République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 12 juin 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 7e session - 27e séance
IU 353
M. Jean-Philippe de Tolédo (R). Mon interpellation s'adresse au Conseil d'Etat et en particulier à M. Ramseyer.
Monsieur le conseiller d'Etat, j'ai lu récemment dans la «Tribune de Genève» un sondage très intéressant relatif à l'aménagement de la rade. Les résultats m'ont impressionné et m'amènent, ce soir, à poser quelques questions, afin de m'aider à interpréter les réponses des Genevois.
Ce sondage fait apparaître qu'environ 65% de la population est favorable à la création d'un métro léger entre Annemasse et Meyrin, ce qui semble correspondre, à première vue, à l'analyse que vous-même et les conseillers d'Etat aviez faite au lendemain du vote sur la traversée de la rade, le 9 juin 1996, par la voix de Guy-Olivier Segond. A savoir que le non massif à la traversée de la rade signifiait oui aux transports publics et, en particulier, au métro léger. Jusque-là, l'enquête vous donne raison, mais, à la question suivante du même sondage, 54% des Genevois sont contre l'augmentation des voies réservées aux transports publics.
Alors ma première question est la suivante : sachant que le développement du réseau de trams 13, 16 et Annemasse/Meyrin - ou Thoiry/Etrembières, si vous préférez - implique que la rue de Lausanne devienne une rue de connexion, soit quasiment une rue piétonne, et que pour faire passer le tram il faut, selon les experts, diminuer d'environ 40% la circulation privée à la rue de la Servette, alors que cette rue est déjà saturée, et qu'enfin vous devez prendre deux voies de circulation sur le pont du Mont-Blanc pour faire passer le tram, Monsieur le conseiller d'Etat, comment allez-vous faire pour éviter le blocage général de la circulation privée ?
La majorité des Genevois qui se sentent concernés par ce problème seront très intéressés de connaître les solutions que vos stratèges de la circulation ont envisagées pour faire face à ce chaos programmé. Par ailleurs, le sondage montre aussi que 55% des Genevois sont toujours favorables au principe d'une traversée de la rade. Parmi les opposants, 70% ont refusé les projets proposés par le Conseil d'Etat à cause du prix, estimé par les opposants à 1 milliard.
Cela m'amène à poser la deuxième question : est-il raisonnable, alors que les finances publiques accusent un déficit de plus de 460 millions de proposer un projet de tram dont l'utilité me semble hypothétique pour une petite ville comme Genève, mais qui va créer à coup sûr des embouteillages inquiétants et coûter un prix comparable à celui qui a motivé le refus de la traversée de la rade ?
Monsieur le conseiller d'Etat, ne serait-il pas en définitive beaucoup plus judicieux, considérant l'état des finances publiques, d'allouer les 30 millions annuels votés par le Grand Conseil pour les transports publics à une traversée de la rade que tous les experts du trafic considèrent comme indispensable, car elle est la clé de voûte du plan de circulation 2000. Par conséquent, ne vaudrait-il pas mieux construire une traversée de la rade qui réponde vraiment au souhait des Genevois exprimé dans l'enquête de la «Tribune de Genève», à savoir une traversée bon marché, utile et ne défigurant pas notre rade, plutôt que de se lancer dans un projet de tram exagérément coûteux qui, à l'évidence, va paralyser notre République ?
Ainsi que tous ceux qui souhaitent une réelle amélioration de la circulation à Genève, j'attends avec intérêt vos réponses à ces questions. (Exclamations.)