République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 5 avril 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 7e session - 15e séance
IU 1060
M. Antonio Hodgers (Ve). Mon interpellation s'adresse à M. Ramseyer et concerne également la Critical Mass, mais plus particulièrement celle du vendredi 30 mars.
Les faits ont déjà été rappelés à plusieurs reprises. J'en viens directement à ma question :
Monsieur Ramseyer, quand allez-vous comprendre que la Critical Mass est un mouvement qui se veut pacifique et dont les objectifs rejoignent d'ailleurs ceux de l'Etat en matière de transport, c'est-à-dire un renoncement progressif, en tout cas plus marqué que celui que nous constatons aujourd'hui, à la voiture privée ?
Quand allez-vous comprendre que ce n'est pas la Critical Mass qui perturbe le trafic, mais bien le trop grand nombre de véhicules privés dans ce canton ?
Quand allez-vous comprendre que le harcèlement policier envers les jeunes a plutôt tendance à radicaliser ce groupe de population au lieu de le ramener à la raison ?
Monsieur Ramseyer, j'aimerais vous demander de ne pas minimiser les conséquences de la détérioration des relations que nous constatons entre les jeunes et la police genevoise. Cette dernière est de plus en plus sélective et la multitude d'anecdotes qui nous sont rapportées le prouvent.
Vendredi encore, j'ai reçu le témoignage d'un conseiller municipal de la Ville de Genève concernant deux jeunes qui se rendaient au Palais Eynard depuis Saint-Gervais et qui se sont fait contrôler quatre fois pendant le trajet. J'ai également eu le témoignage d'un participant assidu à la Critical Mass, âgé de 61 ans, qui ne s'est pas fait contrôler une seule fois.
Ce genre de discrimination est mal vécue, Monsieur Ramseyer, et de plus en plus critiquée, même par des jeunes qui ne sont pas très rebelles d'habitude.
Je prends, par exemple, le rapport qu'a rédigé le parlement des jeunes de la Ville de Genève. Ce même parlement qui s'était opposé à la réduction de la moitié des dépenses militaires, qui avait soutenu les mots d'ordre, lors des récentes votations, de votre propre parti, ce même parlement, Monsieur Ramseyer, met clairement en évidence, dans un rapport assez étoffé, l'image anti-jeunes que véhicule la police, et ceci nous inquiète.
Lors de ma dernière interpellation, vous disiez que nous jouions à un jeu d'idiots. J'espère que, cette fois, le jeu sera un peu plus intelligent : j'attends des réponses claires à ce sujet.