République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 14 décembre 1995 à 17h
53e législature - 3e année - 2e session - 55e séance
P 1067-A
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8. Rapport de la commission des pétitions
chargée d'étudier la pétition pour la
réalisation d'un véritable parc public ouvert sur l'Arve
sur la parcelle de l'ancien Palais des expositions. ( -)
P1067IntroductionLa pétition 1067 a été
déposée le 27 février 1995 au Grand Conseil.
Constatant qu'elle était relative à un objet traité
par la commission des travaux, à savoir la construction de la
2e étape d'Uni-Mail, la commission des pétitions, le 27
mars 1995, sous la présidence de Mme Liliane Johner, l'a
laissée en suspens jusqu'à l'issue des
délibérations. Au vu du vote intervenu au Grand Conseil
le 28 avril 1995, la commission des pétitions a
décidé de liquider formellement cet objet le 9 octobre
1995. Elle a cependant attendu le vote du Conseil municipal de la
Ville de Genève, auquel cette pétition avait
également été renvoyée, survenu le 8 novembre
1995, pour établir ce rapport dont elle a approuvé les
conclusions le 13 novembre 1995.Les faitsL'Association pour le parc
de l'ancien Palais a adressé la pétition ci-dessous,
couverte de près de 3000 signatures, tant au Grand Conseil de
la République et canton de Genève qu'au Conseil municipal
de la Ville de Genève.Le texte était le
suivant:PÉTITIONpour la réalisation d'un véritable
parc public ouvert sur l'Arvesur la parcelle de l'ancien Palais des
expositionsC'est depuis 16 ans déjà que le Conseil d'Etat
s'est déterminé sur l'utilisation des terrains de
l'ancien Palais des expositions. Il insistait, en particulier dans
le Plan directeur de quartier pour l'aménagement des terrains
de l'ancien Palais des expositions de 1982, sur la
nécessité d'en réserver une partie pour «la
création d'un grand parc public dont les habitants des
quartiers denses avoisinants pourraient profiter» et il est
précisé dans le projet deloi 6979 voté le 8 octobre
1993 que le parc sera ouvert sur l'Arve, ainsi d'ailleurs que sur
le plan annexé à des baux de locataires d'immeubles de la
parcelle.Au fil des ans, le projet a été modifié,
notamment par l'ajout de 200 logements aux 200 déjà
construits sur la parcelle. Christian Grobet avait alors
assuré qu'étant donné l'augmentation de la
densité d'habitants, le parc se justifiait d'autant plus.Or,
voilà qu'aujourd'hui l'Etat s'obstine à vouloir conserver
les derniers bâtiments vétustes de l'ancien Palais
situés le long du quai Ernest-Ansermet. Bien qu'elle s'y soit
engagée, la Ville de Genève a alors refusé, avec
raison, d'aménager un parc public dans un espace aussi
réduit et fermé, situé de surcroît sur des
sous-sols.Cette affaire est une nouvelle expression de la politique
«Construire la ville en ville», qui a conduit à la
surdensification de la ville, à la dégradation des
conditions de vie qu'elle implique et à une opposition de plus
en plus marquée des habitants.Les soussignés demandent au
Grand Conseil et au Conseil d'Etat:1. Qu'ils expriment
clairement leur volonté de respecter la promesse qu'un parc
public et ouvert côté Arve soit réalisé sur la
parcelle de l'ancien Palais des expositions.2. Que cette
parcelle, libérée de toute construction en surface et en
sous-sol, soit cédée à la Ville de Genève, de
manière que celle-ci puisse y réaliser un véritable
parc public comme cela avait été convenu.3. Que les
habitants des quartiers avoisinants soient associés et
consultés dans la procédure d'aménagement, en
particulier à travers l'Association pour le parc de l'ancien
Palais.Cette pétition fut gardée par la commission des
pétitions, tout en sachant que dans l'examen du projet de loi
7186 concernant la construction de la deuxième étape
d'Uni-Mail, la commission des travaux se préoccupait dela
question soulevée par les pétitionnaires.En effet, la
commission des travaux auditionnait les pétitionnaires le14
février 1995 déjà, puis se transportait sur place le
28 février 1995 avant de longuement délibérer du
problème, comme il ressort du rapport de majorité de M.
