République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 30 novembre 2000 à 17h
54e législature - 4e année - 2e session - 55e séance
IU 968
M. Charles Beer (S). Mon interpellation urgente s'adresse à M. Guy-Olivier Segond, président du Conseil d'Etat, président du département de l'action sociale et de la santé et, accessoirement, président du conseil d'administration des hôpitaux universitaires de Genève.
Monsieur le conseiller d'Etat, mon interpellation urgente fait en quelque sorte suite à une autre interpellation urgente déposée, il y a plus de deux ans, par notre ex-collègue, M. de Saussure. A l'époque, son interpellation urgente concernait le service de cardiologie, dans lequel de multiples problèmes étaient apparus : des problèmes de technique non maîtrisée, des interrogations sur la santé publique, mais également sur la gestion du personnel. En effet, la gestion calamiteuse de la cardiologie avait entraîné le départ de multiples spécialistes renommés de la cardiologie et la chute de la réputation de ce service au sein de l'hôpital cantonal. Il ne s'agissait pas d'une fable, même si elle a trouvé sa solution, si j'ose dire, dans un parachute aux reflets dorés, comme nous l'avons appris par les journaux en date du 4 octobre de cette année.
Dans l'édition du 4 octobre de la «Tribune de Genève», où il était fait mention de la solution des problèmes du service de cardiologie, il était évoqué d'autres problèmes dans d'autres services de l'hôpital cantonal, en particulier la gynécologie et l'obstétrique qui rencontraient des problèmes liés, selon ce quotidien, au départ des professeurs Béguin et Krauer, respectivement responsables des services d'obstétrique et de gynécologie.
Selon ce quotidien, il semblait qu'il y avait des problèmes d'intégration du patron de ce service, mais un certain nombre d'informations qui me sont parvenues laissent penser que ces problèmes d'intégration revêtent un caractère particulièrement grave. Il semble que ledit patron ait un gros problème de pratique professionnelle, d'inexpérience et que cette inexpérience et ce manque de pratique aient conduit à des complications pour certaines patientes, dans le cadre de l'obstétrique. Il semble également que ce patron se soit signalé par une grande difficulté à prendre des décisions courantes dans le cadre clinique. Ensuite, sur le plan éthique, il aurait tenu certains propos réitérés, même s'ils n'ont pas été tenus officiellement, concernant la stérilisation de patientes dans un certain nombre de situations.
Toujours selon mes informations, il semble également que, dans une proposition faite officiellement, ledit patron ait proposé des tests de dépistage de la trisomie 21 sans en prévenir les patientes et sans demander leur consentement. Enfin, en ce qui concerne la gestion du personnel, il paraît qu'elle est particulièrement bureaucratique, autocratique, et qu'elle ait déjà conduit au départ de deux chefs de clinique et d'un médecin adjoint.
Cela intervient dans un service particulièrement déstabilisé par le manque d'effectifs - même si un certain nombre de mesures ont été prises concernant les soins infirmiers - et dans lequel il y a déjà eu, comme vous le savez, un drame, pas directement lié à cette affaire, j'en conviens, mais qui montre, encore une fois, que le cadre est particulièrement déstabilisé.
Etant donné l'importance de ces mises en cause de la gestion de ce service, je me permets de vous poser un certain nombre de questions urgentes, tout en vous indiquant que j'aurai l'occasion d'y revenir, puisqu'avec mes collègues, MM. Charbonnier et Richard, nous travaillons à un projet de motion.
Pouvez-vous me confirmer les informations qui sont en ma possession ? Le cas échéant, depuis quand est-on au courant de ces informations ? Il semble que la direction de l'hôpital cantonal soit au courant en tout cas depuis le mois d'octobre de cette année.
2. Quelles sont les mesures qui ont été prises, puisqu'il semble qu'un audit doit être terminé d'ici la fin de l'année ? Et quelles sont les mesures urgentes, le cas échéant, que vous entendez prendre ?
Enfin, existe-t-il d'autres problèmes de ce genre dans d'autres services et que comptez-vous faire pour renforcer la surveillance de la gestion des hôpitaux du canton de Genève, dans la mesure où il semble que tel ou tel patron puisse jouir des pleins pouvoirs et sabrer, en quelque temps, la réputation d'un service dans un établissement public ?