République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 22 juin 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 9e session - 32e séance
IU 897
M. Christian Brunier (S). Mon interpellation concerne le Conseil d'Etat et plus spécialement M. Lamprecht, en tant que conseiller d'Etat, mais aussi en tant que président de l'aéroport de Genève.
Les députés ont le privilège de recevoir assez régulièrement une publication politique, je dis bien politique, intitulée «Genève-Cointrin Panorama, bulletin de l'Association en faveur de l'aéroport international de Genève-Cointrin». Un des derniers numéros de cette publication était consacré à la privatisation de l'aéroport sous forme d'un réquisitoire fort primaire, il faut bien le dire, contre l'Etat. Dans ce journal, on insistait notamment sur le carcan que représentait le statut public pour l'aéroport, sans être en mesure, toutefois, de préciser un seul point concret d'obstruction créé par ce statut.
Ce dossier était, il faut bien le reconnaître, basé non sur des faits rationnels, mais sur un dogmatisme à la couleur ultra-libérale. De plus, les idéologues de cette publication oubliaient soigneusement de préciser dans cet article que la plupart des aéroports européens, dont les plus performants, ont un statut public.
Dans le dernier numéro de cette Pravda ultra-libérale, un article attaquait violemment le projet de loi que l'Alternative a déposé, demandant l'instauration d'un contrat de prestations pour améliorer les relations entre l'Etat et l'aéroport et demandant aussi une modernisation, une démocratisation du conseil d'administration de cet établissement.
Le débat d'idées est un aspect essentiel de la démocratie. Je le défends d'ailleurs avec beaucoup de rage, mais pour qu'il y ait débat il faut qu'il y ait des arguments. Or, dans le dernier article qui condamne le projet de loi, il n'y a rien, aucun argument. Ce sont juste des séries de slogans ultra-libéraux, sans aucun sens, sans fondement.
Je cite un passage : «Notre Grand Conseil présente aujourd'hui un projet de loi rétrograde et dangereux, mettant en péril l'avenir de notre aéroport. » Bien sûr, l'auteur ne précise pas pourquoi ce projet de loi met en péril l'aéroport. D'ailleurs, je ne vois pas comment un contrat de prestations et un changement de structures du conseil d'administration pourraient mettre en péril cet établissement. Il continue en traitant notre projet de loi de pernicieux et d'aberrant, bref, je vous fais grâce de ce torchon d'insultes.
Dès lors, mes questions sont les suivantes :
1. Le Conseil d'Etat va-t-il laisser longtemps l'aéroport, institution publique, mettre en procès l'Etat, insulter les structures démocratiques de ce canton, tant gouvernementales que législatives, alors même que le président de l'AIG est l'un des membres du gouvernement ?
Voici ma deuxième question, et là je veux une réponse précise, Monsieur Lamprecht !
2. Quelle est la participation financière de l'aéroport de Genève dans le financement de cette association, mais aussi dans le financement de ce journal de propagande ?
Réponse partielle du Conseil d'Etat
M. Carlo Lamprecht. Je vous réponds de suite, Monsieur le député Brunier, que toute association, qu'elle soit libérale, socialiste, radicale, démocrate-chrétienne, ou simplement professionnelle ou syndicale, a le droit de s'exprimer dans une brochure. Les gens peuvent s'exprimer librement et penser ce qu'ils pensent par rapport à un projet. En l'occurrence, le Conseil d'Etat n'est pas impliqué dans cette affaire.
Quant à votre deuxième question, j'ignore si l'aéroport international de Genève finance cette association et cette revue, mais je pourrai vous répondre dès que j'aurai fait mon enquête.