République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1284-A
21. Rapport de la commission de l'enseignement et de l'éducation chargée d'étudier la pétition contre la suppression des cours de cuisine à l'Ecole Jean-Piaget. ( -) P1284
Rapport de Mme Nelly Guichard (DC), commission de l'enseignement et de l'éducation

Sous la présidence de Mme Marie-Françoise de Tassigny, la Commission de l'enseignement et de l'éducation s'est réunie les 17 mai, 26 juin et le 30 août 2000 pour traiter la pétition 1284 contre la suppression des cours de cuisine à l'Ecole Jean-Piaget. Mme M. Extermann, directrice générale de l'enseignement secondaire postobligatoire, a suivi les travaux de la commission.

Mme Bolle explique que les cours de cuisine dispensés à l'Ecole de culture générale Jean-Piaget ont été créés pendant la deuxième guerre mondiale. A l'époque, leur but était de permettre aux femmes de se débrouiller en ces temps difficiles. Par la suite, ces cours ont connu un grand essor, 45 cours dans les années 70. Dans les années 80, ces cours sont plutôt devenus des cours de loisirs, des lieux axés plus sur le contact que sur l'apprentissage. Depuis quelques années, le public a changé, de même que la demande. Les participants viennent plutôt pour apprendre à gérer des situations, tels par exemple des pères de famille.

Elle signale que le nombre de ces cours a diminué durant ces dernières années, passant de 24 cours, dont la finance d'inscription s'élevait à 30 F en 1986, à 6 cours et demi, dont la finance d'inscription se situe entre 200 F et 250 F selon la durée hebdomadaire du cours, en 2000.

M. Delfosse indique que l'essentiel du texte de la pétition explique bien le problème qui se pose. Il a signé la pétition non pas dans l'espoir de pouvoir continuer à suivre le cours de cuisine, mais pour exprimer son souci de le voir disparaître, alors qu'il représente un lieu riche du point de vue des liens sociaux et de l'apprentissage culinaire. Il estime que si le cours s'arrête, certaines personnes ne pourraient pas en suivre ailleurs en raison des frais d'inscription demandés.

M. Widmer abonde dans le même sens et précise qu'il s'agit d'un lieu ouvert et social, où les participants échangent beaucoup. De nombreuses nationalités et diverses couches sociales s'y retrouvent. De surcroît, le cours aborde aussi l'aspect diététique et équilibré de la cuisine.

Mme Presti à suivi un cours ailleurs, mais n'a pas pu le poursuivre jusqu'à son terme, parce qu'il n'est pas facile de suivre un tel cours pour une personne handicapée. Il faut qu'il soit organisé à sa mesure et à son rythme. Ce qu'elle a trouvé à Jean-Piaget.

A la demande d'une députée, Mme Bolle précise que les cours sont de fait déjà terminés, mais un arrangement a pu être trouvé, à la demande des participants. Ils ont pu louer les locaux et terminer le cours à fin juin, date de la prise de retraite de Mme Bolle.

Elle explique aussi que son cours est un cours à la carte, élaboré selon les attentes des participants. C'est à la fois un moyen de rencontre et un lieu pour acquérir des notions d'alimentation saine.

M. Delfosse confirme que la fréquentation de personnes d'horizons et de conditions sociales très divers amènent des échanges intéressants et enrichissants. Les hommes qui suivent de tels cours sont souvent des veufs ou des pères chefs de famille.

Pour éviter des problèmes d'emploi pour certains enseignants, les cours libres s'arrêtent au fur et à mesure du départ à la retraite des enseignants concernés. La broderie et la couture disparaîtront donc d'ici 2002 à 2003.

Une députée se demande quelle proportion des frais induits est couverte par le montant de 200 F à 250 F par semestre. Mme Bolle lui répond que la participation des élèves a permis d'encaisser 30 050 F et que le nombre de places par cours est de 12 au maximum.

Pour répondre à une autre question d'une députée, Mme Bolle précise que le nombre des élèves est en constante augmentation, mais depuis 1986, le département a exprimé sa volonté de diminuer le nombre de ces cours libres, pour donner la priorité à la culture générale du soir. Au fur et à mesure des départs à la retraite, les cours ont été supprimés.

Pour répondre à une autre question Mme Bolle affirme que ces heures de cours ne manquent pas dans le planning des élèves à plein temps de l'école.

Mme Extermann rappelle qu'il s'agit de situer ces cours de cuisine dans un contexte historique et plus particulièrement dans le contexte de l'école ménagère, en particulier celle de la rue Rousseau. La majeure partie des cours libres sont issus de l'esprit de l'école ménagère, raison pour laquelle ils ont été donnés par la suite à l'école de culture générale. Ces cours sont libres car il nécessitent une inscription semestrielle, le payement d'une taxe d'inscription et il n'y a pas de diplôme à l'issue de la période d'enseignement.

Elle constate que les choses ont bien changé depuis que l'offre de formation pour adultes a augmenté, qu'elle s'est diversifiée : IFAGE, article 41, par exemple. Compte tenu de cette diversité, il est apparu que ces cours libres s'adressant aux adultes ne faisaient pas partie des priorités de l'école publique, raison pour laquelle, il y a eu une diminution de leur nombre au cours de ces dernières années.

Elle signale que les enseignants concernés par ces cours enseignent par ailleurs dans divers établissements, notamment à l'ECG, au SCAI, à la SGIPA ou à l'EAD. Le département a donc progressivement procédé à des transferts. Les postes utilisés en faveur de ces cours libres pour adultes ont été transférés dans les établissements du postobligatoire.

