République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 novembre 1999 à 17h
54e législature - 3e année - 1re session - 50e séance
M 974-B
M. Pierre Froidevaux (R). Le groupe radical, auteur de la motion initiale, accueille très favorablement le rapport du Conseil d'Etat concernant les cours d'éducation à la santé et les mesures de prévention qui y sont liées.
Nous avions souhaité lancer ce débat, il y a quelques années déjà, pour rendre attentif l'ensemble de notre Conseil au fait que les problèmes de santé n'étaient pas uniquement l'affaire des professionnels de la santé, mais étaient une affaire beaucoup plus générale, impliquant une prise d'autonomie de l'individu. Nous avions constaté à l'époque que le taux de consultations dans une population donnée dépendait essentiellement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ... de la situation sociale de l'individu : plus la personne est en situation difficile, plus la demande en soins médicaux est importante. Et nous avions été surpris par une étude de l'OFAS, qui indiquait que la personne type la plus demandeuse de soins était une jeune femme entre 25 et 35 ans, ce qui est surprenant au regard de la santé réelle de cette tranche d'âge. Ceci démontrait que le problème était lié moins à la santé physique qu'à la santé mentale et à la situation de l'individu devant faire face à ses obligations sociales.
Nous avions donc rédigé cette motion afin de susciter la prise de mesures préventives immédiates pour assurer la meilleure autonomie possible de l'individu. A cet égard, nous saluons la réponse du Conseil d'Etat, qui montre que le problème est abordé de multiples manières, que la prévention n'est pas le seul fait des professionnels de la santé, mais de tout un cortège d'intervenants qui entourent l'adolescent, pour lui permettre de devenir plus indépendant, plus autonome, et c'est ainsi que nous améliorons les critères de santé publique.
Je voudrais, pour finir, prendre un exemple. Nous savons qu'aux Etats-Unis, le coût de la santé est très important et représente 15% du PIB, alors que l'effort social est extrêmement faible. Si on prend le coût de la santé en Suisse, qui est encore à 11% du PIB, et le coût social, on arrive à un coût global quasiment identique à celui des Etats-Unis, mais avec une statistique bien meilleure de l'état de santé. En effet, le problème est lié : on ne peut pas dissocier le problème social et le problème de la santé. C'était le but de cette motion, c'est le sens de votre réponse, Madame la présidente, et je vous en remercie !
Mme Marie-Paule Blanchard-Queloz (AdG). En ce qui concerne la prévention et l'éducation à la santé, il me semble que ce rapport fait surtout état de la prévention des toxicomanies, légale ou illégale, de la prévention des abus, de la maltraitance et de la violence. Comme M. le député Froidevaux vient de le rappeler, la santé, généralement, est surtout vue en rapport avec la demande de soins médicaux. Or, à mon sens, ce qui manque, c'est une approche de sa santé par la personne elle-même.
Nous parlons ici notamment des enfants et de la prévention à l'école et ce que j'aurais aimé trouver dans ce rapport, c'est l'élaboration de moyens qui permettent à l'enfant de gérer, de prendre en charge sa propre santé, pas seulement en termes de demandes de soins, mais en termes de bien-être, de mal-être, de développement. Des moyens simples, comme par exemple un carnet de santé - qui n'est pas un carnet médical - pourraient permettre aux enfants de porter un jugement sur leur propre santé. Je pose donc la question : à quand un carnet de santé pour les enfants ? Il n'existe pas encore pour les adultes et si les enfants commençaient à noter à l'école leur parcours de santé, cela permettrait peut-être aux adultes d'aborder cette démarche de manière plus évidente.
Mme Martine Brunschwig Graf. J'apprécie le satisfecit exprimé par les auteurs de la motion. Quant à Mme Blanchard-Queloz, je lui répondrai ceci :
Je prends acte de son intérêt pour un carnet de santé, mais je rappelle que le rapport 974-B n'est pas exhaustif et constitue un document de suivi. En effet, précédemment, la commission de l'enseignement et de l'éducation avait traité des cours d'éducation à la santé, avait reçu tous les éléments nécessaires et avait rendu un rapport. Le présent rapport, pour ne pas user plus de papier que nécessaire, fait référence à celui de la commission, où vous trouverez ce qui vous préoccupe.
En l'occurrence, l'approche générale du département - et non l'approche spécifique pour des cas particuliers - englobe de responsabiliser chaque élève, de l'inciter à se prendre en charge, à se responsabiliser en ce qui concerne son capital santé. Là, je vous renvoie, Madame la députée, au rapport de la commission de l'enseignement 974-A que je tiens volontiers à votre disposition et qui vous permettra de voir très clairement que votre préoccupation est prise en compte et qu'elle figure dans cette approche globale.
Dans le présent rapport 974-B, nous avons en revanche répondu à des éléments plus spécifiques, aux demandes précises exprimées par les députés et c'est la raison pour laquelle vous trouvez un chapitre entier sur les actions de prévention spécifiques, mais vos préoccupations, même si elles ne se traduisent pas dans un carnet de santé, sont la base même de l'approche de la santé dans nos écoles et particulièrement au niveau primaire.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.