République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 19 novembre 1999 à 17h
54e législature - 3e année - 1re session - 55e séance
IU 751
M. Gérard Ramseyer. En citant ce bon M. de La Fontaine, ses douze livres et ses deux cent quarante-deux fables, vous avez choisi «La grenouille et le boeuf».
Vous adressant à M. Ferrazino et à moi-même, vous auriez pu, en toute élégance, citer d'autres fables tout aussi représentatives mais au titre un peu plus flatteur. Je vous suggère «Le coq et la perle», «Le cheval et le loup», «Le torrent et la rivière».
Et si vous aviez voulu donner, dans votre intervention, une touche de causticité à vos propos, vous auriez pu évoquer«Les deux mulets», «Les deux pigeons» - pas «Les deux chèvres», cela aurait été trop !
Monsieur le député, vous avez choisi «La grenouille et le boeuf», fable qui s'achève - vous vous en souvenez - sur ces vers : «Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs / Tout petit prince a des ambassadeurs / Tout marquis veut avoir des pages».
Vos pages à vous, Monsieur le député, ce sont celles du Mémorial : vous posez des questions dont vous connaissez les réponses, mieux : vous les attendez pour les avoir suscitées. Comme Toepffer, vous feignez de feindre, afin de mieux dissimuler, vous m'épargnez ainsi un trop long développement.
L'axe de la Rôtisserie est une rue résidentielle et c'est le résultat d'une négociation avec les habitants, les associations, les commerçants, les clubs, etc. Cette affaire est maintenant lancée. Mon travail consiste uniquement à surveiller cette affaire et à vérifier le respect des dispositions fédérales. C'est le moment de dire, Monsieur le député et cher collègue, que le recours municipal contre le procédé financier employé par la Ville de Genève a été, entre-temps, admis.
Vous faites référence aux propos de M. Ferrazino sur sa vision de l'avenir et ses projets pour la circulation. J'aimerais respectueusement lui laisser l'entière paternité de ses propos. Si, par hypothèse, ceux-ci empiétaient sur ma sphère de compétence, j'entends, bien entendu, jouer le rôle qui est le mien, de par la souveraineté déléguée par le peuple.
J'aimerais rappeler que, n'ayant pas à ce sujet été fidèlement reproduit par un journaliste, j'ai tenu à rectifier, de manière que les choses soient tout à fait claires. Nous avons déjà eu deux fois l'occasion de nous rencontrer pour mettre les choses au point avec M. Ferrazino.
Enfin, vous vous exprimez sur le devoir de réserve des fonctionnaires. J'aimerais dire que je suis seul responsable de la communication dans mon département. J'ai du personnel spécialisé pour cette question et j'assume totalement ce qui est écrit et dit. Il peut arriver que, pour des raisons purement techniques, l'office des transports et de la circulation fournisse des indications à la presse, mais ce ne sont jamais des indications de caractère politique. Cette matière est de notre ressort et du nôtre exclusivement.
Enfin, Monsieur le député, j'aimerais vous renvoyer à ce bon M. de La Fontaine et sa fable : «Les frelons et les mouches à miel» - à miel, ai-je dit ! (Rires.) Cette fable traite de ces conflits interminables que les juristes compliquent plus qu'ils ne règlent. Je vous cite deux passages qui me paraissent d'actualité : «De grâce, à quoi bon tout ceci, dit une abeille fort prudente / Depuis tantôt six mois que la cause est pendante / Nous voici comme au premier jour / Pendant ce temps, le miel se gâte / Il est temps désormais que le juge se hâte / Le juge rend son jugement / Il renvoie chaque partie avec le miel de chaque partie.» Et la conclusion de M. de La Fontaine me paraît vous convenir tout à fait : «Plût à Dieu qu'on régla ainsi tous les procès / Que des Turcs en cela ont suivi la méthode / Le simple sens commun nous tiendrait lieu de code / Il ne faudrait point tant de frais / Au lieu qu'on nous mange et nous gruge et nous mine par des longueurs / On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge et les écailles pour les plaideurs.»
Monsieur le député, en matière de circulation et de politique de déplacement, préservez-nous du pire : les huîtres pour personne, mais hélas, les écailles pour tout le monde ! (Rires et applaudissements.)
Cette interpellation urgente est close.