République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 4 mai 1995 à 17h
53e législature - 2e année - 6e session - 21e séance
I 1932
M. Bénédict Fontanet. Notre compagnie nationale - comme partiellement évoqué précédemment - ne cesse de crier sur tous les toits, sur tous les tons et dans toutes les gazettes - y compris dans la «Gazette Swissair» - qu'elle préserve et développe depuis longtemps le rôle de la Genève aéroportuaire et n'entend pas défavoriser Genève vis-à-vis de Zurich ! On peut avoir le sentiment cruel - en s'attachant aux faits et non pas aux simples et pures déclarations de bonnes intentions et de bonne volonté - que l'attitude de Swissair et son discours dans les médias ne sont qu'une volonté de façade que rien ne vient corroborer dans la réalité.
Tout à l'heure, Madame la présidente, Mesdames et Messieurs, on a rapidement évoqué la liquidation de la compagnie Balair CTA. Récemment, la presse a également fait allusion à la suppression de la maintenance des appareils de type Fokker, dans le cadre du rachat de Sabena par Swissair, comme M. Maitre vient de le mentionner. Maintenant, on parle de la suppression possible de lignes sur l'Afrique à partir de Genève et, même, on s'aperçoit que différents vols - je ne reviendrai pas sur le détail - ont été supprimés au départ de Genève.
De surcroît, Swissair a empêché la création d'une navette par une autre compagnie entre Genève et Zurich. C'est pourquoi, aujourd'hui, il est presque plus cher de faire le trajet Genève-Zurich en «business class», que de s'envoler pour New York en classe économique !
Enfin Swissair, en refusant à une compagnie du Golfe l'autorisation de faire escale à Genève avant de partir sur les Etats-Unis, a empêché de créer une nouvelle ligne au départ de Genève.
Mesdames et Messieurs, il semble qu'il y ait un gouffre entre le discours officiel de Swissair et la réalité tangible des faits, telle qu'elle se développe sous nos yeux. Certains peuvent légitimement avoir le sentiment que Swissair - compagnie nationale par excellence - devient en fait une compagnie zurichoise «pur jus» !
J'entends donc interpeller le Conseil d'Etat sur ce qu'il entend faire pour que Swissair clarifie sa politique et cesse de défavoriser l'aéroport de Genève-Cointrin au profit de celui de Zurich et, enfin, sur ce que le Conseil d'Etat compte faire pour promouvoir l'aéroport genevois, outil indispensable à la Genève économique et internationale.
M. Jean-Philippe Maitre, conseiller d'Etat. L'interpellation de M. Fontanet pose plus particulièrement les problèmes liés à la desserte par Swissair ou par le groupe Swissair en général.
Qu'il me soit permis de dire que Swissair représente près de 47% du trafic de l'aéroport international de Genève, il s'agit donc de notre premier partenaire.
Autant puis-je être critique en ce qui concerne certaines mesures de rationalisation engagées par Swissair, dont la conséquence pourrait être la perte de son image de marque et donc la diminution de sa capacité à séduire une clientèle acquise, autant ne puis-je pas rejoindre tout à fait votre point de vue, Monsieur Fontanet, en ce qui concerne la desserte ! En effet, des progrès assez importants ont été récemment réalisés, alors qu'auparavant nous constations effectivement des érosions de la desserte de Genève par Swissair.
Il y a deux ans, nous nous sommes réunis avec le conseiller fédéral M. Ogi, chargé du Département des transports, pour lui expliquer la situation de Genève et de la Suisse romande afin que, dans les attributions et dans le développement de dessertes, l'aéroport de Genève puisse systématiquement se placer à l'égal de l'aéroport de Zurich.
Le Conseil fédéral nous a donné un certain nombre d'assurances, sauf sur un point pour lequel nous n'avons pas obtenu satisfaction, car les intérêts de Swissair ont été jugés prépondérants : il s'agit de l'Atlantique Nord.
En effet, lorsque nous désirons travailler avec des compagnies aériennes étrangères, nous les invitons à envisager des liaisons triangulaires entre un pays ou une ville d'origine, Genève et un autre pays de destination. Ce dernier, lorsqu'il s'agit de l'Atlantique Nord - Etats-Unis et Canada - ne nous permet pas de bénéficier de droits de trafic - embarquement des passagers - au départ de Genève.
Swissair redoute fortement l'octroi de droits de trafic à des compagnies étrangères au départ de Genève en direction de l'Atlantique Nord. Elle craint que les compagnies asiatiques ne revendiquent à leur profit l'égalité de traitement et pratiquent à Genève des tarifs trop bas, faisant perdre à Swissair le marché de l'Atlantique Nord. Sur ce plan, nous n'avons pas obtenu satisfaction.
Néanmoins, nous avons obtenu satisfaction sur tous les autres points et, en particulier, sur des liaisons triangulaires. L'horaire d'été 1995 concrétise, notamment, une amélioration de la desserte extrêmement intéressante pour la Suisse romande. Il s'agit d'une liaison triangulaire - Vienne-Genève-Washington et retour - assurée par Austrian Airlines en pool avec Swissair et Delta Airlines.
Nous avons également obtenu satisfaction, Monsieur Fontanet, en ce qui concerne Gulf Air. Contrairement aux informations dont vous disposez, Gulf Air a obtenu le droit d'opérer entre le Golfe et Genève, la destination suivante étant Manchester. La décision doit tomber très prochainement.
La desserte européenne de Genève a été considérablement renforcée par le groupe Swissair grâce à de nouvelles connexions avec des villes d'Europe de l'Est et au renforcement des liaisons avec des villes du Nord.
En revanche, depuis la suppression d'une desserte de qualité entre Genève et Milan, un réseau d'apports nous manque, et nous continuons à nous battre.
En outre, une nouvelle liaison avec Osaka renforce - dès l'horaire d'hiver 1994 - la desserte de l'Extrême-Orient. De même, l'horaire d'été 1995 prévoit une connexion directe avec T'ai-pei, Singapour et Séoul.
Ces améliorations ont été réalisées grâce à la création, par notre aéroport et Swissair, d'un groupe de contact Swissair-Genève. Ce groupe nous permet d'organiser des séances régulières, concernant notamment l'amélioration de la desserte, le renforcement des horaires, etc. Elles durent, au minimum, deux jours par année. Dans l'intervalle, des travaux plus sectoriels sont prévus «en commission». Pour quelle durée ? Je l'ignore. Néanmoins, nous avons la volonté ferme de continuer à améliorer la desserte de Genève par Swissair. C'est pourquoi nous avons affiché clairement la couleur auprès de Swissair et de l'Office fédéral de l'aviation civile et travaillons avec des compagnies étrangères, lorsque Swissair n'assume pas certaines dessertes afin d'ouvrir d'autres marchés.
Certes, les évolutions des compagnies aériennes, ainsi que les rapprochements engagés - notamment l'accord signé aujourd'hui par Swissair avec Sabena - vont fournir de nouvelles données. Ce marché est difficile, et chaque mois apporte son lot de surprises. Sur la base d'un plan marketing de très bonne qualité, adopté par le conseil d'administration, nous avons renforcé l'équipe au sein de l'aéroport international de Genève. Par ailleurs, nous continuons à travailler au renforcement de la desserte.
Cette interpellation est close.