Mme Extermann précise que le coût des cours libres de cuisine pour l'année 1998-1999, pour 71 heures, se monte à 350 000 F, alors que les participants ont versé respectivement 30 0000 F et 60 000 F au cours des deux dernières années.

Du fait que certains enseignants ne dispensaient que des cours libres pour adultes, le département a décidé que des cours seraient maintenus jusqu'au départ à la retraite de leurs titulaires. Pour la rentrée 2000, il y avait encore deux poste et demi.

Pour répondre à une députée, Mme Extermann explique encore que Mme Bolle donne trois heures de cours libre et sept heures aux élèves de Jean-Piaget. En réponse à une autre question, elle précise qu'une location des locaux est possible pour une somme très modeste si des cours sont donnés par une institution privée ou publique.

Mme Extermann précise encore qu'il n'y a pas de base légale pour les cours libres pour adultes, que ce soit la cuisine, la broderie/tapisserie, la couture, la peinture sur bois ou la décoration d'intérieur.

Plusieurs députés s'accordent à reconnaître que ces divers types de cours peuvent aujourd'hui être suivis à différents endroits et sont organisés par des fondations telles que Culture et Rencontre ou Commune-école, ou d'autres clubs et associations, que l'on trouve dans différents points du canton

L'aspect convivial des cours donnés à l'Ecole Jean-Piaget a souvent été évoqué, par les pétitionnaires, mais aussi par les députés. Cependant cet élément ne suffit pas à justifier le fait que ces cours soient financés par le contribuable.

Lors de la séance du 30 août, une députée rappelle qu'en ce début d'année scolaire, la broderie et la couture d'ameublement subsistent à Jean-Piaget. Par contre les cours de cuisine n'ont plus lieu, Mme Bolle ayant pris sa retraite.

Il est donc admis au vu des explications et des documents reçus que différents types de cours pour adultes ont lieu dans plusieurs communes du canton qui peuvent remplacer les cours libre donné à l'Ecole Jean-Piaget. Certains députés souhaiteraient cependant qu'une meilleure information soit faite par les communes pour informer la population de ces diverses possibilités.

La majorité des députés optent pour le dépôt cette pétition sur le bureau du Grand Conseil :

Nous vous proposons donc, Mesdames et Messieurs les députés, le dépôt de la pétition 1284 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement.

Pétition(1284)

contre la suppression des cours de cuisine à l'Ecole Jean Piaget

Mesdames etMessieurs les députés,

Madame la Conseillère d'Etat en charge du département de l'instruction publique du Canton de Genève a décidé de supprimer à brève échéance les cours de cuisine pour adultes donnés actuellement à l'école de culture générale ";Jean Piaget"

Les personnes soussignées, suivant ou ayant suivi les cours libres de cuisine pour adultes du département de l'instruction publique constatent :

=> qu'il s'agit d'un cours ouvert sur tous les horizons de la cuisine : les échanges d'idées de recettes entre participants de différentes cultures y sont fréquents ;

=> que c'est un lieu de formation ouvert à tous. Le cours dispense des connaissances de base pour une cuisine familiale tout en traitant de sujets qui prennent en compte les voeux des participants ;

=> que ce cours apporte une contribution à la santé publique par une culture générale élargie en matière d'alimentation.

=> qu'il contribue au renforcement du tissu social de la cité par la diversité de ses participants à divers titres :

diversité des âges : l'année dernière encore il y avait un ";élève" dans la septantaine.

diversité des cultures : il y a actuellement des personnes d'Amérique, d'Afrique, d'Asie, en plus d'européens et de suisses.

diversité de milieux sociaux (infirmière, secrétaire, étudiant, médecin, enseignant, mère de famille, etc.)

diversité de moyens physiques (personnes avec certains handicaps travaillant au même titre et avec autant de plaisir que les autres)

Les personnes soussignées relèvent :

=> que la plupart d'entre elles n'auraient pas eu les moyens de supporter le coût de cours organisés par des institutions privées. Ceux-ci sont d'ailleurs en général plus axés sur une spécialité d'un usage moins général et les élèves y sont avant tout spectateurs.

=> que les installations utilisées par les cours organisés à l'école de culture générale sont en général déjà amorties et les livres de cuisine utilisés sont ceux publiés et vendus par le département de l'instruction publique.

Les personnes soussignées, craignant que les retombées bénéfiques liées à la spécificité de ce cours soient définitivement perdues par sa suppression, demandent explicitement aux autorités compétentes :

qu'elles prennent en compte non seulement des objectifs dominés par des considérations financières à court terme, mais également l'investissement dans les moyens d'enrichissement du bien culturel commun et social à considérer comme productif à long terme.

Qu'en conséquence elles reconsidèrent la décision de suppression progressive ou accélérée des cours libres pour adultes donnés actuellement à l'école de culture générale ";Jean Piaget"

N.B. : 19 signatures

Ecole Jean PiagetCours de cuisine pour adultes

21, chemin de Grange-Falquet1224 Chêne-Bougeries

Débat

La présidente. Vous avez la parole, Monsieur Beer !

M. Charles Beer (S). Je voulais juste prendre la parole pour dire que c'est effectivement une bonne idée de voter immédiatement... (Rires.) 

Mises aux voix, les conclusions de la commission de l'enseignement et de l'éducation (dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.  

La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, il y a encore le huis clos, pour ceux qui veulent connaître le résultat de la naturalisation. Nous sommes en effet formellement obligés de les communiquer à huis clos. Celles et ceux qui veulent sortir de la salle le font rapidement. Je demande que les micros soient éteints.

La séance publique est levée à 23 h 15.

Le Grand Conseil continue de siéger à huis clos.