République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 22 juin 1995 à 17h
53e législature - 2e année - 8e session - 29e séance
IU 100
M. Olivier Vodoz, président du Conseil d'Etat. Sous forme d'interpellation urgente, il y a quelques instants, M. le député Ecuyer a posé une question, me mettant en cause personnellement, et a interpellé le gouvernement à propos des cadeaux que ses membres recevraient en fin d'année.
Je répète ce que j'ai dit devant la télévision suisse alémanique. Il a été fait allusion à un voyage que j'ai effectué à mi-octobre 1988 - donc un peu plus d'un an avant mon entrée au Conseil d'Etat, le 6 décembre 1989 - qui m'a conduit pour quelques jours en Israël, à l'appel du «Keren Hayessod» et financé par cette organisation.
J'indique ici ce que j'ai confirmé à la presse, il y a quelques jours. En tant que président de la section suisse de la LICRA, j'ai été effectivement invité à passer un court séjour en Israël - c'était pour moi la première fois - à l'invitation de cette grande organisation juive mondiale, dont le but est d'assurer la venue en Israël des citoyens juifs persécutés dans d'autres pays. Une des énormes tâches du «Keren Hayessod», ces dernières années, fut la sortie des juifs d'URSS, comme le fut, par exemple, celle des Falashas d'Ethiopie ou des juifs d'Iraq. Cette organisation, qui a des bureaux un peu partout dans le monde, récolte des fonds, aux fins de financer la venue de ces personnes et leur installation en Israël, en leur permettant de trouver logement et travail.
Je fus donc invité par cette association à l'instar de mes prédécesseurs à la LICRA, personnalités remarquables qui sont engagées, comme moi, dans ce même type de combats et dont vous connaissez, tous, les noms. D'autres personnalités politiques et du monde journalistique ont également été invitées par cette organisation, les années précédentes.
Jusqu'au jour où la télévision suisse allemande m'a présenté, sur le coin d'une table de la salle des Pas-Perdus, la semaine dernière, une photocopie d'un relevé de comtes de 1989, j'ai ignoré les relations comptables pouvant exister entre M. Nissim Gaon et le «Keren Hayessod», lequel a un bureau à Genève, comme il en a dans d'autres villes de Suisse et un peu partout dans le monde. J'ai donc effectué un bref séjour en Israël, à mi-octobre 1988, que j'ai d'ailleurs prolongé à mes frais, avec ma famille et quelques amis, puisque c'étaient les vacances scolaires d'automne. Ce voyage fut, pour moi, très enrichissant.
Je tiens à dire ici, très clairement, qu'un certain nombre d'insinuations qui touchent à votre intégrité peuvent faire mal. Je tiens ici à l'affirmer : je ne suis pas sous influence. Ni mon éducation, ni mon éthique politique ne me permettent de penser ou d'agir, en fonction des présents qui pourraient m'être faits et ainsi me conduire à prendre des positions différentes, dans mes fonctions politiques, de celles allant dans le sens de l'intérêt général. Je vous rappelle que ce qui sépare l'animal de l'homme, c'est la conscience. Pour le gouvernement, il n'est pas question de se faire acheter ou d'être sous l'influence de qui que ce soit. Je n'ai, d'ailleurs, pas du tout l'impression, depuis cinq ans et demi que je suis au Conseil d'Etat, d'avoir trahi ce principe, et mes collègues pas davantage.
Je réponds encore à votre question sur les cadeaux que nous pourrions recevoir en fin d'année. Ceux qui sont sur ces bancs ou qui les ont quittés récemment après douze ans, voire davantage, le savent bien : il est vrai qu'en fin d'année nous recevons, de tous milieux, des bouteilles, du chocolat, des corbeilles de fruits, parfois à nos domiciles privés mais surtout dans nos départements. Il y a des habitudes qui font notamment que, dans mon département - mais je sais que cela se passe également dans d'autres départements - ces cadeaux sont distribués aux personnes travaillant au secrétariat ou alimentent la fête de Noël du département ou des services. Tout ce que nous recevons, dans le style agendas - il y en a parfois de qualité, même si on les a supprimés à l'Etat - et autres petits présents sont distribués dans les services.
Il semble que, de tout temps - j'ai découvert cela lorsque je suis arrivé au Conseil d'Etat - on reçoive des bouteilles, du chocolat et autres. Le plus généralement du monde, ces marchandises sont distribuées à l'intérieur des départements. En tout cas, c'est une pratique courante. Vous comprendrez, dès lors, que nous n'avons pas du tout l'impression d'être achetés.
Voilà ce que j'entendais répondre à votre interpellation, Monsieur Ecuyer. (Applaudissements.)
Cette interpellation urgente est close.