République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 21 septembre 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 10e session - 42e séance
M 1347
EXPOSÉ DES MOTIFS
L'importance de la forêt comme vecteur principal de la pérennité de la vie sur terre est connue de tous depuis bien des siècles. La déforestation massive et irresponsable pratiquée dans une grande partie des pays du tiers monde, la pollution grandissante ainsi qu'un manque d'entretien chronique de l'ensemble des forêts risque de mettre en péril un équilibre indispensable à préserver à tout prix.
Ramené à l'échelle de notre pays, il faut savoir que la croissance de la forêt suisse avoisine les 7 millions de m3 de bois par année ; ramené à l'heure, cela représente un potentiel de croissance de 750 m3 environ à l'heure, ce qui, pour donner une image plus visuelle, se symbolise par un train marchandise d'une longueur de 400 m environ !
Or, malgré la croissance industrielle effrénée que nous vivons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous n'exploitons, dans notre pays, qu'à peine la moitié de ce formidable potentiel qu'est notre seule matière première renouvelable. Tout le reste est laissé à l'abandon ; ce qui, dans un avenir en harmonie avec le développement durable, n'est pas acceptable.
Si notre canton passe plutôt pour un canton-ville, il n'en possède pas moins des surfaces boisées extrêmement importantes, notamment dans les régions de Jussy, Versoix, dans le Mandement et la Champagne.
Le potentiel de la forêt genevoise ne semble pas entièrement exploité. Des interventions forestières plus soutenues pourraient améliorer sensiblement l'aspect de nos « taillis » genevois (surtout après le passage de l'ouragan Lothar) en s'insérant très bien dans le contexte du développement durable.
Les motionnaires pensent que plusieurs pistes pourraient être explorées pour améliorer cette situation. Par exemple, il est primordial de trouver des débouchés pour nos bois. Une possibilité consisterait à encourager les collectivités publiques cantonales et communales à promouvoir l'utilisation du bois pour leurs installations de chauffage. Un système d'aide sur le plan cantonal serait peut-être même judicieux à élaborer en y mettant la condition de n'employer que du bois genevois. Quelques communes propriétaires pourraient même être autonomes sur le plan de l'énergie de chauffage, si elles recyclaient leur propre bois.
En agissant de la sorte et en explorant encore d'autres solutions, on contribuerait de manière sensible à préserver et à développer ce merveilleux patrimoine.
C'est pourquoi nous pensons, pour que nos descendants puissent vivre dans un environnement intact et beau, qu'il est urgent de mener une réflexion active sur ce sujet.
Au vu de ce qui précède, nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les députés, à réserver un accueil favorable à cette motion.
Débat
Le président. Monsieur Dessimoz, vous avez la parole !
M. Hervé Dessimoz (R). Soyez rassurés, Monsieur le président, je ne suis pas en campagne électorale !
Dans la foulée de ce que j'ai dit tout à l'heure, cette motion a pour but une meilleure utilisation des ressources forestières genevoises, ce qui est une de nos préoccupations. Et nous entendons suggérer à l'Etat de Genève des actions concrètes... (L'orateur est interpellé par M. Brunier.) Oui, Monsieur Brunier, des actions concrètes qui s'inscrivent dans une préoccupation que nous avions déjà exprimée au printemps dernier, mais qui est toujours d'actualité : la préservation de nos forêts !
Je rappelle que l'ouragan Lothar, à la fin de l'année et au début de celle-ci, a provoqué des dégâts considérables en France et en Suisse. Les grandes théories sur la préservation des forêts, notamment celle qui prévaut pour la préservation du patrimoine consistant à dire qu'il ne faut pas exploiter les forêts et qu'il faut les protéger, se sont alors trouvées confrontées à la réalité et battues en brèche, pour ne pas dire balayées par la tornade. Je cite pour exemple le parc de Versailles que d'aucuns ont voulu préserver à l'extrême - aucune branche ne pouvait être touchée sous prétexte que la nature fait son travail... Ce parc qui était vieux a été proprement balayé : ce fut un désastre au niveau du patrimoine national.
Il y a le patrimoine, mais il y a aussi l'équilibre de l'écosystème, et nous pensons que le débat sur la forêt doit être repris sur d'autres bases, notamment sur le principe d'une saine exploitation de celle-ci.
En ce qui concerne Genève, nous ne pouvons pas prétendre qu'un véritable entretien des forêts soit effectué sur le plan de l'équilibre de celle-ci. Un travail de nettoyage est certes effectué, mais pas plus. Et, finalement, nous voudrions que cette motion - nous le disons d'ailleurs dans l'exposé des motifs - permette que la production de bois couvre, et davantage, la consommation, que le Conseil d'Etat, ou les autorités compétentes, recherche avec les collectivités communales la possibilité de mieux utiliser le bois.
Des expériences pilotes sont effectuées pour utiliser les copeaux pour chauffer certaines parties des bâtiments communaux. Nous pourrions imaginer que cette expérience soit généralisée, mais nous ne voudrions pas en rester là. Il est quand même singulier de penser qu'il n'y a pas de scierie, pas d'exploitation de nos forêts, alors que nous avons des forêts d'une belle qualité. Ce faisant, nous pensons que nos forêts sont vieillissantes et qu'elles pourraient le devenir suffisamment pour tomber au premier ouragan, mettant ainsi notre patrimoine en danger et notre écosystème en déséquilibre.
D'un autre côté, nous voudrions aussi que soient explorés les domaines qui permettraient de mieux utiliser le bois, pas seulement dans la construction - cela faisait partie d'un autre volet de notre motion - mais aussi dans le domaine de l'énergie de chauffage.
Mise aux voix, cette motion est adoptée.
Elle est ainsi conçue :
Motion(1347)pour une meilleure utilisation des ressources forestières genevoises