République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 22 mars 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 6e session - 10e séance
IU 1041
Mme Janine Hagmann (L). Mon interpellation s'adresse à M. Gérard Ramseyer et s'intitule : «Poste de Choulex, poste de la Pallanterie, même combat».
Monsieur le président, une vague de fermetures annoncées déferle sur Genève. Si la suppression de la poste de Choulex déclenche de fortes réactions, il ne faut pas oublier que les communes d'Arve et Lac sont touchées par la fermeture partielle de leur poste de police.
Le 1er mars 2001, les gendarmes du poste de la Pallanterie ont exécuté les ordres reçus et ont adopté le nouvel horaire qui leur était imposé, c'est-à-dire : fermeture du poste la nuit, le week-end et entre 12 h 30 et 14 h 30. Ils l'ont fait avec regret et tristesse. En effet, ils savent qu'ils vont manquer à la population d'Arve et Lac.
Monsieur le président, vous avez pris la peine, il est vrai, de convoquer les magistrats de la rive gauche pour leur présenter votre restructuration des postes de gendarmerie. L'importance des changements imposés aurait cependant mérité que les communes puissent s'exprimer.
Vous imposez un choix tactique incompréhensible pour un service public auquel nos concitoyens ont droit. Vous avez pris là une décision unilatérale qui ne répond en rien aux préoccupations et besoins des communes d'Arve et Lac.
Vous articulez votre argumentation sur des statistiques, mais non sur une analyse de la situation et sur son évolution. Le contexte a changé, vous n'en tenez pas compte. La notion de police de proximité n'aurait-elle pas la même signification pour le chef du département que pour les citoyens concernés ?
Est-il justifié de déplacer des hommes, alors qu'un poste fonctionne bien, qu'il répond aux attentes de la population, qu'il entretient des relations privilégiées avec tous les magistrats d'Arve et Lac, qu'il a les locaux nécessaires et suffisamment de place pour fonctionner à la satisfaction générale ? Et que dire du poste de Thônex qui a vu augmenter ainsi considérablement ses charges de travail la nuit, sans avoir en contrepartie l'effectif nécessaire ? Ne donnez-vous pas ainsi une priorité à la ville en défavorisant la campagne, qui subira un temps de réaction plus élevé ? Trouvez-vous normal qu'il y ait ainsi un traitement différencié selon la localisation sur le canton ?
Monsieur le président, est-il envisageable de revoir votre concept général, de maintenir le poste de la Pallanterie ouvert jour et nuit, sans pause, de maintenir au minimum l'effectif en place avant la restructuration, voire de compléter cet effectif en visant le nombre de vingt-deux, nombre que vous avez évoqué comme effectif minimum pour que le poste remplisse sa mission ? Je vous remercie de vos réponses.
Réponse du Conseil d'Etat
M. Gérard Ramseyer. Vous aviez eu la délicatesse, Madame, de me parler de votre interpellation, de sorte que j'ai pu, au moins intellectuellement, m'y préparer. J'aimerais d'abord vous remercier de rappeler le lien affectif existant entre la police genevoise et les communes genevoises ; c'est une association qui me fait plaisir.
J'aimerais ensuite dire que toutes les communes de la rive gauche ont été conviées à un exposé. Elles se sont toutes présentées avec, en tête, leur maire, parfois accompagné. Nous leur avons expliqué par le menu le pourquoi et le comment des décisions que nous envisagions. Nous n'avons eu aucune réaction d'aucune sorte, et en tout cas pas négative. Nous avons même poussé la convivialité jusqu'à prolonger autour d'un verre la séance ; il y a eu des échanges et des discussions, mais rien ne nous laissait présager les lettres individuelles de chacune des communes qui demandent à être réentendues une nouvelle fois. Comme disait l'autre, c'est comme à la Revue : il y en a qui y vont deux fois, la première fois pour entendre et la deuxième pour comprendre !
Nous avons exposé, Madame la députée maire, en détail, pourquoi nous mettions des forces de police là où la criminalité, la délinquance étaient les plus élevées. A Genève, c'est parfaitement clair : il s'agit du couloir qui va, grosso modo, de Meyrin à Thônex, mais qui touche essentiellement la ville. Et c'est donc là que nous faisons l'effort principal, ce qui paraît normal.
Vous avez émis une assertion qui continue à provoquer mon incompréhension totale. Je vous ai expliqué mille fois que des policiers en patrouille sont beaucoup plus rapides que des policiers qui attendent une alarme au poste. Or, j'ai été stupéfait de lire, venant d'une autre commune que la vôtre, l'assertion : «Voyez ce qui se passe à Versoix, comme cela fonctionne bien !» Or, à Versoix, après une tentative de hold-up, nous avons arrêté les auteurs de ce hold-up en moins d'une heure, grâce à quatre voitures en patrouille autour de Versoix, alors que personne du poste de Versoix n'a participé à cette action.
Cela étant, Madame, il ne s'agit pas pour moi d'esquiver le débat. Vous souhaitez que nous nous revoyions : j'en accepte l'augure, je dis même que ce sera un véritable plaisir. Cependant, puisqu'une réunion où tous les maires sont présents ne donne rien au niveau de l'information, preuve en est votre interpellation, nous irons expliquer le problème commune par commune. Aucune décision n'est éternelle, nous n'avons pas pris de décision de fermeture signifiant qu'il n'y aura plus de policiers dans votre secteur. Mais comprenez que si, à Thônex ou aux Avanchets, il existe une demande fondée sur une statistique d'interventions, il est normal que nous mettions l'effort principal sur ces communes qui sont beaucoup plus «sinistrées» que les vôtres.
En conclusion, je vous confirme qu'à ma demande, la semaine prochaine déjà, nous préparons une tournée commune par commune - du reste, même les pompiers nous ont écrit, ce qui est quand même un signe d'affection qui me va droit au coeur ! - pour bien expliquer ce que nous faisons. S'il devait s'avérer qu'après nous être bien compris des rectifications devaient être apportées, nous ferons exactement, à Vandoeuvres, à la Pallanterie, ce que nous avons fait à Versoix à la grande satisfaction de la commune. Voilà la réponse que je peux vous donner. Je vous assure que nous sommes totalement à votre disposition. J'avais cru comprendre qu'après vous avoir présenté en détail ce concept il avait été compris. Ce n'est visiblement pas le cas et nous remettrons donc l'ouvrage sur le métier.
Cette interpellation urgente est close.