République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 22 mars 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 6e session - 10e séance
IU 1031
M. Roger Beer (R). J'ai deux interpellations urgentes. La première concerne la promotion de la paix - on se demande ce que fait Genève - et s'adresse plus particulièrement à Mme Martine Brunschwig Graf en sa qualité de présidente du département de l'instruction publique.
Par la presse, j'ai appris récemment que la Suisse allait se doter d'un nouvel instrument au service de la paix. Il s'agit d'un «Centre de promotion de la paix» qui servira de plate-forme d'information et de coordination entre la Confédération et les organisations non gouvernementales suisses plus particulièrement actives dans le domaine de la promotion de la paix.
Toujours dans la presse, j'apprends que c'est le département des affaires étrangères, le DFAE, ainsi que plusieurs ONG, Caritas, Helvetas et la Fondation suisse pour la paix, qui ont fondé, à Berne, ce centre pour la promotion de la paix. Evidemment, ce centre a pour vocation de soutenir le rôle constructif de la Suisse pour le règlement des conflits à travers le monde.
Dans cet article, on apprend également qu'avec un budget annuel de près de 40 millions destinés à la promotion civile de la paix à travers le monde, la direction politique du département fédéral des affaires étrangères est plutôt bien dotée, l'article rappelant que la promotion de la paix est l'un des principaux objectifs de la politique extérieure de la Confédération.
Enfin, il semble que ce nouveau centre pour la promotion de la paix devra collecter des informations sur les contextes locaux des zones de conflits et participera au Conseil des ONG en vue de leur mission sur place.
Ce futur centre ne semble pas dépourvu de moyens, vu que l'article en question parle d'une enveloppe budgétaire de 2 millions pour deux ans et d'une dotation en personnel de quatre employés.
J'en viens plus particulièrement à ma question. Il y a deux législatures, plusieurs députés, de tous bords, s'inquiétaient de la rationalisation des différents instituts qui, de près ou de loin, s'intéressaient à la problématique de la promotion de la paix. J'ai le souvenir que la réponse du Conseil d'Etat à ce voeu du parlement a été plutôt évasive.
Plus récemment, le parlement, suite notamment au manque d'enthousiasme du Conseil d'Etat, a voté une ligne budgétaire en faveur du GIPRI, précisément un de ces fameux instituts genevois qui travaille activement et concrètement à la promotion de la paix dans le monde.
Aujourd'hui, Madame la conseillère d'Etat, ma question est simple : existe-t-il un lien entre le GIPRI, ou toute autre institution à Genève s'occupant de cette problématique de la paix, et le futur nouveau Centre fédéral de promotion de la paix ? Des contacts ont-ils déjà eu lieu ? La question budgétaire et de l'utilisation des deniers publics a-t-elle été abordée ?
Réponse du Conseil d'Etat
Mme Martine Brunschwig Graf. J'ai envie de vous rappeler, Monsieur le député Beer, que je ne suis pas conseillère fédérale et qu'il existe, dans ce dossier, une concurrence que je ne maîtrise pas entre le Département des affaires étrangères et celui de la population et de la sécurité, présidé, comme vous le savez, par M. Ogi jusqu'à la fin de l'année dernière. S'agissant des centres de promotion de la paix, je constate qu'au niveau fédéral nous avons affaire, de facto, à une concurrence assez notoire et assez nouvelle.
Depuis plusieurs années, nous sommes non seulement en négociation, mais en étroite collaboration avec le Centre de politique de sécurité, le Centre de déminage humanitaire, le Centre pour la démocratie des forces armées, créé l'année dernière, et l'Institut des hautes études internationales, pour pouvoir installer à Genève - et ce malgré quelque obstruction, il est vrai, de la part de la Ville de Genève - ce que nous avons appelé la Maison de la paix. Ce bâtiment permettra de réunir toutes ces institutions et donnera un véritable sens à ce que vous souhaitez et à ce que nous souhaitons tous, c'est-à-dire une étroite collaboration.
Les trois centres fédéraux que je viens d'énumérer, qui doivent former la Maison de la paix et qui sont financés par le DDPS, ont l'intention d'abriter, comme ils l'ont déjà fait dans le passé, le GIPRI, organisme qui, depuis plusieurs années, a toujours eu, dans la mesure du possible, droit de cité auprès de ces trois centres. Cela a aussi fait l'objet, comme vous le savez, de certaines de nos discussions.
Pour abonder dans votre sens, Monsieur le député, je pense que le Grand Conseil devra s'attacher à soutenir, d'une main ferme, les projets qui devraient se développer du côté de Sécheron. Nous pourrions ainsi réaliser à Genève, non seulement sur le plan des bâtiments, mais aussi sur celui de la démarche universitaire et para-universitaire, cantonale, fédérale et internationale, une Maison de la paix qui intègre les aspects universitaires, ce qui, vous l'avez constaté, n'est pas le cas de la Maison de la paix telle que définie par le département fédéral des affaires étrangères.
Pour terminer, j'ai constaté avec un grand bonheur les moyens que Berne pouvait dégager dans ce domaine et je ne doute pas que, dans les projets de développement de l'Institut d'études du développement et de l'Institut des hautes études internationales, nous trouvions des interlocuteurs mieux disposés que cela a pu être parfois le cas.
Cette interpellation urgente est close.