République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 5 avril 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 7e session - 15e séance
IU 1055
Le président. Je passe la parole à M. Dessuet. Monsieur Dessuet, dites-moi combien de temps vous parlerez, de manière que je puisse diviser par trois pour savoir le nombre d'interpellations que vous développerez...
M. Jean-Claude Dessuet (L). Mon interpellation s'adresse à M. le conseiller d'Etat Cramer. Monsieur le conseiller d'Etat, mon interpellation urgente concerne les abattoirs de Lausanne ou de Prangins, ou disons de Lausanne ou de proximité.
Depuis que les abattoirs genevois ont fermé, vous savez comme moi qu'un quart des éleveurs ont disparu ou plutôt ont arrêté la production. Aujourd'hui, nous mettons tout en oeuvre pour relancer l'élevage à Genève. Néanmoins, les éleveurs nous demandent toujours : «Qu'arrivera-t-il si nous devons aller à Lausanne ?» Vous savez que Nyon a fermé également et que, pour pouvoir tuer dans les abattoirs de Lausanne, il faut passer par des grossistes, ce qui complique la tâche des éleveurs pour reprendre leurs bêtes et les ramener dans le canton.
Les abattoirs de Lausanne, placés où ils se trouvent, le jour où nous entrerons dans l'Europe - pour autant que l'on y entre, dans dix ou vingt ans - perdront ce qu'on appelle leur tampon. Actuellement, en Europe, tous les abattoirs qui sont dans une ville ont perdu leur tampon, puisque l'Union européenne prévoit que les abattoirs doivent être à l'extérieur des villes.
Mon interpellation consiste à vous demander instamment de soutenir les abattoirs de Prangins, les abattoirs de proximité, pour permettre aux éleveurs genevois, aux bouchers genevois d'aller y tuer leurs bêtes et de les récupérer pour les ramener dans notre canton.
Si je ne me trompe pas, deux millions sont prévus dans votre budget pour une aide aux abattoirs. Il serait grand temps de prendre une décision ou plutôt d'intervenir auprès du canton de Vaud pour faire savoir que Genève soutient un abattoir de proximité. Il manque deux millions à l'association de Nyon pour l'abattoir de Prangins et je crois qu'il serait dans l'intérêt des éleveurs et des bouchers que Genève soutienne cet abattoir.
Ma question est la suivante : qu'allez-vous faire pour soutenir cet abattoir de proximité ? Soutiendrez-vous les éleveurs et les bouchers genevois ou laisserez-vous les Vaudois construire un abattoir qui va disparaître dans les vingt ans ?
Réponse du Conseil d'Etat
M. Robert Cramer. Je remercie M. Dessuet d'attirer l'attention du Grand Conseil sur cette problématique des abattoirs. Elle peut faire sourire certains d'entre vous parce que cette assemblée est composée essentiellement de personnes qui vivent en zone urbaine et qui connaissent peu les réalités du monde rural. Pourtant, il est tout à fait nécessaire que nous puissions disposer à Genève d'un accès à des abattoirs publics.
A la télévision, on peut voir concrètement ce que signifie une épizootie qui implique un abattage massif de bétail : on comprend sans autres commentaires que c'est un devoir pour une collectivité publique d'avoir accès à un abattoir, pour le cas où un tel abattage en masse serait nécessaire. C'est en ce sens que le canton de Genève, qui n'a plus aujourd'hui d'abattoirs importants sur son territoire, doit favoriser la création d'un abattoir dans la région, y compris financièrement.
Il y a déjà deux ans, le Conseil d'Etat vous avait indiqué qu'il lui paraissait souhaitable de soutenir un projet de construction ou de restauration d'un abattoir sur le canton de Vaud. Nous vous avions dit qu'il était nécessaire de mettre à notre disposition une enveloppe de l'ordre de un à deux millions pour ce faire et nous avons donc inscrit cette somme dans le budget d'investissement, à hauteur d'une première tranche de 500 000 F.
Cela dit, ces projets dont nous parlaient nos collègues vaudois ne se sont pas concrétisés, de sorte que, dans le budget de l'année 2001, il n'y a guère qu'une somme de quelques dizaines de milliers de francs inscrite au titre des prévisions d'investissements. Cette somme ne sera assurément pas dépensée cette année parce que l'on ne voit pas de projet concret se profiler.
Je peux néanmoins vous dire de la façon la plus claire que, premièrement, la balle est dans le camp de l'administration vaudoise qui doit faire un choix. Deuxièmement, le canton de Genève soutiendra les choix qui seront faits, en essayant de favoriser le plus possible un abattoir de proximité, pour toutes les raisons que vous avez rappelées, Monsieur le député, et pour d'autres encore. Vous savez en effet que certains labels, pour être décernés, exigent que la durée de transport des animaux soit la plus brève possible. Troisièmement, dès l'instant où une solution se profilera, nous viendrons bien sûr avec un projet de loi d'investissement, sur lequel vous pourrez vous prononcer de sorte que le choix vous appartiendra.
Enfin, si nous ne devions malheureusement pas voir de solution dans l'immédiat, nous garderions tout de même une ligne au budget pour marquer notre intérêt à ce que, le plus rapidement possible, on puisse disposer de cet abattoir indispensable.
Cette interpellation urgente est close.