République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 19 mars 1998 à 17h
54e législature - 1re année - 6e session - 9e séance
IU 453
M. Bernard Clerc (AdG). Je développerai deux interpellations urgentes. La première, adressée à Mme Calmy-Rey, concerne l'agenda édité par la chancellerie.
La chancellerie, la vitrine officielle de notre République, a publié cet agenda qui s'ouvre sur la présentation de nos différents départements, et dont chaque page alterne avec une page de publicité.
C'est ainsi qu'en regard de la page consacrée au département de l'instruction publique nous apprenons que «Seul Clarins comprend aussi bien votre beauté». Je regrette que Mme Brunschwig Graf ne soit pas là pour apprécier ! Cette remarque vaut pour M. Segond, également absent, puisque nous avons le plaisir de découvrir une publicité pour les tabacs Reynolds au verso de la page consacrée à son département. La publicité d'une agence de sécurité privée «trône» pas très loin de la page réservée au département de M. Ramseyer. De plus, nous constatons que la promotion économique du canton relève d'un concept très large puisque, Monsieur Lamprecht, le casino de Divonne se trouve en bonne place, à la fin de l'agenda.
Rassurez-vous, Madame Calmy-Rey, vous n'avez pas été oubliée ! Les fiduciaires sont bien représentées, elles qui conseillent les contribuables genevois pour qu'ils paient moins d'impôts.
Il y a quelques années, la fourniture d'agendas aux collaborateurs de l'Etat avait été supprimée par souci d'économie. Cette édition de la chancellerie d'Etat - je ne puis parler d'agenda puisqu'il s'agit d'un support publicitaire - correspond tout à fait aux conceptions de marketing du New Public Management à partir desquelles il n'existe plus guère de ligne de partage entre l'Etat, en tant que service public, et les entreprises privées. Cela m'amène à vous poser quelques questions :
1. L'édition d'un tel agenda fait-elle partie des tâches prioritaires d'un service public comme la chancellerie d'Etat ?
2. Quel est le coût de cet agenda, compte tenu non seulement des frais d'édition - maquette, composition, impression - mais également des heures de travail des collaborateurs de la chancellerie consacrées à sa conception et à sa réalisation ?
3. Pensez-vous que la chancellerie, qui est la vitrine de notre Etat cantonal, doit servir de support à des publicités, dont certaines sont en contradiction avec les politiques menées par l'un ou l'autre département ?
4. Cette expérience, que nous espérons unique, sera-t-elle renouvelée en 1999 ?