République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 24 mars 1995 à 17h
53e législature - 2e année - 5e session - 13e séance
I 1927
M. Max Schneider (Ve). Mon interpellation concerne le bâtiment. Encore une fois, elle n'est pas normative, mais incitative !
L'application de l'ordonnance fédérale concernant la séparation des eaux usées et des eaux claires met de nombreux propriétaires de villas et d'immeubles en difficulté, vu les coûts de ces transformations. Ma demande d'interpellation au Conseil d'Etat est d'offrir à ces propriétaires le choix, soit de faire des travaux pour des anciens immeubles en creusant une deuxième tranchée pour avoir une évacuation des eaux claires, c'est-à-dire deux canalisations comme cela est demandé dans l'ordonnance fédérale, soit la possibilité d'accumuler de l'eau de pluie et de l'utiliser ensuite pour l'arrosage, pour le rinçage des W.-C. ou pour les machines à laver.
Nous avions déposé cette motion au mois d'avril 1989. Depuis lors, les fonctionnaires du département des travaux publics sillonnent le canton, demandant quartier par quartier à des propriétaires d'investir pour doubler leurs canalisations. Ces investissements peuvent varier entre 15 000 F et 40 000 F pour une maison, et se révèlent souvent anti-écologiques.
Je m'explique. Lors de pluies, ces canalisations emmènent directement les eaux claires dans les ruisseaux et provoquent des crues, qui détruisent une partie de la vie de ces ruisseaux. Je pense, par exemple, à la Seymaz, mais à bien d'autres encore qui subissent ce genre de problèmes. Cela est donc un élément négatif. D'autres éléments sont anti-écologiques dans le dédoublement des eaux usées, que je ne citerai pas maintenant, par souci de gagner du temps.
Par contre, la récupération de l'eau de pluie se pratique dans une grande partie des habitats du Bade-Wurtemberg. L'eau du lac de Constance est pompée pour alimenter Stuttgart, par exemple, où ce système y est généralisé. Il est de plus en plus appliqué en Suisse alémanique, avec succès.
C'est un exemple parfait démontrant qu'une mesure écologique est compétitive sur le plan financier, puisque ces systèmes peuvent être mis en place pour une somme variant entre 5 000 F et 10 000 F, ce qui est nettement moins cher.
Le résultat est positif également pour les Services industriels, puisque la consommation d'eau d'une maison équipée par ce système est diminuée de moitié. Cela peut même aller plus loin et un cas tout à fait concret l'illustre bien. En effet, une commune a osé innover dans ce domaine, je veux parler de la commune de Chêne-Bourg, qui a construit le pavillon de Haller. Depuis juin 1991, la récupération de l'eau de pluie a permis aux enfants qui occupent ce bâtiment d'économiser pratiquement toute la consommation d'eau de cette école, et ce en évitant le système de la double canalisation. L'autre jour, je suis allé relever les compteurs... (Une vague de commentaires jaillit comme un seul homme.)
Une voix. T'as eu des recettes ! Ah, ben bravo !
M. Max Schneider. (L'orateur continue imperturbable.) Cette école compte une cinquantaine d'enfants, et, depuis 1991, la consommation a été seulement de 1 m3 d'eau potable pour le rinçage des W.-C. et de 128 m3 d'eau de pluie. C'est un exemple concret d'une mesure écologique rentable prise par une commune. Je ne citerai pas l'école d'agriculture de Lullier, qui récupère l'eau de pluie sur une partie de ses toits pour l'arrosage de ses plantes. (Le vacarme est à son comble, et l'orateur a de la peine à s'exprimer.) Je ne veux pas prolonger ce discours, mais j'aimerais proposer au Conseil d'Etat, lors des prochaines séances d'information destinées aux propriétaires de villa qui doivent s'équiper d'une double canalisation pour les eaux usées...
M. Olivier Vaucher. On appelle ça une mise en séparatifs !
M. Max Schneider. Merci, Monsieur Vaucher !
Je suggère donc que l'on offre à ces propriétaires de villa ou d'immeuble la possibilité de récupérer l'eau de pluie à des fins diverses pour diminuer la consommation.
Je souligne encore une chose à l'intention de ceux qui font la lessive avec de l'eau potable. En utilisant l'eau de pluie avec un filtre on consomme quatre fois moins de lessive, puisqu'il n'est plus nécessaire de détruire les sels minéraux et autres contenus dans l'eau.
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Les mesures proposées par M. Schneider peuvent déjà être mises en application maintenant, mais je suggère, quant à moi, que cette interpellation soit traitée en même temps que la motion 973, lors de nos activités à la commission des travaux.
La présidente. Monsieur Schneider, désirez-vous répliquer ?
M. Max Schneider (Ve). Je suis très heureux de savoir que mon interpellation sera traitée en commission... (Exclamations réjouies.) ...mais cela n'arrangera pas les propriétaires, qui sont confrontés actuellement à des investissements qui ne me paraissent pas toujours justifiés. J'aimerais que les propriétaires tenus d'effectuer ces investissements sur les ordres du département des travaux publics puissent choisir la deuxième alternative. Monsieur Joye, je sais que vous êtes d'accord avec moi, alors ce serait bien que cette possibilité soit offerte dès aujourd'hui ! Cela évitera des coûts inutiles et permettra d'appliquer une solution «écolo» !
La présidente. Monsieur Schneider, on ne peut pas renvoyer une interpellation en commission. Acceptez-vous que des réponses vous soient données mais dans un cadre autre que celui de la procédure du Grand Conseil ?
M. Max Schneider. Je fais entièrement confiance à M. Joye, chère présidente !
Cette interpellation est close.