République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 2 mai 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 5e session - 20e séance
I 1981
Mme Elisabeth Häusermann (R). Merci, Madame la présidente, de m'avoir donné la parole ce soir, mais, vu l'heure tardive, je renonce à la développer, et je vous demande de pouvoir le faire à une autre séance.
Des voix. Ah non !
La présidente. Si vous la développiez maintenant, vous auriez au moins une réponse et vous pourriez répliquer, Madame la députée !
Mme Elisabeth Häusermann. Non, je préfère attendre !
La présidente. Vous retirez votre interpellation ?
Mme Elisabeth Häusermann. Non, j'aimerais la repousser à une prochaine séance. (Exclamations.)
La présidente. Bien, vu les oppositions qui se manifestent, je vais mettre au vote la proposition de repousser cette interpellation étant donné que le Grand Conseil est maître de son ordre du jour.
Mise aux voix, la proposition de renvoyer ce point à une prochaine séance est rejetée.
La présidente. Tout le monde va rester, Madame Häusermann, vous pouvez développer votre interpellation !
Mme Elisabeth Häusermann. C'est ridicule ! (Brouhaha.)
La présidente. Soyez silencieux ! Nous avons accepté d'écouter Mme Häusermann; s'il vous plaît !
Mme Elisabeth Häusermann. Je trouve que ce n'est pas le moment, mais bon !
Mme la conseillère d'Etat étant absente, je m'adresse aux conseillers d'Etat qui ont eu la gentillesse de rester. Ma question est dirigée d'une part au chef...
Une voix. Y'a plus de chef ! (Brouhaha. La présidente agite la cloche.)
Mme Elisabeth Häusermann. Si vous avez le temps, je l'ai aussi ! (Brouhaha.)
La présidente. Mme Häusermann a le temps, et tant qu'il y a du bruit elle ne parlera pas et tant qu'elle ne parlera pas nous attendrons ! Alors, soyez un peu raisonnables - n'est-ce pas Monsieur Lombard ! (M. Lombard conteste.) Mais oui, Monsieur Lombard, cessez de parler !
Mme Elisabeth Häusermann. Ma question est dirigée, d'une part, au chef du département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales et, d'autre part, au Conseil d'Etat.
Permettez-moi d'utiliser une métaphore. Pour pouvoir l'identifier, la tour de contrôle d'un aéroport international demandait à un avion s'approchant de ses pistes d'atterrissage : «Who are you and what is your position ?». La réponse ne se faisait pas attendre : «Je suis le pilote et je suis tout devant !».
Même si la réponse vous amuse, Mesdames et Messieurs les députés, n'est-ce pas ce genre de réponse que nous attendons de ceux qui nous gouvernent : «Je suis le pilote, celui qui dirige, celui qui prend les décisions qui s'imposent dans n'importe quelle situation et je suis devant.»
Le centre de Lullier, tel qu'il est conçu, Monsieur le conseiller d'Etat, est un fabuleux instrument pour pouvoir donner une formation de qualité à tous ceux qui investissent et consacrent leur temps, leur volonté et le travail nécessaire. Ces derniers temps, il faut malheureusement se demander s'il y a vraiment un pilote dans l'avion ou, si pilote il y a, veut-il, peut-il, sait-il utiliser ses instruments de bord ? Les élèves fleuristes à Lullier se sont engagés pour quatre années d'études, maturité professionnelle à la clé, au lieu des trois ans pour un apprentissage normal de fleuriste avec CFC.
Lors de différents entretiens à ce sujet, il m'a été assuré que l'obtention d'une maturité professionnelle n'était pas remise en cause, en citant l'exemple édifiant de l'école d'horticulture où quatre élèves sur trente-deux l'ont obtenue l'année dernière. (L'oratrice est gênée par des bavardages.) Merci, vous deux, derrière !
Comment, dès lors, expliquer le fait que, dans les annonces de journaux invitant les élèves sortant du cycle d'orientation à s'inscrire à l'école de Lullier, il n'est nullement fait allusion à la possibilité de s'inscrire, du moins à en croire le règlement, pour une maturité professionnelle ?
Le pilote sait-il ce que fait le copilote ou est-on en train d'abandonner le projet initial ? Dans une lettre aux parents, la direction de l'école parle d'une adaptation de la formation aux exigences professionnelles. Suivant les normes modifiées dernièrement par les autorités fédérales de l'OFIAMT, la maturité professionnelle technico-agricole serait donc abandonnée au bénéfice d'une maturité professionnelle artisanale.
