République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 25 juin 1998 à 17h
54e législature - 1re année - 10e session - 29e séance
IU 517
M. Christian de Saussure (L). Mon interpellation s'adresse à M. le conseiller d'Etat Segond, président du conseil d'administration des hôpitaux universitaires genevois. Depuis son arrivée à la tête de la division de cardiologie du département de médecine, en janvier 1997, le professeur Delafontaine n'a pas - c'est le moins que l'on puisse dire - suscité un consensus de la part de ses pairs, médecins intra et extra-hospitaliers.
Reprenant un service connu comme étant un centre d'excellence, il avait aussi pour tâche de poursuivre la recherche scientifique fondamentale, discipline qu'il avait déjà développée aux USA. Par ailleurs, la qualité de ses principaux collaborateurs - essentiellement des médecins-adjoints ou des chefs de clinique - devait assurer la pérennité de l'excellence de son service. Or, dès son arrivée, le professeur Delafontaine s'est séparé ou a poussé au départ selon la technique du mobbing plusieurs des cadres médicaux, lesquels - il n'est pas inutile de le rappeler - ont été formés à Genève et à l'étranger aux frais du contribuable genevois, ont consenti des sacrifices personnels et professionnels pour suivre une carrière académique et faire fonctionner de façon plus que satisfaisante un service universitaire de pointe. Ces médecins viennent maintenant grossir les rangs de la médecine privée. Ceci d'une part alourdit les coûts de la santé et, d'autre part, conduit au dédoublement de la pratique de techniques de pointe entre le secteur privé et public, ce qui ne va certainement pas dans le sens d'une complémentarité et d'une économie des dépenses, notions que par ailleurs vous prônez avec insistance.
Ensuite, et contre l'avis négatif du conseil du département de médecine, le professeur Delafontaine a décidé de faire venir à Genève un cardiologue étranger de 47 ans en lui offrant un poste en principe de formation, ce qui va priver un jeune confrère d'une place nécessaire à son cursus de spécialiste et qui nécessitera un aménagement contraire à la pratique des postes de chef de clinique en donnant peut-être à ce médecin accès à une clientèle privée.
Enfin, et c'est probablement le plus grave, la confiance nécessaire pour un travail efficace entre la division de cardiologie et les cardiologues de la ville et également les hôpitaux périphériques de Romandie n'existe plus, ce dont les patients sont les principales victimes.
J'ai trois questions à vous poser.
Premièrement : quelle est la liberté d'action d'un chef de service et quel moment attend-on pour réagir et sauvegarder les intérêts économiques et scientifiques de la communauté ?
Deuxièmement : quel va être le coût pour reconstituer un service de cardiologie digne de ce nom et reconnu sur le plan universitaire, ce qui implique la formation de nouveaux collaborateurs capables de restituer à la division de cardiologie son appellation de centre d'excellence ?
Troisièmement : la division de cardiologie répond-elle encore aux exigences d'une clinique A au sens exigé pour la formation des médecins-assistants et chefs de clinique se spécialisant en cardiologie ? Je vous remercie.