République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1254-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition pour un quartier et une route de Malagnou plus sûrs et moins bruyants
Rapport A: Mémorial 1999, p. 9206

Débat

M. Christian Brunier (S). Le nouveau gouvernement doit, malheureusement pour lui, assumer les erreurs du passé et en l'occurrence il doit assumer le lourd héritage de l'ancien patron du DJPT. A la lecture du rapport, il semble que la situation soit idyllique: on lit en première page que le Conseil d'Etat s'est penché avec attention sur les causes défendues par les pétitionnaires, plusieurs mesures ont ainsi été prises dans le but d'améliorer la sécurité routière dans ce secteur. Le DJPT affirme en outre que depuis 1993 la situation s'est sensiblement améliorée dans le quartier et le long de la route de Malagnou.

Je vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à faire une sorte d'exploit: essayer de traverser cette route à la hauteur de la rue Henri-Mussard ou à la hauteur du chemin de Roche. Vous verrez, Mesdames et Messieurs les députés, que la sécurité routière est loin d'être réalisée. Je vous rappelle par ailleurs qu'une série d'interpellations avaient été déposées dernièrement dans cette enceinte, relatives au manque de sécurité sur cette artère. Les réponses du département, à nouveau, étaient parfaitement rassurantes. Je vous les rappelle : la vitesse moyenne est inférieure à 50 km/h; il n'y a que 7% d'infractions liées à la vitesse, ce qui est dans la moyenne cantonale. Pourtant, en parallèle, une étude a été menée par une société qui s'appelle RGR et qui a été mandatée par la Ville de Genève et l'OTC. Les résultats de cette étude n'ont rien à voir avec ce que nous avait dit le patron du département de l'époque. J'en cite quelques-uns: à la hauteur du numéro 81 de la route de Malagnou en direction de la France, 55% des automobilistes ont été mesurés à plus de 50km/h. On est loin des 7% d'infractions... A minuit, ce sont 88% des automobilistes qui roulent à plus de 50 km/h. Ici aussi on est très loin des chiffres donnés par le département.

Vous me direz que sur la voie en direction de Genève le trafic est beaucoup plus calme ! A la même hauteur, en direction de Genève cette fois, ces mesures indépendantes signalent 34% d'automobilistes roulant à plus de 50 km/h en journée et 73% à minuit. Vous me direz encore que c'est un tronçon où l'on peut rouler vite. Je prends donc un autre secteur: à la hauteur du 25, route de Malagnou, c'est-à-dire en bas de cette artère. On obtient des chiffres tout à fait comparables puisque, de nuit, 56% des automobilistes roulaient au-delà de la vitesse autorisée et 60% dans la direction de Genève.

Bref, comme on le voit, la sécurité n'est vraiment pas établie sur cette artère. Il y a, je vous le rappelle, des écoles de chaque côté de cette route. Pour lutter contre ces excès de vitesse, le rapport indique que la gendarmerie poursuit des contrôles, au moyen de radars mobiles, dans le cadre de ses disponibilités et dans le cadre de ses missions générales. Je peux vous dire qu'il n'y en a pas souvent...

Le rapport qui nous est soumis n'est vraiment pas acceptable et nous serions tentés de le renvoyer au Conseil d'Etat. Néanmoins, depuis sa rédaction, les affaires avancent: le Conseil d'Etat s'est enfin mis au travail - cela est dû sans doute au changement à la tête du département des transports - et toute une série de mesures sont mises en place en collaboration avec la Ville de Genève. Je crois qu'il serait utile que M. Cramer communique aux députés la liste de ces mesures et le détail du plan d'action. Ceci nous permettra de prendre acte de ce rapport.

M. Robert Iselin (UDC). En ce qui concerne la remarque selon laquelle le Conseil d'Etat se serait mis au travail, je me demande si ce n'est pas précisément parce que la majorité est maintenant véritablement bourgeoise.

M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Je ne vais pas commencer à faire de l'arithmétique devant vous. En tout cas politiquement, la majorité du Conseil d'Etat n'a pas changé d'une législature à l'autre. (Brouhaha.)

En ce qui concerne la route de Malagnou, le rapport qui vous a été adressé et qui a été déposé le 25 octobre 2001 rend compte de certaines mesures qui ont été prises et de certaines mesures projetées. Vous voyez à la fin de ce rapport, sous la lettre e, que des études complémentaires sont menées avec le concours de la Ville de Genève. Le rapport énumère les domaines dans lesquels elles seront menées. Il s'agit des domaines qui préoccupent le plus les pétitionnaires: la diminution des nuisances sonores, les aménagements urbains, les nouveaux revêtements et les potelets pour empêcher le passage de véhicules sur les trottoirs, notamment à la rue des Contamines.

Ce que je peux vous dire, c'est que ces travaux, dont on vous annonçait qu'ils étaient en cours, avancent et avancent bien, M. Brunier y faisait allusion tout à l'heure. Nous avons associé les pétitionnaires aux démarches et aux réflexions que nous menons avec la Ville de Genève et nous en sommes maintenant au stade où toute une série de propositions en matière d'aménagement, c'est-à-dire des propositions qui vont marquer cette route, sont présentées dans les groupes de travail auxquels participent les pétitionnaires. Aujourd'hui, nous n'avons pas encore retenu de façon définitive les variantes; il nous importe beaucoup que ces variantes puissent être ratifiées par les pétitionnaires et je peux en tout cas vous assurer que le Conseil d'Etat, et plus particulièrement l'OTC, est tout à fait sensible à la situation de la route de Malagnou. C'est effectivement un endroit où l'on doit prendre des mesures, et même des mesures d'importance, pour assurer tout d'abord la sécurité et pour assurer aussi que les riverains de cette route soient victimes de nuisances sonores les plus réduites possibles. Il va de soi que sur une pénétrante de ce type on n'arrivera jamais au résultat auquel on souhaiterait arriver, mais la situation telle qu'elle est aujourd'hui est totalement insupportable.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.