République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 22 mars 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 6e session - 10e séance
IU 1052
Mme Alexandra Gobet (S). Mon interpellation s'adresse à Mme Brunschwig Graf. Il y a quelques semaines, les parents des élèves de 7e année du cycle ont reçu un courrier qui annonçait la prochaine inscription des enfants pour la rentrée 2001, avec le devoir de rendre la formule d'inscription pour les choix. Cette lettre indiquait que les élèves auraient l'occasion de visionner un film sur les options qui étaient proposées.
Or, qu'ont reçu les élèves ? Ils ont reçu le dépliant que j'ai en main. Au fond, le choix est relativement simple : ou bien c'est le latin pendant quatre heures, ou bien c'est la possibilité d'associer différentes options créatrices, telles que le dessin, le théâtre, le cinéma, l'histoire de l'art, les travaux manuels, les textiles et l'alimentation.
Dans ce dépliant, il y a une page entière - le verso de cette affiche - consacrée aux options créatrices, et puis, sur l'autre face, il est indiqué, au sujet du latin : «Le choix du latin est nécessaire si tu désires continuer l'étude de cette langue au collège.» Point!
Mes questions sont les suivantes :
1. Est-ce que l'opposition, en huitième, du latin contre ces options signifie que vous avez amorcé une modification des déterminants de la filière secondaire ?
2. En opposant le latin à ces branches, alors qu'en fait au niveau du collège et de l'université il n'y a pas de changement notable, votre but est-il de supprimer l'enseignement du latin à l'échelon du cycle, ou alors de l'amener à être un cours facultatif - car il y a beaucoup de cours facultatifs qui sont proposés aux élèves ?
3. Avant que cette opposition figure sous cette forme, d'autres variantes ont-elles été examinées pour permettre, par exemple, le cumul du latin avec l'une ou l'autre des branches créatrices évoquées ?
4. Quant à ma quatrième question, et c'est presque de l'ironie : pensez-vous que c'est un vrai choix à proposer à des élèves de 13 ans et demi, que de leur opposer quatre heures d'étude du latin avec des branches créatrices ?
Enfin, j'aimerais savoir quelle a été la durée de la plage de présentation du latin, dans le film qui a été passé aux élèves.
Réponse du Conseil d'Etat
Mme Martine Brunschwig Graf. Je crois que les questions que vous posez, Madame la députée, beaucoup de gens se les sont posées, et moi-même aussi, je dois vous le dire, à la vue du dépliant et du film.
Je vais rappeler, dans l'ordre, quelques principes de base. Mais auparavant je vous donnerai une information. Il faut savoir que cette problématique était posée dans une grille qui se met en place et qui est en évolution, puisque l'on doit passer d'une situation où l'on a introduit l'anglais obligatoire pour tous, à des possibilités de choix - parmi lesquelles, à mon goût, la présence d'une option plus scientifique à opposer au latin n'est d'ailleurs pas suffisante, à l'heure actuelle. C'est dire qu'il y a cette année des impératifs du fait que cette grille doit encore évoluer et qu'elle est fortement liée aussi, il faut le dire clairement, aux disponibilités des maîtres, aux disponibilités en heures et à un certain nombre d'autres éléments.
Sachant que l'une ou l'un d'entre vous allait me poser la question, je me suis inquiétée de savoir quel était l'état des inscriptions, puisque, comme vous le savez, les formulaires ont été retournés. Paradoxalement et à ma grande surprise, je peux vous dire que le résultat répond en tout cas à mes espoirs et que le latin n'est pas près de devenir facultatif.
En effet, à l'exception d'un collège plus favorisé que d'autres s'agissant de sa zone de recrutement, on a constaté que, dans la plupart des cas, le maintien du latin, voire son renforcement dans certains cas, était une réalité. Dans les cycles où on constatait, ces dernières années, une désaffection du latin entre la septième et la huitième, ce mouvement a été freiné. Le latin bénéficie donc cette année d'une meilleure cote que les autres années, y compris dans des zones qui, de ce point de vue, sont jugées plus délicates. En résumé, les inscriptions contredisent les craintes que nous pouvions avoir suite à cette présentation, et ceci chiffres en main, collège par collège, vérification faite ce matin encore.
