République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 25 janvier 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 4e session - 1re séance
RD 392
La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons également reçu une lettre du 19 janvier de notre collègue Claude Haegi nous annonçant sa décision de démissionner de son mandat de député à l'issue de la séance d'aujourd'hui, à 17 h.
Je vous prie, Monsieur le secrétaire, de bien vouloir lire cette lettre.
Annexe lettre de M. Haegi
page 2
La présidente. Il est pris acte de cette démission.
M. Claude Haegi fut conseiller administratif de la Ville de Genève de 1983 à 1989, maire en 1987-88, puis, pendant huit ans, conseiller d'Etat au département qui s'appelait alors le département de l'intérieur, de l'agriculture et des affaires régionales, de 1989 à 1997. Il fut président du Conseil d'Etat en 1993/94 et reprit son mandat de député au sein du parti libéral en 1997.
Nous le félicitons pour cette belle carrière et nous le félicitons également de son activité européenne, puisqu'il siège au Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, et de sa participation au développement de la Fondation pour l'économie et le développement des régions d'Europe. Nous lui souhaitons beaucoup de satisfactions et pleine réussite dans l'exercice de ses mandats.
Nous lui remettons également le traditionnel stylo souvenir. (Applaudissements.)
M. Michel Halpérin (L). Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec gratitude et émotion que la députation libérale prend aujourd'hui congé de M. le député Claude Haegi. Je n'ai probablement pas besoin de rappeler à cette assemblée le rôle éminent que M. Haegi a joué au sein du parti libéral genevois qu'il a présidé avant d'être élu à toutes sortes de fonctions au sein de la République, dont celles qui ont été rappelées à l'instant par notre présidente, de conseiller administratif et maire de la Ville de Genève, de membre du Conseil d'Etat et de président du Conseil d'Etat.
Et je dois dire que, dans les différentes fonctions qu'il a occupées, non seulement M. Haegi a bien rempli les tâches qui lui incombaient mais il l'a fait dans des circonstances qui, parfois, étaient complexes, notamment lorsque, en charge des dossiers du logement au Conseil d'Etat, il était confronté à la crise de pénurie du logement que nous connaissions déjà à l'époque.
Je dois aussi dire qu'il a accompli ses fonctions non seulement dans l'intérêt général mais avec beaucoup d'élégance et de distinction, qualités d'ailleurs qui le caractérisent et dont il a su faire preuve en toute circonstance.
Et je voudrais rappeler ici ce que nous savons tous - mais nous le vivons parfois de manière plus ou moins intense - c'est que la vie politique connaît ses heures de grandeur et ses turbulences ce qui n'a pas manqué de se vérifier dans la personne de M. Haegi, à la fois dans les unes et dans les autres tant il est vrai que les conditions dans lesquelles il a quitté ses responsabilités à l'exécutif ont été, pour le parti libéral lui-même mais pour lui personnellement, difficiles et cruelles.
Aux quelques mots que je viens de tenir, je voudrais ajouter l'expression de mes félicitations personnelles sur la manière exemplaire avec laquelle M. Haegi a su transformer ses déconvenues et son échec de l'époque en un succès personnel sur le plan de la carrière et de la famille, parce que ce sont dans ces circonstances plus que dans les autres qu'on compte ses amis et qu'on se reconnaît aussi soi-même...
Malgré les difficultés dans lesquelles il s'est trouvé placé, M. Haegi a veillé à deux choses : l'une par tempérament et par goût, c'était le maintien de sa position de participant à la vie du Conseil de l'Europe où il représente Genève et le libéralisme - j'allais dire que c'est un pléonasme... (Rires.) - dans des conditions qui méritent elles aussi notre regard admiratif, et l'autre puisqu'il a assumé sa présence en notre sein, en grande partie parce qu'il tenait à ses fonctions européennes, en étant - il le dit lui-même - un député virtuel. Mais, Mesdames et Messieurs les députés, il y a dans la vie des virtualités encourageantes et d'autres qui sont décourageantes - la présence virtuelle de M. Haegi relevait de la première catégorie : de cela aussi je lui suis reconnaissant.
Je lui souhaite, au nom du groupe libéral, plein succès dans la suite de sa carrière professionnelle, familiale et européenne. (Vifs applaudissements.)
(La présidente descend dans la salle pour remettre le stylo souvenir à M. Haegi et lui fait la bise.)
M. Claude Haegi (L). J'aurais souhaité partir plus discrètement, mais il est vrai que vu ma situation particulière, je vous devais une explication. Merci de l'avoir écoutée et de votre compréhension.
Merci, Madame la présidente, de vos mots particulièrement aimables. Mesdames et Messieurs les députés, je suis, vous l'imaginez bien, également sensible au message qui m'a été adressé par le chef du groupe libéral, Michel Halpérin.
Je choisis pour répondre un ton plus léger, parce que je vous assure que les références à certains événements ne représentent pas un fardeau dans mon existence... Il y a des choses qu'il ne faut peut-être pas oublier, mais, comme Michel Halpérin l'a dit, ça fait partie de l'existence... Quand on fait de la politique, c'est un risque à courir, et il faut bien accepter ce genre de désagréments. Si, véritablement, on est incapable de surmonter de telles situations, il est préférable de se livrer à un autre exercice.
Pour conclure, Madame la présidente, je vous dirai que j'aurais peut-être pu partir encore plus vite, si j'avais su que ce n'était plus l'huissier qui remettait les stylos mais vous-même... (Rires.) Mais j'ai toutefois bien fait d'attendre que mon ami Ducommun quitte le perchoir, parce que, ma foi, même si les choses évoluent... (Rires.) ...je ne suis pas sûr que j'aurais eu le même moment de tendresse, d'affection, que celui que j'ai partagé avec vous... (Rires.)
Pour le surplus, je vous assure, Mesdames et Messieurs les députés, que c'est le dernier stylo que je reçois : en effet c'est le troisième ! Une fausse sortie, il y a fort longtemps, ensuite, le passage du Grand Conseil au Conseil d'Etat - c'était le deuxième stylo - et, ce soir, je reçois le troisième... Mais celui que vous venez de me donner, étant donné votre compréhension à mon égard, sera conservé avec un soin particulier et je ne l'égarerai pas comme les autres...
Merci encore une fois à toutes et à tous. Bonne continuation ! (Vifs applaudissements.)