cancer de la thyroïde: les taux ont doublé entre la fin du XlXe siècle et le début de celui-ci.

Pour ces raisons, la mesure d'une augmentation effective de la fréquence des cancers thyroïdiens consécutive à l'accident de Tchernobyl à Genève est absolument impossible... Monsieur le président, pourrions-nous avoir un petit peu d'ordre? Je vous remercie.

Le président. Les députés de l'Alliance de gauche, à qui je lirai l'article 162 du règlement tout à l'heure, sont priés de bien vouloir faire silence et d'écouter M. le conseiller d'Etat Unger!

M. Pierre-François Unger. Merci, Monsieur le président. A Genève, Madame, 436 cas de cancer de la thyroïde ont été diagnostiqués en trente ans, entre 1970 et l'an 2000, ce qui correspond à environ 15 cas par année. Vu la rareté de la maladie, il est probable qu'une réelle augmentation, mais qui forcément serait faible, ne pourrait même pas être mise en évidence au niveau d'une étude englobant toute la Suisse parce que les nombres sont trop petits.

En ce qui concerne la surveillance de la radioactivité dans le sol et dans l'environnement en général, les mesures correspondantes relèvent, comme vous le savez, de la compétence de la Confédération et, vous l'avez signalé, ContrAtom s'était bien adressé à la bonne porte, c'est-à-dire à la Confédération.

Par contre, en matière de denrées alimentaires, la compétence est cantonale. Ainsi, le service de la protection de la consommation surveille constamment la radioactivité dans les champignons, les champignons étant un assez bon reflet de ce qui se passe probablement au niveau du terrain. Un effort particulier a été fait en 1999, avec des mesures effectuées également sur des champignons provenant de cueillettes privées de la région genevoise. A une exception près, les teneurs en césium 134 et 137 étaient basses. La valeur de tolérance de l'ordonnance sur les substances étrangères et les composants est de 600 becquerel: les mesures étaient inférieures à 70 becquerel par kilo.

Sur 88 échantillons en provenance des divers pays européens, tous ont été déclarés conformes, à l'exception d'un échantillon de bolets secs provenant de Pologne et rapporté par un particulier, où la radioactivité mesurée s'est élevée à presque 20 000 becquerel par kilo, ce qui représente indiscutablement une vraie contamination.

En l'an 2000, 87 échantillons ont été analysés, 31 en 2001: chaque fois, les taux étaient bas, inférieurs à 100 becquerel.

La situation est donc à ce jour normale, pour autant que ces mesures soient le reflet de la situation réelle. Les résultats sont rassurants mais la surveillance, vous l'aurez compris, reste nécessaire.

Cette interpellation urgente est close.