République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 20 septembre 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 11e session - 41e séance
IU 1122
M. Thomas Büchi (R). Mon interpellation s'inscrit dans le prolongement de celle faite par notre collègue Michel Halpérin. Je me contenterai de rajouter une ou deux choses. Je voudrais que M. Ramseyer puisse nous répondre tout à l'heure.
Face à l'insécurité croissante, j'ai relevé un article datant du 13 septembre, dans la «Tribune de Genève», dans lequel les risques d'attentats nucléaires sont évalués. Cette vision est relativement apocalyptique. Je vous en cite un tout petit paragraphe : «D'ailleurs, le général russe Alexandre Lebev annonçait publiquement en septembre 1997 que l'armée russe avait perdu la trace de plus d'une centaine de bombes nucléaires d'un kg/tonne ayant chacune la taille d'une valise.» On ne se fait pas trop d'illusions sur l'endroit où une partie de ces charmants attachés-cases se trouvent. Or Genève, de par sa situation internationale très particulière, est peut-être plus exposée que d'autres villes suisses, c'est même sûr.
Monsieur le conseiller d'Etat, que se passera-t-il si la Confédération n'apporte pas toute l'aide prévue pour garantir la sécurité à Genève ? Envisagez-vous de faire débloquer des fonds supplémentaires pour assurer la sécurité ? Il est évident qu'avoir des enquêteurs compétents pour identifier d'éventuels réseaux dormants sur notre territoire est une nécessité. Il convient d'agir avec la plus grande sévérité afin de voir clair dans cette problématique.
Réponse du Conseil d'Etat
M. Gérard Ramseyer. Monsieur le député, je ne vais pas répondre trop longuement à votre question qui reflète l'inquiétude qui est la nôtre quant à la situation de Genève en tant que capitale européenne de l'ONU.
Je ne veux pas m'étendre sur le risque nucléaire. On dépasse là les ressources d'un canton comme le nôtre et on se retrouve au niveau fédéral. Genève est une vitrine pour la Suisse. C'est la raison pour laquelle elle est l'objet de toute l'attention de la Confédération en matière de sécurité.
Actuellement, Genève est considérée comme la ville d'Europe la plus sûre après Vienne. C'est la raison pour laquelle les diplomates, les membres des organisations internationales, gouvernementales, non gouvernementales apprécient Genève.
C'est la raison pour laquelle l'OMC elle-même souhaite tenir une session normale et ordinaire au mois de janvier prochain. C'est la raison pour laquelle c'est Genève qui en 2003 accueillera le Sommet mondial des télécommunications et c'est la raison pour laquelle Genève est constamment sollicitée pour accueillir toutes sortes de séances, parce que l'on sait que la sécurité y est bonne.
L'insécurité dont vous parlez, Monsieur le député, est un sentiment. Je ne reviendrai pas ici sur ce qui le motive. La sécurité est affaire de statistique. Vous savez que depuis dix ans la situation à Genève n'a pas bougé, n'a pas empiré, ce qui, en soi, est déjà un succès. J'en viens à votre question.
A ma connaissance, il n'est pas d'actualité que la Confédération discute l'aide qu'elle apporte en matière de sécurité à Genève. Je vous l'ai dit : lundi dernier, j'ai rencontré Mme Metzler et quelques-uns de mes collègues d'autres cantons. Dans les programmes de la Confédération, le nombre de gardes de sécurité diplomatique est de cent vingt. Je rappelle que les GSD sont une idée genevoise. J'ai défendu ce projet à Berne avec succès et cent vingt gardes, c'est quand même une énorme force supplémentaire quand on sait que nous avons huit cents gendarmes. Simplement, si nous obtenons cent vingt gardes dans cinq ans, cela n'ira pas. D'où ce que je viens de dire, soit la volonté d'obtenir cent vingt gardes dans un laps de temps beaucoup plus réduit.
L'autre problème que vous soulevez est d'une nature toute différente. Garder des sites sensibles, c'est une chose. Mener des enquêtes préventives destinées à déceler et identifier des réseaux nous permettant d'intervenir en amont, bien avant que ne se produisent les attentats, c'est un problème de police judiciaire, c'est un problème de police fédérale aussi. C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, deux télévisions américaines sont venues enquêter à Genève pour savoir si nous avions mis sous surveillance particulière telle ou telle personnalité. La réponse est : peut-être, mais ce n'est pas le canton qui ordonne ces surveillances, c'est le pays. J'aimerais donc vous dire que lorsque j'évoque des forces de police judiciaire supplémentaires ou groupes d'investigations spéciales, c'est parce qu'il faut des compétences particulières. C'est le travail de la Suisse. S'il faut travailler avec d'autres pays, c'est Schengen, ce sont des réseaux qui sont aux USA, en Afrique noire, en Asie centrale...
C'est pour cela que ce sentiment d'impuissance, que je partage avec vous, est angoissant. L'on sait que la réponse n'est ni ici, ni au gouvernement, ni sur le territoire genevois, elle est à un autre niveau. Cela ne nous empêche pas de rappeler à la Berne confédérale quels sont ses devoirs. Cela ne nous empêche pas, nous, de travailler pour que la sécurité à Genève reste ce qu'elle est : exemplaire pour l'instant, mais, je vous l'accorde, vulnérable.
Cette interpellation urgente est close.