République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 décembre 1997 à 17h
54e législature - 1re année - 3e session - 59e séance
M 1160
LE GRAND CONSEIL,
considérant:
- l'arrêté fédéral du 30 avril 1997 sur les places d'apprentissage (AF du 30 avril 1997 relatif à des mesures visant à améliorer l'offre de places d'apprentissage pour les années 1997/1998, 1998/1999 et 1999/2000);
- l'ordonnance du 7 mai 1997 relative à des mesures visant à améliorer l'offre de places d'apprentissages pour les années de formation 1997/1998, 1998/1999 et 1999/2000 (ordonnance sur les places d'apprentissage);
- le besoin impératif d'une bonne information aux élèves sortant d'un cursus scolaire - formation de base (école obligatoire, école secondaire postobligatoire, université) sur les possibilités de formation professionnelle;
- le vif succès des antennes décentralisées de l'office d'orientation et de formation professionnelle (OOFP) (Versoix, Châtelaine/Vernier, Onex);
- l'excellent impact de la manifestation de la Fédération des artisans et commerçants (FAC) auprès des élèves et autres visiteurs lors de la Foire de Genève en 1996;
- qu'il n'existe pas, à Genève, un lieu permanent d'information aux métiers avec des démonstrations concrètes;
- qu'il convient de motiver les jeunes à utiliser les services de l'OOFP,
invite le Conseil d'Etat
d'entente avec les partenaires sociaux et les services de l'Etat compétents
- à étudier la possibilité d'instaurer un lieu permanent de présentation des métiers;
- à prendre contact avec le Conseil administratif de la Ville de Genève pour trouver un local centralisé et accessible à tous (transports publics et places de parking pour voitures et deux-roues), par exemple au Pont-de-la-Machine, ou encore sur les voies couvertes CFF à Saint-Jean;
- à coordonner la présence des différents corps de métiers et à fixer un agenda annuel respectant les échéances de choix des jeunes et les possibilités des entreprises;
- à intégrer la mise en place et le fonctionnement de la vitrine des métiers dans le plan de mesures proposés par le canton au Conseil fédéral;
- à tout mettre en oeuvre par ce biais pour valoriser les apprentissages et les filières professionnelles.
EXPOSÉ DES MOTIFS
L'idée d'une vitrine des métiers voyage à Genève depuis quelques années. A l'instar de ce qui se fait en d'autres pays, Genève devrait pouvoir se doter d'un instrument efficace et permanent pour une meilleure information et une meilleure orientation sur les possibilités de formation dans ce canton, adapté aux utilisateurs - demandeurs et à ceux qui aimeraient «se vendre» (associations professionnelles, écoles, etc.).
Sensibiliser les élèves à la formation professionnelle passe par des actions concrètes d'information sur les métiers. La preuve en est l'intérêt énorme de la manifestation de la FAC auprès des élèves et autres visiteurs lors de la Foire de Genève en 1996 avec des démonstrations concrètes d'activités.
On pourrait imaginer la présentation d'un métier différent, ou d'une école, chaque semaine, organisée par les associations professionnelles.
Différentes manifestations dans notre canton qui pourraient être considérées comme «vitrine des métiers» existent sous des titres les plus divers et dispersées dans le temps et les lieux,
- portes ouvertes, journées d'information:
- CEPTA;
- ECG;
- ESC;
- EIG;
- associations professionnelles qui organisent leurs propres manifestations:
- FAC: stands / Foire de Genève;
- UIG: stands / Foire de Genève;
- Bâtiment (FMB - SSE - MBG): quais de l'immobilier au printemps, mercredis de l'apprentissage, etc.;
- opérations ponctuelles:
- FMB, lors de la construction d'ARENA: promotion des métiers du bois, chalet des apprentis à la Dôle, etc.;
- OOFP: Rencontres Information Professionnelle (RIP), environ 14 par an, par secteur professionnel, en collaboration avec les associations professionnelles.
Ne serait-il pas intéressant de réunir l'ensemble de toutes les manifestations en un seul endroit?
Par rapport aux échéances, il y a des moments plus importants que d'autres. L'agenda des moments décisifs ne correspond souvent pas au besoin ou à l'envie du jeune de s'informer.
