République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 25 janvier 2001 à 17h
54e législature - 4e année - 4e session - 1re séance
IU 994
M. Pierre Vanek (AdG). Mon interpellation s'adresse au Conseil d'Etat in corpore - enfin à ce qu'il en reste, soit à ceux qui ne sont pas à Davos - et se situe dans le prolongement de la question de mon collègue Luc Gilly, qui fustigeait l'idée que nos forces de police et notre policier en chef, M. Ramseyer, puissent se muer en garde prétorienne des multinationales qui se rassemblent à Davos. Il ne trouvait pas cela normal. Mais, au-delà de cette question concernant la police, il y a d'autres choses que je ne trouve pas normales et j'aimerais avoir l'avis précis du Conseil d'Etat là-dessus.
En l'occurrence, les opposants à cette réunion annuelle de cette espèce de comité central du capitalisme néo-libéral mondialisé... (Brouhaha.) ...ont réussi leur démonstration, puisqu'on leur oppose des méthodes dignes d'un Etat totalitaire, et je pèse mes mots. Les libertés publiques sont suspendues. J'avais l'intention et j'ai toujours l'intention d'aller manifester samedi, à Davos. On me dit que c'est interdit, que je n'ai pas le droit d'y aller. On me dit que ce droit élémentaire de manifester son opinion dans la rue est nié et que tout ceci est fait au nom de présomptions a priori concernant le caractère violent et coupable des manifestants, dont je serais.
Ceci est parfaitement inacceptable. J'ai honte pour ce pays, honte que l'on ait pris de pareilles décisions, honte que la Suisse soit transformée en camp retranché et que l'accès à notre territoire soit interdit à des gens qui voudraient aller manifester à Davos.
J'aimerais savoir, en conséquence, si le Conseil d'Etat, peut-être pas pour le pays, mais pour ce petit bout de pays que nous sommes, République et canton de Genève, est prêt à contribuer à laver l'honneur démocratique de notre pays ou du moins de notre canton, en s'exprimant publiquement, pas demain soir mais ce soir, contre cette interdiction de manifester.
Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, je ne vous demande pas par cette question de condamner le World Economic Forum, mais de dire si vous pensez que les opposants à celui-ci - y compris ceux qui ne veulent pas dialoguer, discuter et entrer dans cette machine à concertation, ceux qui veulent fermement et pacifiquement déclarer qu'ils sont pour une rupture avec cette logique - ont le droit de manifester. Oui ou non, êtes-vous pour que l'on puisse manifester ? Oui ou non, êtes-vous contre cette interdiction de manifester ? Je vous demande de dire aussi si vous soutenez ces mesures d'interdiction d'entrée sur le territoire suisse qui ont été annoncées par le Conseil fédéral.