René Koechlin publié dans le Mémorial du Grand
Conseil, séance du 28 avril 1995, pages 2129 et
suivantes.Dès le débat d'entrée en matière, les
députés se sont prononcés sur «l'étude du
parc public intégré au projet [d'Uni-Mail]... de
même son ouverture au sud sur le quai de l'Arve». Le
rapporteur constatait que «l'aménagement du parc public a
longuement polarisé l'attention». Il rappelait que
l'espace qui lui était dévolu couvrait 14 000 m2
occupés par des constructions plus ou moins vétustes
«dont l'affectation précaire pose la question du
relogement de leurs occupants» (Mémorial du Grand
Conseil, page 2130).Quatre constructions étaient en
jeu: le dépôt des Transports publics
genevois; l'ancien institut d'architecture; la
discothèque Jackfil; le dépôt souterrain de
l'Arsenal.Après l'audition des représentants de
l'Association pour le parc de l'ancien Palais, le rapporteur
rappelait les deux objectifs de cette
association:1. libérer complètement l'espace de
toutes les constructions qui l'occupent;2. être
associée à l'aménagement du parc en question.La
commission des travaux du Grand Conseil a également
auditionnéM. Michel Ruffieux, directeur des constructions et
de l'aménagement à la Ville de Genève qui a
confirmé que la Ville était d'accord d'investir
500 000 F dans l'aménagement de la parcelle en parc
«pour autant qu'elle soit libre de toute construction et
qu'elle s'ouvre sur l'Arve» (Mémorial du Grand Conseil,
page 2132).Plusieurs commissaires se faisaient alors l'écho de
la volonté de conserver le bâtiment de la
discothèque qui offrait aux jeunes un établissement sans
alcool qu'ils appréciaient. Lors du transport sur place, le
rapporteur résuma cet avis: «Si l'on conservait ce
bâtiment, il constituerait un obstacle mineur dans le futur
parc dont le projet, dès l'origine, comportait en bordure du
quai un édifice de volumétrie approchante», soit une
salle de concerts à laquelle la Ville a renoncé depuis
lors, en raison des restrictions budgétaires qui lui sont
imposées. Lors de la discussion générale du 7 mars
1995, «l'ensemble de la commission semble admettre
l'opportunité de démolir à terme le bâtiment
occupé par Jackfil». Toutefois, le chef du
département des travaux publics et de l'énergie (DTPE)
s'engage à ne démolir le bâtiment que lorsque les
locataires auront déménagé puisque «le Conseil
d'Etat recherchera activement une solution alternative pour ce
dernier» (Mémorial du Grand Conseil, page 2133).Lors du
débat en séance plénière, le 28 avril 1995, une
nouvelle fois la question du parc public et de son ouverture sur le
quai de l'Arve est abordée par de nombreux intervenants, et
notamment par Mme Marlène Dupraz, rapporteur de minorité.
Elle souhaite clairement le maintien «notamment pour les plus
jeunes gens d'un endroit unique à Genève permettant
l'organisation de danses type «disco» sans alcool, lieu
qu'il sera très difficile de remplacer» (Mémorial du
Grand Conseil, pages 2149-2150).Le rapporteur de majorité fait
état d'une lettre du chef du DTPE, du20 avril 1995, confirmant
qu'après entretien entre M. Philippe Joye, chef du DTPE, et
Mme Jacqueline Burnand, conseillère administrative en charge
des travaux à la Ville de Genève, les deux interlocuteurs
sont convenus que: «le DTPE s'engage à reloger la
société Jackfil sur un autre site d'ici trois ans et de
procéder à la démolition du bâtiment dès
le départ de ladite société» (Mémorial du
Grand Conseil, page 2170).Dans son intervention finale, le chef du
DTPE rappelle la pesée d'intérêts, à savoir la
vue sur l'Arve, réclamée par les habitants et le maintien
d'un établissement pour jeunes souhaité par les usagers.
Il n'hésite pas à déclarer: «Si l'on pouvait
laisser à ce bâtiment son affectation et son utilisation
actuelles, j'en serais ravi.» Le chef du DTPE s'était
aussi engagé «à associer les habitants du quartier
à l'aménagement du parc, soit directement, soit par
l'organe qui les représente» (Mémorial du Grand
Conseil, page 2135).La pétition 1067 peut donc être
considérée comme ayant été largement
traitée par le Grand Conseil. Dans le même temps, la
commission des pétitions du Conseil municipal de la Ville de
Genève entreprenait le même examen, auditionnant
successivement les pétitionnaires le 3 avril 1995, le
département de l'aménagement, des constructions et de la
voirie de la Ville de Genève, le 24 avril 1995, puis le DTPE
le 29 mai 1995.DiscussionA l'évidence, la pétition 1067
pour la réalisation d'un parc public sur la parcelle de
l'ancien Palais des expositions a été résolue le 28
avril 1995 par le Grand Conseil quant au fond, à satisfaction
des pétitionnaires. Pour la forme, par suite sans doute d'un
manque de coordination, cela n'a pas été le cas.
D'où la nécessité formelle du présent
rapport.Le rapporteur en profite pour signaler que la pétition
1070 «Pour la sauvegarde de l'ancien Palais des
expositions» qui vise à sauvegarder en réalité
Jackfil est toujours à l'examen de la commission des travaux.
La même pétition a été renvoyée à la
Ville de Genève sous le titre «Non à la destruction
ou au déplacement d'une salle qui depuis 10 ans offre aux
mineurs une discothèque sans alcool le samedi soir», ce
qui a au moins le mérite de la clarté. Cette
pétition 74 a fait, comme la pétition 70, l'objet d'un
rapport au Conseil municipal de la Ville, débattu le 8
novembre 1995. Le Conseil municipal l'a classée,
considérant que l'affaire était du ressort du canton.
D'un point de vue formel toujours, il conviendrait que le Grand
Conseil délibère aussi sur cette pétition 1070 dont
les demandes sont exactement inverses de celles de la pétition
1067.ConclusionAu vu de ce qui précède, la commission,
à l'unanimité, vous propose le dépôt de cette
pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de
renseignement.N. B. Le récent incendie survenu dans les
bâtiments susmentionnés s'est arrêté à la
moquette d'entrée de Jackfil qui continue donc ses
activités.ANNEXEMises aux voix, les conclusions de la
commission des pétitions (dépôt de la pétition
sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont
adoptées.
Rapport de M. Bernard Lescaze (R)