Ne serait-il pas logique de permettre pendant toute l'année aux jeunes d'avoir un lieu fixe de rencontre et d'activités changeantes, puisque les manifestations dispersées ne correspondent en tout cas pas aux échéances scolaires.
Les moments de sensibilisation dans l'année (du point de vue des jeunes, par rapport aux échéances de choix
- nov./déc.: premier carnet scolaire, choix plus ou moins large d'après les résultats scolaires; par rapport à l'optique de l'information : c'est le meilleur moment;
- fin février: fin du 2e trimestre: la plupart des entreprises proposent des examens d'admission, entraînant une sélection; c'est le moment où les entreprises offrent facilement des stages; mais il est déjà trop tard pour des séances d'information !
- juin: décision à entériner.
Il n'existe pas, à Genève, d'information systématique sur la formation professionnelle. Réunir en un seul endroit, en permanence, une présentation d'activités proposées permettrait à un jeune d'ouvrir et d'élargir son horizon par rapport aux choix possibles.
Mieux connaître les possibilités de formation est indispensable pour les jeunes puisque
- s'ils n'ont pas obtenus des résultats scolaires excellents, ils se ferment eux-mêmes certaines portes;
- l'orientation se passe dans un cadre très restreint (cercle familial et/ou de copains). Le jeune suit les idées et schémas des personnes les plus proches ou arrête ses choix d'après ses connaissances personnelles;
- un jeune de 15 ans connaît en règle générale entre 10 et 20 métiers au grand maximum.
Chacun d'entre eux devrait par exemple avoir la possibilité de voir la vidéo Répertoire des Activités Professionnelles (RAP).
La peur de la concurrence entre des différents groupements ou associations professionnels/d'information/de formation (écoles) devrait disparaître en faveur du besoin d'information des jeunes.
Pour une action commune, il serait nécessaire d'intégrer tout le monde, y compris l'université, sachant qu'il ne faut pas tomber dans le piège de n'orienter que les gens «en échec». L'université à elle seule, attire plus de 60% des futurs collégiens, mais 40% des étudiants entrant à l'université sont mal orientés. A la sortie du cycle d'orientation, il n'y a que 8,9% des élèves qui vont entrer en apprentissage.
Valoriser l'apprentissage et les filières professionnelles à Genève, c'est changer la direction de l'orientation, l'élargir pour tout le monde.
La réflexion économique
L'argent investi dans l'instauration d'une vitrine des métiers ne devra pas être dépensé ailleurs pour réparer les dégâts d'une mauvaise orientation. Globalement, une meilleure orientation équivaut à une économie pour tout le monde, puisque la vitrine permettra aux jeunes de voir un maximum de personnes en un minimum de temps. Elle permettra aussi de faire venir, par exemple en environ 1 semaine, l'ensemble des élèves des CO, ECG, ESC, collèges => impact maximum en un minimum de temps ! (ex. FAC à la Foire de Genève: environ 90 classes en 10 jours !).
L'impact sur les élèves est difficile à mesurer ! Une éventuelle comparaison avec les RIP est possible:
- plus de 60% d'élèves ont découvert de nouveaux métiers;
- peut-être peuvent-ils s'en servir;
- => incidence sur leur culture;
- => incidence sur leur environnement social.
Il faut se mettre autour d'une table pour permettre une collaboration entre tous les partenaires. L'arrêté fédéral et l'ordonnance visant à améliorer l'offre de places d'apprentissages est une excellente raison de le faire dans les plus brefs délais.
Une vitrine des métiers, divisée en trois parties/unités spécifiques, en un seul lieu, facilement accessible (parkings, TPG)
Activités et démonstrations professionnelles
organisé par intervenants exterieurs
Bibliothèque, vidéos, ordinateurs
organisé par l'OOFP
Conseils et orientation:
organisé par l'OOFP
- écoles
- écoles privées
- écoles
professionnelles
- UNI
- ass. professionnelles, syndicats
partie de l'antenne
décentralisée de l'OOFP
partie de l'antenne
décentralisée de l'OOFP
accueil
conseil
orientation
administration
Buts : - économiser l'énergie des membres de l'OOFP, s'il y a moins de diversification (voir agenda annuel);
- entonnoir: meilleure information générale:
=> décision stage ou profession facilitée;
- communication beaucoup plus directe et permanente entre les différents intervenants.
