République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 25 avril 1996 à 17h
53e législature - 3e année - 6e session - 14e séance
IU 181
M. Thomas Büchi (R). Il y a quatre mois, j'ai déposé une interpellation, qui commence à devenir un peu urgente... (Rires.) ...vu l'état chaotique de notre ordre du jour !
Le président. Je vous en prie, je vous en prie, Monsieur le député !
M. Thomas Büchi. Mon interpellation s'adresse à M. Claude Haegi et a trait à l'implantation d'une nouvelle gravière à Chancy. D'emblée, je précise à cette assemblée que je n'interviens pas seulement en mon nom propre : je suis également le porte-parole de l'ensemble des habitants, des collègues députés et des autorités communales de Chancy.
J'aurais bien voulu profiter de l'occasion pour les saluer à la tribune du public, mais ils sont déjà venus six fois... (Rires.)
Monsieur Haegi, pourquoi m'obligez-vous à vous adresser cette interpellation urgente ce soir ? Les motifs sont les suivants :
Le tableau de la situation générale n'est pas reluisant. Il est prévu d'implanter à l'entrée de notre village une gravière d'une superficie égale à trois fois la plaine de Plainpalais, soit 23 hectares. L'exploitation est prévue pour une durée minimum de quarante ans. Je vous le dis, personne, à part les futurs exploitants, n'est prêt à accepter un pareil désastre !
Monsieur Haegi, si l'on en juge par votre courrier adressé à la commune le 28 septembre 1993, vous partagez ce point de vue. N'écriviez-vous pas après une visite des différents sites : «J'ai décidé de ne pas autoriser l'ouverture de cette gravière.» ! Suite au recours du futur exploitant qui a obtenu satisfaction auprès de la commission LCI, le 22 août 1995, la municipalité et les opposants ont contesté cette décision auprès du Tribunal administratif.
Monsieur Haegi, à cette occasion, vous avez radicalement... (Rires.) - sans jeu de mots - changé d'avis. Pourquoi ? Nous en sommes très étonnés !
M. John Dupraz. La trouille, ça se commande pas ! (Rires.)
M. Thomas Büchi. Monsieur Haegi, pouvez-vous nous expliquer ce revirement de position, alors que le Grand Conseil a voté, le 27 avril 1995, la motion 989 qui vous demande en sa page 2 de réactualiser le plan directeur des gravières, d'intégrer dans l'étude l'appréciation des atteintes au paysage et sa protection, de tenir compte du développement du canton et d'éviter, dans la mesure du possible, que de nouvelles exploitations soient ouvertes à proximité d'habitations, de veiller au respect des lois et règlements tant pour l'exploitation que pour la remise en état des gravières existantes, de n'autoriser sur les plans d'extraction que l'exploitation normale du matériau qui s'y trouve et de mettre sur pied une politique du transport pour l'ensemble des mouvements liés aux graviers.
Je profite de l'occasion pour vous demander, s'agissant de la réactualisation du plan directeur, quelles instances et quelles commissions vont être consultées. Dès lors, nous vous appelons instamment à reconsidérer votre position.
Quoi qu'il advienne, l'ensemble des habitants de la commune de Chancy, soutenu par la totalité des autorités communales, est déterminé à tout mettre en oeuvre pour que le village de Chancy ne devienne pas un site lunaire. Monsieur le conseiller d'Etat, nous allons nous battre !
Des voix. Bravo !
Le président. La réponse à votre interpellation urgente interviendra au point 63 quater de notre ordre du jour.