Il n'en demeure pas moins que nous avons à prendre en compte plusieurs éléments. J'ai moi-même appris, car je ne l'avais pas vu, que dans le film de huitième le latin, parce que cette branche avait été choisie en septième, n'était plus présentée comme une option, ce qui, à mon sens, est une erreur d'information qu'il faudra impérativement rectifier.
Deuxièmement - et j'ai interpellé le cycle à ce sujet pour cette année encore - il s'agit d'examiner s'il est possible que les élèves faisant du latin choisissent des cours facultatifs qui devraient rééquilibrer leur programme et leur permettre de faire ce que par ailleurs, il faut bien le dire, ils font souvent à titre privé.
Troisièmement, j'ai demandé que l'on examine dans le futur ce que je disais précédemment, à savoir d'offrir une coloration scientifique plus marquée. Il est vrai que des grilles différentes avaient été étudiées, mais qu'elles se sont toutes heurtées à des arbitrages délicats entre les différentes disciplines et ce que requièrent ces différentes disciplines.
Mais si le latin aujourd'hui a été choisi davantage qu'auparavant, c'est peut-être en raison d'un élément qui n'apparaît pas dans cette présentation. Auparavant, celles et ceux qui faisaient du latin en huitième et en neuvième n'avaient pas la possibilité, vous le savez, de choisir l'anglais, alors que la nouvelle grille horaire permet de suivre à la fois des cours de latin et d'anglais, l'anglais étant devenu obligatoire. D'autre part, la dotation horaire du latin a été légèrement diminuée pour avoir une progression plus harmonieuse. En effet, je rappelle qu'une des raisons de la désaffection du latin ces dernières années était qu'entre les trois heures par semaine en septième et les six heures par semaine dès la huitième, le saut était beaucoup trop considérable. Et beaucoup d'élèves se décourageaient de ce fait-là.
En l'occurrence, ce que je reproche à l'information donnée, c'est qu'elle ne met pas en évidence des éléments qui sont tout de même positifs pour celles et ceux qui choisissent le latin, des éléments qui apparaissent du reste dans les choix. Derrière cette information, les parents et les élèves se sont mobilisés et cela a demandé, c'est vrai, beaucoup d'attention. Mais je peux vous dire, Madame la députée, que la préoccupation, qui a été relevée par une élève individuellement, par la «Tribune de Genève» où vous avez pu lire une lettre de lecteur la semaine dernière, par vous-même aujourd'hui, n'a pas été ignorée, ni par le département, ni par le secrétariat général, ni par la présidente, et que nous comptons bien faire évoluer cette grille de façon à atteindre un réel équilibre dans le futur.
Je terminerai en disant ceci et c'est tout aussi paradoxal. Vous avez aujourd'hui fait une intervention concernant le latin. Dans la discussion sur la grille horaire, j'ai été jusqu'ici plus attaquée par celles et ceux qui estimaient que cette grille horaire était trop élitaire et qu'elle ne permettait pas le développement des capacités artistiques. On ne peut pas me reprocher aujourd'hui de ne pas offrir ces branches artistiques, de ne pas les mettre en évidence. Mais cela risque de faire naître une autre frange de mécontents... Cela dit, je pense comme vous que nous devons, en termes de présentation, d'explications, en termes d'aménagement de la grille, prendre des dispositions pour une présentation plus satisfaisante. Vous aviez donc raison de poser cette question.
Cette interpellation urgente est close.
La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, nous arrêtons là nos travaux et les reprendrons à 20 h 30. Je vous signale que nous avons battu notre propre record en n'abordant aucun des points de l'ordre du jour, à part les interpellations urgentes!