République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 8 juin 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 8e session - 28e séance
IU 874
Mme Fabienne Bugnon (Ve). Quant à la deuxième de mes interpellations urgentes, elle s'adresse à M. Cramer - que je n'ai, quant à moi, pas pu prévenir, excusez-moi ! - et concerne le tri des déchets.
Monsieur le conseiller d'Etat, vous avez donné une conférence de presse le 22 mai sur les tris des déchets. A cette occasion, j'ai entendu l'un de vos collaborateurs s'exprimer sur Léman bleu. Il disait, en substance, que la réponse au faible tri des déchets est peut-être à trouver dans le multiculturalisme du canton de Genève.
Je vous laisse imaginer que j'ai d'abord été choquée par cette réponse, puis, réflexion faite, je me suis dit qu'il existait énormément de pratiques différentes en matière de récupération de déchets et que, dans votre département, vous aviez montré la volonté que ce canton y participe le plus largement possible. Or je me demandais ce qui était fait pour que les gens habitant notre canton et ne parlant pas le français puissent avoir accès aux différentes déchetteries et si cela leur était expliqué en plusieurs langues.
Réponse du Conseil d'Etat
M. Robert Cramer. Madame la députée, j'entends affirmer très clairement que, dans ce canton, les performances en matière de tri des déchets sont peu satisfaisantes. Je rappelle qu'au début de la législature le taux de récupération des déchets ménagers se situait à peu près à 20%. Aujourd'hui, il est de 25%, alors qu'ailleurs en Suisse il est de 40% à 50%. Si nos performances sont mauvaises, ce n'est pas en raison du multiculturalisme de ce canton, mais - je n'hésite pas à le dire - du manque d'engagement des autorités politiques, qu'elles soient cantonales ou, dans certains cas, municipales. (Brouhaha.)
Comme vous le savez, la situation est en train de changer. Vous aurez constaté les très importants efforts effectués par le canton, ainsi que la qualité des relais que nous avons mis sur pied dans un certain nombre de communes. En particulier, je tiens à citer l'engagement actuel et nouveau de la Ville de Genève dans ce domaine. Si je peux vous dire que le multiculturalisme n'est pas le problème décisif en matière de tri des déchets, c'est que je me fonde sur l'exemple de la ville de Meyrin.
A Meyrin, Mesdames et Messieurs les députés, où la population est particulièrement multiculturelle, le taux de récupération des déchets ménagers est d'environ 40%, c'est-à-dire qu'à Meyrin on atteint d'ores et déjà les objectifs cantonaux et les taux de récupération correspondant à ceux que l'on trouve dans les cantons particulièrement performants dans ce domaine. Nous devons suivre l'exemple de Meyrin, qui nous fait la démonstration qu'avec une population d'origines très diverses on peut avoir une politique performante dans la gestion des déchets.
J'imagine que le collaborateur que vous avez entendu ne voulait pas du tout désigner le multiculturalisme comme étant un obstacle en matière de politique de récupération des déchets, mais comme étant une des composantes dont il faut tenir compte et qui implique, en particulier, que l'on fasse, comme on le fait à Meyrin, l'effort nécessaire pour s'approcher des gens et leur expliquer, en tenant compte de leur langue, de leur origine, ce qu'il convient de faire pour qu'à Genève nous soyons plus performants dans ce domaine. C'est en ce sens bien sûr que nous faisons un certain nombre de suggestions aux communes, tout en rappelant que c'est aux communes, proches des citoyens, proches des habitants, qu'il appartient de les appliquer.
Cette interpellation urgente est close.