République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 26 juin 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 8e session - 33e séance
IU 361
M. Bernard Clerc (AdG). J'ai également deux interpellations à développer.
La première concerne la disparition du «Journal de Genève» et s'adresse au président du Conseil d'Etat. Tout d'abord, je dois dire que j'ai été un peu surpris de constater, lors du point de presse du Conseil d'Etat, hier, qu'aucune mention n'était faite de cette disparition, alors que ce journal joue tout de même un rôle très important dans notre canton depuis cent septante ans. On aurait pu s'attendre à ce que le Conseil d'Etat prenne position à ce sujet.
En fait la disparition du «Journal de Genève» annoncée à l'occasion de sa fusion avec « Le Nouveau Quotidien» est un coup très dur pour la presse de Suisse romande ainsi que pour l'emploi, après la disparition du journal «La Suisse» en 1994. Lors du débat sur l'initiative «La Suisse», visant à garantir la pluralité de la presse, nous avions dénoncé le processus de concentration en cours aux mains d'un seul et puissant éditeur, Edipresse, qui contrôle aujourd'hui dans les faits la quasi-totalité de la presse romande. Les montages financiers et juridiques ne doivent pas faire illusion. La presse romande est maintenant contrôlée par un monopole, ce qui fait peser un risque considérable sur la liberté de la presse.
Parallèlement à cette fusion, l'extension des collaborations rédactionnelles entre la «Tribune de Genève» et «Vingt-quatre heures» risque de réduire la rédaction de la «Tribune de Genève» à une simple rédaction locale. Le centre d'impression de Vernier, repris à très bon compte par Edipresse au moment de la disparition de «La Suisse» et dont le maintien avait été présenté comme une victoire par le Conseil d'Etat, est menacé à terme dans son existence.
La seule fusion du «Journal de Genève» et du «Nouveau Quotidien» implique au minimum la disparition de cent cinquante emplois, et si on y inclut les emplois induits et de sous-traitance, ce sont deux cent cinquante emplois qui sont menacés. Enfin, nul n'ignore que «Le Courrier» dernier quotidien indépendant de notre canton se trouve menacé, malgré une progression réjouissante de ses abonnés.
Mes questions à M. Jean-Philippe Maitre sont les suivantes :
1) Le Conseil d'Etat considère-t-il que le contrôle de la presse par un monopole est compatible avec les principes de la liberté de la presse garantis par notre constitution ?
2) Qu'a fait le Conseil d'Etat pour éviter la disparition d'un deuxième quotidien dans notre canton en l'espace de quatre ans ?
3) Quelles seront les conséquences exactes sur le plan de l'emploi de la disparition du «Journal de Genève» ?
4) Quelles dispositions entend prendre le Conseil d'Etat pour garantir l'existence du centre d'impression de Vernier ?
5) Quand le Conseil d'Etat prendra-t-il enfin la décision d'utiliser l'aide indirecte à la presse dont il dispose par le biais de ses annonces pour que le dernier journal indépendant de notre canton, à savoir «Le Courrier», soit soutenu en conséquence ?