République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 28 juin 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 10e session - 32e séance
IU 1099
M. Pierre Vanek (AdG). Mon interpellation urgente s'adresse au Conseil d'Etat, tout particulièrement à M. Gérard Ramseyer.
J'ai appris que les habitants du goulet de Chêne-Bourg se sont repliés dans un campement sur la place Favre, sans d'ailleurs gêner le reste des activités qui pourraient se dérouler là-bas, simplement pour continuer à manifester leur existence. Ils revendiquent en particulier, ce qui est légitime, d'être relogés et d'obtenir des locaux pour leurs activités. J'ai cependant entendu parler - le Conseil d'Etat nous confirmera l'éventuelle réalité de ces rumeurs, je ne sais d'ailleurs comment les appeler - d'évacuation musclée de ces campeurs de la place Louis-Favre.
Eu égard à la manière dont ce dossier a été traité, cette évacuation serait particulièrement inopportune ! Ce serait une faute politique et je demande, en particulier à M. Ramseyer, dont on connaît la finesse et l'intelligence politique... (Brouhaha.)
La présidente. Monsieur Vanek, il vous faut conclure, cela fait trois minutes !
M. Pierre Vanek. Tout à fait !...je demande donc à M. Ramseyer s'il entend donner des indications à la police pour que ces personnes puissent demeurer sur cette place jusqu'à ce qu'une solution de relogement soit trouvée, ceci dans l'optique que j'ai indiquée tout à l'heure.
Réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente 1098
M. Laurent Moutinot. Monsieur Vanek, je reprends vos questions dans l'ordre où vous les avez posées.
Premièrement, il est clair que le Conseil d'Etat condamne catégoriquement les incendies criminels qui ont eu lieu dans le goulet, comme tout incendie criminel d'ailleurs. L'enquête menée à la suite de ces infractions est en cours. Je n'ai pas d'autres informations à ce propos. Le Conseil d'Etat a écrit mercredi à l'association des habitants des trois Chêne pour lui exposer ce que je viens de vous dire.
Deuxièmement, quelles ont été les mesures prises en ce qui concerne la sécurité ? Outre les rondes de police après l'incendie nocturne de lundi dernier, j'ai demandé qu'une entreprise de sécurité soit mandatée pour assurer une présence toute la nuit sur place. J'avoue ne pas avoir imaginé qu'un incendie pourrait être perpétré de manière criminelle durant la journée et, à partir du moment où il y a eu ce malheureux second incendie, le samedi après-midi, nous avons donné l'ordre, samedi soir, d'une surveillance constante, jour et nuit, du périmètre.
Troisièmement, vous m'avez demandé ce qu'il en était du logement et du relogement, tant pour l'habitat que pour les activités pratiquées dans le goulet. Il faut rappeler que nous avions, à un moment donné, entamé des discussions visant à ce que ces relogements se déroulent tranquillement pendant la fin des procédures aboutissant à la démolition et la reconstruction. A cette époque, en 1999, les habitants ont préféré adopter une autre position que celle de négocier leur départ, c'est-à-dire de se battre pour essayer de rester. C'était leur choix. Ils l'ont assumé. Ils ont été jusqu'au bout et ils ont perdu au Tribunal fédéral.
On peut difficilement me demander aujourd'hui de tout reprendre à zéro, comme s'il ne s'était rien passé. Cela étant, aucune des personnes quittant actuellement ce lieu ne s'est inscrite à l'office cantonal du logement, mais j'annonce ici - elles ont déjà reçu l'information - que nous avons, pour chacune d'entre elles, un toit, qui n'est pas un toit commun, mais un toit tout de même, car nous avons assez d'appartements et de studios pour les reloger. Ainsi, je n'admettrai pas d'entendre dire que nous laissons des gens à la rue. Ce qui est vrai, c'est que l'habitat en question ne correspond pas forcément au type d'habitat qu'ils souhaitent. Nous disposons cependant de cette solution.
Ensuite, en ce qui concerne les activités du goulet, je suis parfaitement d'accord de soutenir une proposition qui permette à ces activités de se poursuivre, tout comme l'Etat aide mille et une associations d'artistes, d'artisans, de gens qui font de la culture alternative. Cela implique quand même - je le répète, car je l'ai déjà dit - que l'on veuille bien me fournir un dossier pour que je sache ce que l'on me demande. Nous ne l'examinerons pas dans un esprit négatif, compte tenu des quelques problèmes que nous avons rencontrés, mais nous ne l'examinerons pas non plus dans un esprit particulièrement positif, compte tenu des autres demandes. Nous l'examinerons avec l'objectivité que nous devons avoir à l'égard de toutes demandes qui nous sont adressées.
Voilà, Mesdames et Messieurs les députés, la réponse que je peux faire aux différentes questions de M. le député Vanek.
L'interpellation urgente 1098 est close.