République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 21 mars 2002 à 17h
55e législature - 1re année - 6e session - 25e séance
IU 1220
M. Robert Iselin (UDC). Cette interpellation urgente s'adresse au Conseil d'Etat et, nommément, à M. Cramer et à Mme Brunschwig Graf. Elle concerne le film sur l'accueil des réfugiés pendant la guerre de 1939-1945. Ceux des membres de ce parlement que le sujet intéresse ont eu l'occasion, récemment, de visionner ce film en avant-première, film qui doit être diffusé à la télévision le 24 mars 2002 et qui servira, semble-t-il, ultérieurement dans les écoles à l'édification des jeunes générations.
L'action menée par un quarteron de réactionnaires, pour reprendre l'expression de Mme Salika Wenger, ancienne députée, concernant le film particulièrement scélérat, projeté en 1997 par la Télévision romande, intitulé: «L'honneur perdu de la Suisse», rien moins, a conduit à la condamnation que l'on sait de la TSR, Idée suisse, par le Tribunal fédéral. M. Claude Torracinta, sous l'égide duquel le film sur l'accueil des réfugiés a été tourné, a naturellement pris ses précautions pour ne pas subir les mêmes mésaventures que la TSR. Le film a donc été habilement saupoudré de déclarations par des personnes respectables qui donnent à l'oeuvre un semblant d'équilibre.
Il n'empêche que, pour un citoyen qui a vécu les années 1939 à 1945, l'oeuvre produite demeure bien unilatérale. Le professeur Favez, dont on aurait attendu une déclaration plus équilibrée, attribue d'entrée de cause la paternité du fameux «J» dans les passeports des juifs allemands aux négociateurs suisses, alors que la question est à tout le moins controversée, nombre d'historiens considérant que cette proposition venait des Allemands et que M. Rothmund, pour lequel celui qui vous parle n'a, au demeurant, aucune sympathie, était opposé à ce système, ayant bien perçu ce qu'il risquait d'introduire dans notre législation: une notion raciste.
On a ensuite droit naturellement à une allusion concernant le soi-disant antisémitisme du général, lequel, en 1940, a pris des mesures contre les immigrés juifs qui risquaient d'être utilisés par les nazis - tous les moyens étaient bons, n'est-ce pas, pour infiltrer nos défenses - en omettant évidemment de mentionner que le premier adjudant de ce même général était un juif pratiquant: le major Meyer.
Enfin, les scènes qui constellent le film ont assez unilatéralement pour sujet les passages difficiles de la frontière. Ils l'étaient et il fallait vaincre ces barbelés, si utiles à l'époque, qui donnent de l'urticaire à la gauche. De même, les refus de réfugiés - certains ont abouti à Auschwitz, c'est vrai - et d'autres traitements peu acceptables.
Dans l'autre sens, aucune séquence scénique sur des actions de secours et d'accueil, telles que nous les avons connues, seulement quelques déclarations de personnes bien pensantes et dévouées...
Le président. Vous êtes au bout de votre temps, Monsieur. Dépêchez-vous, concluez !
M. Robert Iselin. ...que les nouvelles générations considèrent facilement comme peu crédibles. Seules font le poids, parmi celles-ci, et je tiens à la remercier ici, les déclarations de Mme Fivaz-Silbermann qui rappelle que quelque neuf cents juifs - ce sont toujours neuf cents de trop - sur les vingt-quatre mille réfugiés, juifs et non juifs, qui se sont présentés...
Le président. Allez à votre question, Monsieur, s'il vous plaît, sinon, je serai obligé de couper votre micro !
M. Robert Iselin. ...à la frontière genevoise, ont été refoulés !
Ma question est celle-ci, je «saute» les quelques paragraphes restants:
Quelles mesures le Conseil d'Etat entend-il donc prendre pour que les opinions et vues des générations de la guerre soient également entendues par les élèves? Pour ma part, je suis prêt, et je prie Mme la conseillère d'Etat en charge du département de l'instruction publique de le faire savoir aux intéressés, à me rendre avec le plus grand plaisir dans toutes les classes qui en feront la demande pour représenter les opinions de ma génération.