République et canton de Genève

Grand Conseil

M 995
8. Proposition de motion de Mme et MM. Elisabeth Reusse-Decrey, Roger Beer, Florian Barro et Pierre-François Unger concernant les cours d'éducation physique. ( )M995

LE GRAND CONSEIL,

considérant :

- l'importance de développer l'aspect de la santé sous l'angle de la prévention;

- la contribution de l'éducation physique, tout particulièrement chez les jeunes, à la prise de conscience corporelle ainsi qu'au développement du bien-être tant sur le plan physique, psychique que social;

- les ordonnances fédérales de 1972 et 1987 faisant obligation aux cantons de dispenser trois heures hebdomadaires d'enseignement d'éducation physique aux jeunes,

invite le Conseil d'Etat

à étudier l'introduction progressive dans les divers secteurs d'enseignement et de formation d'une troisième heure hebdomadaire destinée à l'éducation physique.

EXPOSÉ DES MOTIFS

L'ensemble des sociétés avancées nourrit des préoccupations importantes et légitimes face à l'augmentation continue et considérable des coûts de la santé. Or, la quasi-totalité des dépenses de santé est actuellement consacrée à des maladies déjà très avancées, parfois même dépassées.

C'est la raison pour laquelle les démocraties modernes se tournent de plus en plus, au niveau du discours tout du moins, vers la nécessité de développer des stratégies axées sur la prévention et la promotion de la santé. Genève a développé récemment des stratégies de prévention ciblées (lutte antitabac et antialcoolisme, dépistage précoce du cancer du sein, par exemple) ou plus générales (restaurants fourchette verte, bus santé 2000 par exemple). Le parlement a toujours soutenu très fermement ces actions par souci de prendre en compte, en amont, la préservation de la santé autant qu'il a consacré les moyens nécessaires au volet curatif du système de soins.

Par ailleurs, de nombreux travaux scientifiques récents ont clairement démontré que de bons indicateurs de santé dans une population étaient corrélés non pas tant avec la qualité du système de santé en lui-même qu'avec la qualité du système éducatif. A l'intérieur du système éducatif, il est naturellement de nombreux aspects différents qui ont leur importance pour explique cela: degré d'autonomie et de socialisation acquis, sens des responsabilités envers soi et envers les autres, culture générale concernant différents aspects de la santé, mais aussi développement harmonieux des connaissances et des activités physiques.

Enfin, le mode de vie actuel aussi bien des enfants que des adultes a évolué vers une sédentarisation. Celle-ci représente un facteur de risque bien identifié et bien connu de toute une variété de maladies en particulier cardio-vasculaires, mais aussi d'affections plus bénignes mais génératrices de coûts majeurs tels le mal de dos, responsable à lui seul de dépenses considérables.

L'éducation physique représente un des moyens de lutte contre le déficit de mouvement dans la vie quotidienne; elle constitue également un facteur important de l'hygiène de vie; elle permet enfin de participer à l'éducation morale et sociale de l'enfant en développant la psychomotricité, les facultés d'adaptation, l'observance des règles, la faculté d'intégration dans un groupe. Il s'agit là de l'éducation physique en tant que discipline scolaire, qui n'est que très partiellement comparable à la pratique d'un sport dans l'espace périscolaire, pratique en général volontaire et s'adressant à des enfants ou adolescents par définition motivés, en général déjà sportifs et souvent stimulés par l'esprit de compétition. Cette éducation physique au sens large pourrait également s'associer à d'autres types de cours tels des ateliers gestuels ou de théâtre.

Les motionnaires proposent d'instaurer une troisième heure hebdomadaire d'éducation physique, conformément d'ailleurs aux deux ordonnances fédérales concernant l'encouragement de la gymnastique et des sports de 1972 et 1987.

Il est évident que cette mesure n'est pas immédiatement applicable: les salles d'éducation physique ne sont pas encore en nombre tout à fait suffisant, et les modalités de l'introduction de cette troisième heure doivent être négociées entre professionnels de l'éducation. Au surplus, d'autres lieux peuvent être pris en compte, en plein air par exemple ou dans des structures sportives (piscines, etc.). Mais cette troisième heure pourrait également être mise à profit pour remplir deux rôles complémentaires:

1. notre parlement est actuellement saisi d'un projet de motion (M 974) du groupe radical concernant des cours d'éducation à la santé, idée qui mérite d'être approfondie en commission, quant à sa forme et quant au contenu que cette éducation entend proposer, en accord avec les professionnels concernés;

2. l'éducation des enfants et adolescents pourrait être complétée par une sensibilisation et une instruction dans le domaine des premiers secours. Les progrès dans le domaine de la prise en charge des urgences nous ont en effet révélé que la qualité de la prise en charge des premiers instants au cours d'une maladie aiguë ou d'un accident était déterminante non seulement pour la survie, mais aussi pour la qualité de vie et la durée d'hospitalisation lorsque celle-ci était nécessaire. Et ces premiers instants, il appartient le plus souvent aux non-professionnels de les assumer! Cette préoccupation n'est, à vrai dire, pas nouvelle, cet enseignement faisant déjà partie des programmes devant être assumés par les maîtres d'éducation physique, ceux de biologie et les infirmières du SSJ. Il se trouve malheureusement que cela n'est réalisé que de manière très irrégulière, tout particulièrement depuis la suppression des classes de neige pendant lesquelles cet enseignement était souvent dispensé.

Ainsi, Mesdames et Messieurs les députés, l'introduction d'une troisième heure d'éducation physique, conforme par ailleurs aux ordonnances fédérales de 1972 et 1987, paraît offrir l'occasion d'une approche très large de la promotion de la santé: contribution par l'éducation physique au bien-être physique, psychique et social, éducation à la santé, et enseignement des gestes de premiers secours. Au surplus, les discussions en cours tant au niveau des réformes projetés pour le cycle d'orientation que dans le cadre de la mise en application de la nouvelle ordonnance du règlement de maturité (ORM) offrent une occasion propice à l'intégration de cette troisième heure hebdomadaire d'éducation physique.

Voici les raisons qui, nous l'espérons, vous permettront d'accueillir favorablement cette proposition de motion.

Débat

Mme Elisabeth Reusse-Decrey (S). Vu le retard pris dans notre ordre du jour, je renonce à intervenir pour vous présenter cette motion et je demande qu'elle soit renvoyée en commission de l'enseignement, sans autre.

Mise aux voix, la proposition de renvoyer cette proposition de motion à la commission de l'enseignement et de l'éducation est adoptée.