République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 10 octobre 1996 à 17h
53e législature - 3e année - 11e session - 38e séance
IU 245
Mme Elisabeth Häusermann (R). Mon interpellation urgente s'adresse au Conseil d'Etat in corpore qui, le 23 septembre 1996, a démis de ses fonctions, pour une durée de six mois, un médecin pratiquant dans notre canton.
Albert Einstein a dit : «La théorie c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.» Les mesures provisoires prises à l'encontre d'un médecin interniste et le soi-disant filet de secours mis en place à la hâte pour ses patients toxico-dépendants vont-ils dans l'une ou l'autre de ces catégories ? Dès lors, ne serait-il pas plus judicieux de trouver un moyen terme ?
Mes questions sont les suivantes :
- Quel sens donnez-vous à une radiation «temporaire» ? Dans un intervalle de six mois, la situation s'améliorera-t-elle ou pense-t-on que la mesure de radiation, en elle-même, contribuera à la prise de conscience, au raisonnement de l'intéressé ?
- De quelle manière le centre d'accueil devrait-il prendre en charge tous les patients toxicodépendants du médecin en question ?
- Ce centre remplit-il sa fonction d'aide non seulement médicale mais aussi psychologique et d'écoute, vu les horaires restreints d'ouverture, de 10 à 17 h, du lundi au vendredi ?
- La présence policière devant le centre est-elle nécessaire et utile ou plutôt dissuasive, puisque des quatre à cinq cents patients attendus seule une petite trentaine a pu être accueillie et conseillée par le centre jusqu'à aujourd'hui ?
- Vu le temps mis par l'autorité à décider, n'aurait-elle pas mieux fait de s'organiser pour rendre cette antenne opérationnelle à 100% le jour X, ceci en étroite collaboration avec tous les professionnels concernés ?
La circulaire adressée aux pharmaciens, trois jours après la suspension du médecin, a dû être revue et corrigée le lendemain, et le service téléphonique proposé aux professionnels n'était pas adapté aux besoins non plus.
Mis à part l'annonce de l'événement dans la «Feuille d'avis officielle» et une affiche sur la porte du cabinet médical à l'intention des patients, quelle a été la politique d'information à la population, aux pharmaciens et aux médecins censés prendre en charge de futurs «clients», ainsi qu'aux travailleurs sociaux ?
Prévoyant l'éventuelle fermeture du cabinet médical, les toxicodépendants ont fait un stock important de Rohypnol et d'autres benzodiazépines ou les ont achetés au marché noir au prix fort : avant la décision du Conseil d'Etat, un comprimé de Rohypnol coûtait de 2 ou 3 F, aujourd'hui, il en vaut 12.
La période d'ouverture de trois mois de ce centre suffira-t-elle pour faire face à la deuxième vague prévisible de toxicodépendants, lorsque ceux-ci auront épuisé leurs stocks de médicaments ?
Je remercie le Conseil d'Etat de l'intérêt qu'il portera à mes questions et préoccupations.
Le Le président. M. le conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond répondra à votre interpellation urgente au point 57 ter de notre ordre du jour.