Au bénéfice de ce qui précède, nous vous remercions, Mesdames et Messieurs les députés, de réserver bon accueil à notre projet de motion.
Débat
Mme Marie-Françoise de Tassigny (R). Cette motion suscite beaucoup d'intérêt chez les organismes patronaux et syndicaux de par sa demande d'un lieu permanent des métiers.
Les adolescents sont souvent très désorientés face à leur avenir professionnel. Ils bénéficient de conférences à ce sujet, certes, mais rien ne vaut une vitrine permanente, un espace de proximité, pour sensibiliser les jeunes à des métiers connus ou méconnus.
Les aînés, dans le métier, pourront leur transmettre leur passion et leur savoir-faire. Nous avons conscience de l'engouement provoqué par ces démonstrations, en 1996, à la Foire de Genève.
La réalisation de cette vitrine aurait aussi le mérite de valoriser des métiers techniques ou manuels, souvent ignorés des jeunes. Cet espace constituerait une plate-forme d'échanges entre jeunes et professionnels.
Ces différents arguments amènent le groupe radical à renvoyer cette motion à la commission de l'économie.
M. Gilles Desplanches (L). Je suis à l'origine de cette présentation des métiers, à la Foire de Genève, qui fut placée sous l'égide de la Fédération des artisans et commerçants. Le but était d'attirer l'attention de jeunes sur la possibilité de faire un apprentissage.
Or, comme le relève la motion, 8,9% seulement des jeunes quittent le cycle d'orientation pour entrer en apprentissage. Aujourd'hui, en dépit du chômage, diverses professions ne font pas le plein d'apprentis.
Malheureusement, la mise en place d'une vitrine permanente des métiers est irréalisable pour les motifs suivants :
- l'impossibilité pour bon nombre de professionnels d'être présents sur les lieux;
- le manque probable d'interactivités qui découlera de cette absence;
- le coût, certainement très élevé, empêchera les professionnels de reproduire leurs activités.
Je propose de renvoyer cette motion en commission pour que celle-ci étudie les faisabilités suivantes :
- la mise en place d'une structure de manifestations, avec des associations ou des fédérations professionnelles. Certaines associations ou fédérations n'ont pas les moyens financiers, structurels et techniques d'assurer et de suivre des manifestations itinérantes;
- la mise à jour de la liste des professions en manque d'apprentis;
- la mise en place d'une structure d'organisation de base comprenant la communication et la collaboration des services concernés.
La participation financière et les engagements des associations sont fondamentaux pour réussir la réorientation des jeunes en adéquation avec les nouvelles réalités économiques.
Mme Fabienne Blanc-Kühn (S). Le groupe socialiste soutient cette motion dans le sens qu'il importe de diversifier l'information.
En revanche, il craint que l'implantation d'une vitrine en un lieu précis ne rompe le lien, déjà fragile, entre le cycle d'orientation et les structures de formation professionnelle.
Les deux premiers considérants invoquant des ordonnances fédérales, il est amené à s'interroger sur la volonté des motionnaires. Connaissant le collègue qui a participé à la rédaction de cette motion, nous pouvons supposer qu'elle tend à intégrer cette vitrine dans le financement fédéral attribué au canton de Genève. Ce point doit être préalablement débattu au Conseil central interprofessionnel, auquel appartient notre collègue.
Mise aux voix, cette proposition de motion est renvoyée à la commission de l'enseignement et de l'éducation.
Mme Marie-Françoise de Tassigny (R). Je me permets d'intervenir à nouveau. Il me semble que j'avais demandé le renvoi de la motion à la commission de l'économie. Peut-être me suis-je trompée ?
Le président. Au Bureau, il était question de la renvoyer à la commission de l'enseignement. Nous prenons acte de votre demande de renvoi à la commission de l'économie et la mettons aux voix.
Mise aux voix, cette proposition de motion est renvoyée à la commission de l'économie.