République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 17 novembre 2000 à 17h
54e législature - 4e année - 1re session - 53e séance
IU 948
Mme Martine Brunschwig Graf. M. Gilly et moi-même sommes des abonnés réguliers de certaines interpellations. Sa précédente interpellation sur ce sujet datait du 18 novembre 1999. Nous sommes le 17 novembre 2000 et, puisque nous ne siégeons pas demain, c'est bien aujourd'hui, Monsieur le député, que nous allons fêter cet anniversaire et que je vais vous répondre !
L'année dernière déjà, vous vous étiez en effet inquiété, s'agissant des différentes cérémonies commémoratives, de la raison pour laquelle nous n'avions pas la même démarche vis-à-vis de la manifestation du 9 novembre 1932. J'ai eu à ce moment-là, l'occasion de vous rappeler que la date du 9 novembre touchait plusieurs événements. L'un d'entre eux est celui qui vous tient particulièrement à coeur, à savoir la manifestation qui a conduit à la mort d'un certain nombre de citoyens sur la plaine de Plainpalais. Quant aux autres, j'ai rappelé qu'il y avait aussi dans nos mémoires la commémoration de la Nuit de cristal et, toujours en date du 9 novembre, la chute du mur de Berlin.
Votre inquiétude portait sur le fait que les pouvoirs publics n'organisaient rien, en comparaison de ce qui était, disiez-vous, organisé à l'occasion d'un certain nombre de commémorations.
Je dois vous rappeler, Monsieur le député, que s'agissant du 1er juin - qui est donc l'entrée de Genève dans la Confédération et le débarquement des confédérés au Port-Noir qui l'a permise ou plutôt encouragée - il s'agit d'une manifestation organisée par un comité ad hoc originalement appelé Comité du 1er juin, que les autorités genevoises y sont conviées, mais qu'elles ne procèdent ni à l'organisation ni à l'ordonnancement de la cérémonie.
S'agissant de la cérémonie de Mon-Repos, qui a lieu le deuxième dimanche de novembre devant le monument érigé en 1921, non pas par l'Etat mais par la société Pro Helvetia et remis en son temps à la Ville de Genève, il s'agit là aussi d'un comité privé. A l'origine, il n'y avait même pas de cortège et le Conseil d'Etat y était représenté par deux ou trois de ses membres, ce qui était d'ailleurs le cas à la cérémonie de dimanche dernier. Il ne s'agit donc pas d'une commémoration organisée par l'Etat de Genève, mais par une association privée qui y invite les autorités.
S'agissant de la nuit de l'Escalade, il en va de même, puisque, comme vous le savez, elle est organisée par la Compagnie de 1602, qui a pris le relais de la société qui s'appelait, à l'époque, l'Escalade patriotique.
Enfin, il revient à la société militaire du canton de Genève d'organiser, le 30 décembre, la cérémonie de la Restauration qui a lieu sur la Treille et d'y convier les autorités. Le seul moment où l'Etat est impliqué dans l'organisation d'une commémoration, c'est le 31 décembre qui, je le rappelle, est jour férié officiel. A cet égard, la commémoration de la Restauration genevoise, qui débute le matin sur la Treille et se termine par le culte à Saint-Pierre, concerne bien cette fois le Conseil d'Etat, l'Etat de Genève, les citoyennes et les citoyens.
Lorsque, l'an dernier, une cérémonie a été organisée pour commémorer le 9 novembre sur la plaine de Plainpalais, je crois me souvenir qu'un conseiller d'Etat, qui n'est autre que mon voisin de droite, y a participé au nom du Conseil d'Etat. Il a ainsi assuré la représentation du Conseil d'Etat à une manifestation qui n'était pas organisée par lui, pas plus que les autres que j'ai énumérées.
Voilà, Monsieur le député. Dans notre République et canton, à part les jours fériés officiels, l'habitude, la tradition, l'histoire veut que ce soient des institutions privées qui prennent en charge telle ou telle commémoration, auxquelles le Conseil d'Etat se rend, quand il y est invité.
J'ajouterai qu'il le fait toujours dans le souci de représenter l'ensemble des citoyens et de ne pas commémorer des événements qui les divisent, quand bien même l'histoire est parfois délicate à traiter. Il le fait, parfois parce qu'il préside le Conseil, parfois comme simple citoyen, en constatant souvent avec plaisir que toutes les formations politiques y sont représentées et que nous essayons ainsi de conserver ensemble la mémoire des événements heureux ou moins heureux de notre République.
Cette interpellation urgente est close.