Combien de problèmes à résoudre : organisation des cours, exigences fédérales, coordination romande HES. Toutes les autres écoles menant à une maturité professionnelle dépendent du département de l'instruction publique. Pour des questions d'efficacité, pour éviter des doublons, il serait à mon avis plus que souhaitable que l'école de Lullier puisse être gérée, elle aussi, par ce même département. Une telle mesure ne s'inscrirait-elle pas en droite ligne dans l'esprit de la réforme de l'Etat ?
M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. C'est pour des raisons d'efficacité, précisément, que cette école se trouve là où elle est aujourd'hui. Il n'y a pas de doublon, et il y a un pilote qui parle au copilote !
Madame, c'est la troisième fois que vous m'interpellez au sujet de cette école, et je vous ai reçue il y a quelques jours, alors que vous étiez accompagnée de deux personnes de l'Association suisse des fleuristes !
Je vous répète simplement que nous avons admis, il y a quelques années, que cette école de Lullier soit le berceau d'accueil d'une école nationale de fleuristes souhaitée par la profession. Nous nous sommes mis en route pour créer ce centre de formation à la satisfaction générale. Des représentants des différentes professions, dont le président de l'Association suisse des fleuristes et un autre membre, font partie du comité du conseil de l'école responsable de la formation. Jamais ces deux personnes représentant l'Association suisse des fleuristes ne se sont plaintes de problèmes liés à un enseignement qui ne serait pas donné comme on le souhaiterait et qui pourrait - c'est un procès d'intention, car nous en sommes à la troisième année seulement - ne pas conduire au niveau de la maturité professionnelle !
Nous étions dans une situation insolite en recevant Mme Häusermann, puisqu'elle était accompagnée de deux membres de l'Association suisse des fleuristes et qu'elle n'exprimait pas le même avis.
Mesdames et Messieurs les députés, j'ai signalé que nous faisions de gros efforts pour la formation professionnelle et pour cette école; que la dépense était substantielle et qu'il faudrait au moins que le milieu professionnel directement concerné s'exprime d'une seule voix !
En ce qui nous concerne, nous sommes disponibles pour donner un certain nombre de renseignements, mais nous avons des limites quant à notre disponibilité, surtout lorsque nous avons le sentiment qu'il s'agit de querelles internes et que les choses essentielles ne sont pas abordées. Nous avons donné beaucoup de temps à ce sujet, et je serais tenté de dire, Madame la députée, que cela suffit ! Nous avons fait la démonstration que notre travail était bien fait. Vous dites qu'il faut un pilote dans l'avion, alors je vous dis très clairement que l'école est bien tenue. Comme je vous l'ai dit l'autre jour, c'est la première fois que nous enregistrons des critiques de ce type, de nature à compromettre ce qui a été voulu par l'association professionnelle concernée, soit la création de ce centre de formation.
Je le répète, je ne défendrai pas cette école contre n'importe quel mouvement, et si les professionnels devaient être majoritaires pour contester ce qui a été fait, qu'ils le disent clairement ! Mais, en attendant, Mesdames et Messieurs les députés, soyez sereins. La décision qui a été prise de créer cette école était bonne. Tous les élèves - en tout cas une grande majorité - sont satisfaits et ce ne sont pas quelques exceptions qui vont nous faire remettre en question cette décision. (Applaudissements.)
La présidente. Madame la députée, souhaitez-vous répliquer ?
Mme Elisabeth Häusermann. Oui, bien sûr, Madame la présidente, mais pas ce soir !
La réplique de Mme Elisabeth Häusermann à cette interpellation figurera à l'ordre du jour d'une prochaine séance.
21. Ordre du jour
M. Bernard Lescaze(R). Vous pouvez passer comme chat sur braise sur le point 56 de notre ordre du jour. Il concerne une interpellation de ma part sur la durée et les conditions de l'affichage politique. Cette interpellation ayant été déposée en octobre avait alors toute sa valeur. Depuis, il y a eu le projet de loi 7219 qui m'a donné entière satisfaction et, en conséquence, bien entendu, je la retire. (Applaudissements.)
La présidente. Monsieur le député, vous vous répétez, parce que vous l'avez déjà retirée vendredi passé et j'en avais pris note. Mais ce n'est pas grave, mieux vaut deux fois que pas du tout !
La séance est levée à 0 h.