République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 29 avril 1999 à 17h
54e législature - 2e année - 6e session - 15e séance
IU 661
M. Luc Gilly (AdG). Ma troisième interpellation s'adresse à nouveau à M. Ramseyer et à M. Moutinot.
Tout à l'heure, M. Velasco a fait allusion à la manifestation de la Calvin Pride du samedi 10 avril. Monsieur Ramseyer, nous venons de discuter de la violence, surtout de la violence des jeunes, un peu de la violence policière. Or, samedi 10 avril, j'ai rarement vu dans ma vie de manifestant - car j'en suis un aussi, n'en déplaise au parlement - autant de policiers se déchaîner, sans sommation, sur des gens qui voulaient, une fois de plus, occuper un bâtiment commercial vide depuis cinq ans, qui était à l'origine destiné au logement et qui a été transformé en bâtiment commercial. Le problème doit se régler d'une manière différente, Monsieur Ramseyer.
On a parlé de la tenue d'assises sur la violence, dans trois mois : j'espère que vous y participerez avec vos hommes. Il y a quelques mois, vous avez parlé d'une nouvelle déontologie de la police : est-ce une déontologie à coups de matraque ? Ce jour-là, il y a eu de nombreux blessés, même si la presse n'a parlé que d'un policier blessé. A cet égard, quand on a vu la violence avec laquelle les policiers se sont précipités sur les gens - j'étais présent, Monsieur Ramseyer - on ne s'étonne pas que quelques manifestants aient réagi en lançant des bouteilles et des boulons ! A force de chercher la confrontation à la place du dialogue, les choses risquent de dégénérer à Genève ; nous approchons de l'été et les manifestations seront peut-être encore plus faciles...
Par ailleurs, comment se fait-il qu'après les débats que Laurent Moutinot et son département ont mis sur pied à la fin mars au sujet des bâtiments vides, on ait décidé quelques jours après, en s'appuyant sur la décision de M. Bertossa, d'évacuer le bâtiment de la rue Guillaume-Tell ? Les squatters ont demandé le dialogue, mais rien n'a été fait dans ce sens. Ils ont organisé une manifestation festive et non violente et ils ont eu les matraques pour seule réponse. Monsieur Ramseyer, vous devez connaître, et j'aimerais que vous le disiez au parlement, le nombre de blessés du côté des manifestants et la gravité de leurs blessures.
Ma question est d'ordre général : allez-vous continuer à répondre aux manifestants par la matraque ou essayer d'instaurer enfin un vrai dialogue ? Le problème, ce n'est pas les squatters. Le problème, ce sont ces bâtiments vides, pour lesquels on tente de trouver une solution, mais sans aboutir. M. Laurent Moutinot continue sans doute ses recherches ; j'ignore où il en est par rapport à ces locaux, qui devraient aussi être en partie attribués aux futurs réfugiés kosovars qui vont arriver chez nous.
Quoi qu'il en soit, le problème reste chaud et scandaleux et on ne peut pas rester passifs. L'attitude de la police genevoise, en tout cas actuellement, ne va en rien améliorer un climat qui devrait être beaucoup plus pacifiste et non violent. J'attends de vous des réponses claires, à savoir qui a décidé, le 10 avril, de matraquer avec une telle violence et de piétiner des gens qui étaient à terre ?